Il s'est déplacé en personne à Cannes pour serrer la main de l'auteur de Alyam, Alyam. Avant que les professionnels ne s'envolent de Cannes, tels des oiseaux reprenant leur envol migrateur en attendant de se retrouver dans d'autres forums, les responsables des festivals arabes se sont rencontrés de manière informelle afin de coordonner leur action pour éviter de s'ériger les uns contre les autres. Sur la Croisette, Abu Dhabi a été le dernier pays, en date, à annoncer son festival de cinéma. Avec beaucoup de tact, le chairman du festival de Dubaï a souhaité, lors de sa rencontre avec la presse, la bienvenue à son nouveau «concurrent» et ce, afin de «poursuivre la concertation déjà entamée et toujours entretenue avec Marrakech, Le Caire...». De l'autre côté, la Fédération panafricaine des cinéastes a été reçue par le patron du festival de Cannes, Gilles Jacob, qui a donné en son honneur une réception. Une autre cérémonie, à l'endroit de la presse, aura permis, à l'occasion du 60e festival de Cannes, de distinguer des journalistes, selon leur ancienneté sur la Croisette, El Watan a donc été honoré, en la personne de son critique, Azzedine Mabrouki. Bravo! Quant à la World Cinema Foundation, initiée par le créateur de Film Foundation, Martin Scorcese, et dont le but est de financer des films en voie de disparition, venus du monde entier, elle a, cette fois, dévolu son temps à la remise à neuf du film du Marocain Ahmed Al Maânouni Transes ou l'épopée du mythique groupe Nass el Ghiwane! Scorcese s'est déplacé en personne à Cannes pour serrer la main de l'auteur de Alyam, Alyam...C'est le fruit d'un travail de fond mené par Noureddine Saïl, patron du Centre de Cinéma et du Festival de Marrakech. La crédibilité et la compétence paient... Martin Scorcese est venu à Cannes pour diriger, aussi, la traditionnelle Master Class. Et là, la présence, à cette leçon de cinéma donnée par l'auteur de Taxi Driver, d'un jeune cinéaste algérien, Hassen Ferhani, auteur des Baies d'Alger augurerait peut-être, d'un changement dans le comportement de la majorité des gens du cinéma algérien, dont le manque d'assiduité (voire la désertion) dans les forums professionnels est devenu l'objet de blagues lassantes à la fin... Dans un tout autre registre, le Serbe Emir Kusturica, doublement palmé à Cannes, dans le passé, commence, lui aussi, à sérieusement lasser avec son cinéma de plus en plus le fait d'un auteur atteint de mégalomanie chronique -Promets-le moi- son dernier film a été hué. Mais, Kusturica, qui a créé un village bâti de toutes pièces et dont il est le maire autoproclamé ne semble pas entendre tout cela. Se mouvant dans une tenue militaire, il n'a pas l'air de se souvenir de Dolly Bell (son premier film) ni de sa première Palme d'Or, Papa est en voyage d'affaire. Heureusement que le festival a eu la bonne idée de programmer le bouleversant film japonais de Naomi Kawase, La Forêt de Mogari. Les personnages du film partagent un lourd secret: la perte d'un être cher. La réalisatrice nippone réussit à signifier d'excellente manière la profonde empathie qui lie l'aide-soignante qui l'escorte. Mogari désigne la période consacrée au deuil ou encore le lieu du deuil. L'étymologie de ce mot serait Mo Agari, la fin du deuil. Un jury audacieux donnerait au moins le Prix Spécial du Jury à ce film. Signalons, pour conclure et compléter ce qui a été dit dans une édition précédente, que Mehdi Charef, l'heureux auteur de Cartouches Gauloises, changera son fusil d'épaule pour passer au théâtre où il mettra en scène une pièce écrite par lui. Salem Brahimi, le producteur algérien, a sur ses tablettes une comédie franco-algérienne, «assez pétillante» et un thriller politique...