Cette année, 18 cinéastes ont été sélectionnés. Emir Kusturiça sera cette fois vraiment en... «voyage d'affaires», en tant que président d'un jury dont il se murmure qu'il a eu son mot à dire quant à sa composition. Le Festival dément comme il se doit cette insidieuse rumeur... De même qu'il se dit aussi que la révélation bosniaque, Danis Tanovic, célébrée à Cannes et même oscarisée à Hollywood avec «No Man's land» a été éloigné sur l'injonction «fraternelle» (entre ex-compatriotes, normal, non?)... Peut-être que Venise héritera de son film dans lequel ont défilé une pléiade d'actrices et d'acteurs de renom au service d'un scénario écrit par le défunt cinéaste polonais Kieslowski... Le président du jury aura, toutefois, fort à faire avec la déferlante asiatique (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Sri Lanka) qui semble être la caractéristique cardinale de ce 58e rendez-vous cannois ... L'Amérique du Sud et latine (Argentine, Mexique, Brésil), après une longue absence, marque de manière frappante leur retour. Du monde arabe, seul le Maroc, repêché en dernière minute, dans «Un certain Regard», sauve la mise... On ne récolte que ce que l'on a semé. Le Maroc a engagé une politique cinématographique, qui va faire de ce pays, un «nouvel Iran», dans le paysage cinématographique mondial. La recette? Une production multipliée par dix et un secteur public consolidé et dirigé par des spécialistes (et non des cinéastes), qui, à l'image de Nour Edine Saïl (actuel patron du Centre du cinéma marocain), allie avec beaucoup d'à propos l'art et l'industrie... La Tunisie annonce également son retour dans l'industrie cinématographique avec l'ouverture imminente de labos ultramodernes (d'ici la fin de l'année) sous la férule de Tarek ben Ammar. Boosté ou talonné (c'est selon), l'Iran a décidé, et c'est une première, d'avoir un stand national à Cannes, cette année, Après avoir laissé des années durant la place aux seuls producteurs privés... Plus, ce sont deux femmes qui gèrent tout cela !... A signaler aussi, qu'outre le doyen Sembène Ousmane qui donnera une leçon de cinéma (Catherine Deneuve a été aussi prévue pour ce périlleux exercice...) l'Afrique subsaharienne aura, quand même, Pierre Yaméogo, le Burkinabé, pour la représenter dans la section «Un Certain Regard». Pour la prochaine session, Inch'Allah, les cinéastes algériens seraient bien avisés ainsi que leurs producteurs de contacter la nouveauté 2005, «l'Atelier du festival», un programme destiné à lancer de jeunes cinéastes à faire aboutir leurs projets de film, en leur faisant rencontrer les professionnels du cinéma susceptibles de les aider à construire leurs oeuvres et de proposer des solutions et des moyens adaptés à chaque créateur pour accompagner son projet jusqu'à la phase de production. Cette année, 18 cinéastes ont été sélectionnées. Ils viennent d'Albanie, de France, de Belgique, du Tchad, de Palestine, du Gabon, du Kazakhstan, des USA etc. ... Ceci pour les films à venir... En attendant, les peintres et autres tapissiers s'affairent à dérouler le fameux tapis rouge, encore sous plastique, avant la fameuse montée des marches, ce soir, pour le film d'ouverture, «Lemming» de Dominik Moll (France) qui a été révélé à Cannes avec «Harry, un ami qui vous veut du bien» (2000), un second film venant avant «Intimité», son premier film qui avait à peine 10.000 spectateurs, en 1994 !... Outre le traditionnel beau linge de la première, les protagonistes féminines du film, les deux Charlotte, Rampiste et Gainsbourg, auront la lourde tâche d'ouvrir le bal qui se transformera, dès le lendemain, en stand de tir au pigeon... Mais ce soir la fête continue, avec la première fiesta qui s'annonce grandiose, sur les hauteurs de Cannes, un endroit qui se confond entre le Balcon de Saint-Raphaël et le mausolée de Sidi Fredj, ceci pour les repères algérois... en attendant les choses sérieuses qui commenceront avec la première projection matinale, à 8h30, jeudi matin. Mais demain, c'est un autre jour...