Le chef de l'Etat n'a pourtant pas caché son mécontentement du rythme du travail affiché par l'ensemble de son équipe. Le président de la République a fini par reconduire le staff gouvernemental avec un léger remaniement, prenant de court tous les observateurs de la scène politique qui s'attendaient à un changement de fond. Et pour cause, le chef de l'Etat donne l'impression, depuis une année, d'être mécontent du rythme de travail affiché par l'ensemble de son équipe gouvernementale. Un sentiment qu'il n'hésite pas à afficher publiquement dans ses périples à travers les wilayas du pays. Qu'est-ce qui motive cette reconduction? Que veut exactement le président de la République? Deux épineuses questions dont seul M.Abdelaziz Bouteflika détient les réponses. «On ne change pas une équipe...même si elle perd» Est-ce le nouveau slogan du président? Et si l'équipe n'est pas «perdante», pourquoi donc tout ce retard dans la mise en oeuvre des réformes? Première surprise, M.Mourad Medelci est «promu» ministre des Affaires étrangères. Une nomination inattendue qui intervient au moment où beaucoup ont misé sur le départ du grand argentier du pays dont «l'argumentation» dans le procès de la Banque El Khalifa n'a pas été très convaincante. Mais l'homme n'a pas aussi le profil de diplomate. Diplômé de l'université des sciences économiques, Medelci a chapeauté jusqu'ici des portefeuilles économiques, ministère du Commerce (1988-1989), puis (1999-2001), ministère délégué du Budget (1990-1991), ministère des Finances (2001-2001) (2007). A priori donc, rien ne prédestinait cet économiste aux Affaires étrangères. Et pourtant, le choix du président est tombé sur lui. Cette décision traduit-elle une volonté de réaménager la politique extérieure de l'Algérie? Une thèse très peut probable, sachant que depuis son investiture à la tête du pays, les dossiers internationaux les plus importants, sont gérés directement par le chef de l'Etat. Celui du Polisario est confié à M.Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines maintenu dans l'Exécutif. Medelci devra, vraisemblablement, se consacrer là aussi au chapitre économique. il ne faut pas perdre de vue, que ce dernier a réussi un grand défi, celui de mener à terme la reconversion de la dette algérienne. Son expérience sera plus qu'utile dans les négociations pour l'adhésion à l'OMC. M.Abdelhamid Temmar a pris lundi sa revanche. Critiqué aussi bien par la classe politique que par les opérateurs économiques, ce dernier voit sa position se conforter de plus en plus dans l'Exécutif. L'initiateur de la très controversée «stratégie industrielle» et le premier responsable de l'investissement en Algérie, un secteur qui ne brille pas par son expansion, est désormais ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Ce qui prend les allures d'un appui sans ambages au travail effectué par ce ministre. La mutation de M.Hachemi Djiar vers le ministère de la Jeunesse et des Sports, étonne à plus d'un titre. Ce dernier a su, depuis sa nomination au ministère de la Communication, briser le mur qui séparait la presse privée du pouvoir. Il a été l'initiateur de plusieurs tentatives de rapprochement entre les deux parties. Il a déterré le projet relatif au statut particulier du journaliste, autant de réalisations qui le classaient à coup sûr dans la liste des reconduits. Ce département est confié à M.Abderrachid Boukerzaza. Pas convaincant aussi le rendement de M.Mohamed Maghlaoui, le ministre des Transports, critiqué récemment par le chef de l'Etat à Chlef. Saïd Barkat, qui s'est trouvé incapable de gérer la crise de la pomme de terre, ou encore le problème du foncier agricole, est maintenu dans le secteur de l'Agriculture qui peine à réaliser sa mutation en dépit des milliards injectés à ce secteur dans le cadre du Pnda et du Pndr. Le ministre de l'Education nationale M.Boubekeur Benbouzid, résiste encore cette fois, au vent de la contestation qui souffle sur son secteur. Le plus «vieux ministre» au gouvernement aura l'occasion de rectifier les «erreurs de la réforme scolaire» qu'il a initiée, ou pour le paraphraser, «réformer une partie de la réforme.» Mais c'est la reconduction de M.Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité, qui est la plus «curieuse». Cité dans le scandale de la Banque Khalifa par les témoins, accusé vertement par des partis et des associations, de mauvaise gestion, et acculé par le rapport de M.Saïd Bouchaïr, le président de la commission politique de surveillance des élections législatives, le ministre de la Solidarité préserve son poste à la surprise de tout le monde.