Ces décisions étaient attendues eu égard au dernier réquisitoire du chef de l'Etat. M.Mourad Medelci, ministre des Finances fraîchement installé, n'a pas perdu de temps pour effectuer plusieurs changements de direction dans le secteur financier. Le grand argentier du pays vient de mettre fin aux fonctions du directeur général du Trésor tout en sommant les conseils d'administration de quatre banques publiques de procéder au renouvellement de leurs P-DG. Sont concernés par ces changements, le CPA, la Badr, la Cnep-Banque et la BEA. C'est ainsi que M. Hadji Baba Ammi a été nommé à la tête de la direction générale du Trésor et M.Larbi Boumaâza à la direction générale du budget. Tandis que M. Meçabih, quitte la Cnep pour prendre la tête de la Badr en remplacement de M.Farouk Bouyacoub qui cède sa place à son directeur général-adjoint, M.Bessa. Le CPA aura pour P-DG, M.Djellab, qui occupait le poste de directeur général-adjoint chargé des engagements à la même banque. Ces changements étaient dans l'air et prévisibles eu égard au dernier réquisitoire du président de la République. Le chef de l'Etat reprochait à ces institutions financières le retard enregistré en matière de modernisation et de réforme. Néanmoins, ce qui a provoqué l'ire du premier magistrat du pays a trait au fait que ces banques avaient bloqué des sommes colossales en devises au moment où le pays avait besoin de relancer l'investissement. Dans son discours aux cadres de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika a mis le doigt sur de nombreuses insuffisances que traîne la machine économique nationale, notamment le secteur financier dont il déplore les grandes lenteurs dans la marche des réformes. Il est vrai que les réformes économiques ont tardé en Algérie et ont été entamées, pour l'essentiel, dans la douloureuse phase de l'ajustement structurel. Si les premiers fruits font état de bonnes avancées, il n'en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à faire. Parmi les points ayant freiné l'investissement, on peut citer la réforme bancaire qui reste à parachever. D'ailleurs une étude réalisée par Ecofinance fait ressortir que les banques algériennes sont loin de répondre aux normes internationales exigées par une économie de marché. Ils souffrent entre autres maux, de mauvaise gestion. La revue spécialisée rapporte, également, que l'opération d'assainissement et d'ajustement structurel des banques, a coûté à l'Etat 10 milliards de dollars. En outre, la gestion des portefeuilles demeure encore archaïque en plus du fait que, et en dépit de son indépendance, la banque reste soumise à plusieurs interventions externes. En somme, les projets de réforme bancaire ou ce qui est plus connu par les «réformes de 2e génération» n'ont apporté aucune amélioration ces dernières cinq années. Les banques algériennes sont ainsi considérées uniquement comme de simples guichets de dépôt de liquidités au lieu d'être un élément d'investissement. Chose qui a fait dire au chef de l'Etat que «l'Algérie dispose de 10 milliards de dollars qui attendent d'être judicieusement utilisés au profit du peuple algérien» et qui «dorment dans les banques à un taux d'intérêt de 0,75% au lieu de servir au soutien du crédit bancaire», relevant au passage l'absence d'intelligence dans l'application des réglementations en la matière. Il faut dire que les établissements financiers sont constamment remis en cause dans le processus de relance économique pour leur incapacité à suivre la tendance mondiale qui consiste en la célérité du traitement des dossiers de projets, aux facilitations des emprunts et à l´assouplissement des procédures d´usage. Dans ce sens, la réforme en question est perçue sous un aspect «moderne» du moment que les spéculations vont dans le sens d'une «modernisation dans tous ses aspects». Par ailleurs, le nouveau code de commerce a tenu à promouvoir l'utilisation des chèques comme moyen de paiement. Ainsi ces changements à la tête du secteur financier se veulent une manière d'apporter un rectificatif à la gestion des banques. De ce fait, il apparaît, pour qu'une entreprise ait sur le marché une véritable identité qui entre en résonance avec les besoins d'autres établissements, qu'elle doit avoir une vision claire du futur qui est un multiplicateur de valeur.