En Tunisie, la naissance de la poterie modelée date des premiers âges de l'ère néolithique. Splendide et belle. Charmante et douce est cette Tunisie. Et ce qui accentue cette splendeur, c'est sa tradition artisanale qui remonte aux temps les plus anciens. Cette tradition demeure jusqu'à aujourd'hui la gardienne d'une culture bien enracinée. Une richesse puisée du contact avec les civilisations qui se sont succédé sur cette partie du plus vieux continent. Il y a eu ce contact avec l'Egypte des pharaons, la Grèce, les Perses... En fait, la Tunisie se raconte comme une histoire. Cette histoire n'est mieux transmise qu'à travers la poterie. Ceci apparaîtra si bien dans l'exposition qui se tient à l'hôtel El Aurassi dans le cadre de la semaine culturelle artisanale tunisienne à Alger. Plusieurs objets artisanaux réalisés sur la base d'argile ou de céramique y sont exposés. Des objets petits et minuscules, mais cela leur donne une dimension et un charme particuliers. Cependant, pour celui qui a l'intention de visiter cette exposition, il devra agrandir un peu plus son amour pour la poterie et aménager un espace pour ce que sa vue captera. Car il sera ébloui par une beauté, osons l'expression, sans égale. L'artisan a mis tout son imaginaire dans la création de ces véritables joyaux. On y découvre, entre autres, des cafetières fabriquées dans de la céramique. Ornés de couleurs variées, ces objets en disent long sur la pratique de cet art en Tunisie. Les dessins qu'ils portent transmettent une longue histoire. En effet, chaque poterie est porteuse de formes adaptées à sa fonction, chaque forme possède une valeur culturelle et répond à un besoin. Impressionnant et génial est ce travail d'argile qui a pris corps avec l'apparition de l'homme sur la terre. Cet art s'est en fait développé avec le temps. En Tunisie, la naissance de la poterie modelée date des premiers âges de l'ère néolithique. Et ce n'est qu'avec l'introduction des Phéniciens du tour du potier que la céramique s'est opérée. Prolongeant la tradition et s'inspirant des poteries importées des pays méditerranéens, les artisans puniques ont inventé de nouvelles formes comme les amphores à fond pointu adaptées au transport maritime, ainsi que les plats et les bols à vernis rouge ou noir. Toutefois, loin d'être un outil, la poterie, comme dans tous les pays qui cultivent cet art, ne peut pas être dissociée de la vie quotidienne de toute une société. Les symboles portés sur les objet faits dans la céramique ou dans l'argile sont tirés directement des faits culturels, comme les pratiques religieuses. L'oeil averti et connaisseur de la chose historique et architecturale pourra constater ce fait à travers les formes géométriques que contiennent ces objets. Plus tard, le travail de l'argile s'est étendu pour se répandre sur tout le territoire tunisien. «Traditionnellement, il existait deux types de poteries : une tournée par les hommes, et une autre modelée par les femmes, cette dernière se rencontrait uniquement en milieu rural, et elle était essentiellement utilitaire.» Actuellement, chaque région est caractérisée par un type de poterie et de céramique imprégné par les civilisations passées. On trouve le Guellala à Djerba, le Moknine au Sahel, le Néapolis à Nabeul, le Kallaline à Tunis. Tous ces genres ont subi l'influence des civilisations berbère, grecque, romaine, punique ou encore andalouse.