Premiers pas hier à Paris du plus jeune président jamais élu en France, Emmanuel Macron, commémorant au côté du président sortant, François Hollande, le 8 mai 1945 Après sa large victoire saluée en Europe, le jeune centriste Emmanuel Macron a fait hier ses premiers pas de président élu, déjà tourné vers la bataille cruciale des élections législatives dans une France profondément divisée. Avant la passation de pouvoir prévue dimanche, le pro-européen qui est devenu à 39 ans le plus jeune président de la France et l'un des plus jeunes dirigeants du monde, a commémoré hier, au côté, du président socialiste sortant François Hollande la victoire du 8 mai 1945. M.Hollande qui achève un mandat de cinq ans marqué par une impopularité record, a dit ressentir «beaucoup d'émotion» à lui donner «la marche à suivre», en allusion au jeune mouvement «En marche!» qui a porté M.Macron au pouvoir. Elu avec 66,10% des voix, celui qui espère rassembler sous sa bannière les «progressistes républicains», a reconnu dimanche n'avoir pas reçu «un blanc-seing» des électeurs après un scrutin marqué par une abstention record et un score historique pour l'extrême droite (33,90%). Des chantiers majeurs attendent celui qui est entré en politique en 2012 après avoir été banquier d'affaires: endiguer un chômage endémique (10%), faire face à une forte menace terroriste et relancer une Europe affaiblie. Il prévoit de se rendre en priorité à Berlin, selon son entourage. Le patronat français a accueilli avec soulagement son élection mais l'attend sur ses capacités de réforme, notamment le droit du travail qui constitue au contraire une ligne rouge pour nombre de syndicats. M. Macron qui a fait campagne sur le thème du «renouvellement politique» dévoilera dans les prochains jours la composition du gouvernement, perçue comme les premières indications de sa volonté de rassemblement. Selon son entourage, un Premier ministre de droite n'est pas exclu. Si le nouveau président dit avoir déjà arrêté son choix, il lui reste un défi majeur: sceller une majorité claire aux élections législatives (11 et 18 juin) pour mettre en oeuvre son programme social libéral qui veut à la fois «libérer et protéger». Dimanche soir, à cinq semaines du premier tour, M.Macron a appelé les électeurs à lui donner «une majorité vraie, forte, de changement». Selon le politologue Stéphane Rozès, «c'est lui qui devra conduire la bataille des législatives, comme Napoléon dans les batailles serrées se mettait en première ligne». La presse française soulignait la difficulté de la tâche, avec un mouvement jeune, sans expérience et sans implantation locale. Le quotidien Libération analyse sa «victoire sous pression», où «la forte abstention, malgré la menace de l'extrême droite, montre une insatisfaction vis-à-vis du nouveau président». De fait, entre l'abstention record (25,44%) et un nombre historique de votes blancs et nuls (un peu plus de 4 millions), plus d'un Français sur trois a refusé le choix Macron/Le Pen. Dénigrée par les eurosceptiques, la victoire de ce pro-européen convaincu a été saluée par les dirigeants européens qui y voient un motif de soulagement face à la poussée des nationalistes. La chancelière Angela Merkel a jugé hier que le président élu porte les espoirs «de millions» de Français et d'Européens. Si le président américain Donald Trump lui a adressé ses félicitations, le Russe Vladimir Poutine l'a surtout exhorté à «surmonter la méfiance mutuelle» pour combattre le terrorisme. Battue sans appel, Marine Le Pen, 48 ans, qui a mené une campagne agressive contre l'immigration, l'euro, la mondialisation et l'Union européenne, s'est félicitée du résultat «historique» de son parti, cofondé par son père en 1972 sur des idées xénophobes. Celle qui s'est présentée comme «la candidate du peuple» misait sur la même vague qui a porté Donald Trump à la Maison-Blanche et conduit la Grande-Bretagne au Brexit. Dès l'annonce de sa défaite, elle a ouvert les hostilités en vue des législatives, en se présentant comme «la principale force d'opposition». Disqualifiés à l'issue du premier tour -une première dans l'histoire politique d'après-guerre-, les deux grands partis traditionnels de gauche (Parti socialiste) et de droite (Les Républicains) se réunissent à partir de demain pour surmonter leurs divisions et préparer leur revanche. Le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 19,58% des suffrages au premier tour, a aussi appelé les Français à se «fédérer» pour les législatives pour s'opposer au «nouveau monarque présidentiel».