La mesure constituera une grande bouffée d'oxygène pour le Royaume chérifien. Désormais, on ne parle plus que de cela tout au long de la ligne frontalière du Nord qui sépare l'Algérie du Maroc. D'intenses préparatifs, entamés des deux côtés de la «barrière » depuis déjà trois jours, prêtent à penser que la réouverture des frontières entre les deux pays est imminente. Celle-ci, selon des estimations dignes de foi, aura assurément lieu avant la fin du mois. Elle pourrait même se faire, à voir l'effervescence qui règne sur place, dès la semaine prochaine. Du côté algérien, les régions situées sur la bande frontalière, comme Bab El-Assa, Boukanoun et Korci Marsa Ben M'hidi se préparent même activement en prévision de cet événement. Il en va de même, indiquent des témoignages, de l'autre côté de la frontière, notamment à Ben Derrar, H'ssir, Es-Saïdia, Sidi Boubekeur et Tousseul. Le dernier indice qui est venu confirmer une pareille lecture est intervenu à la suite de la visite de Sid Ali Lebib, directeur général des douanes algériennes, aux deux «check-point» algériens, Akid Lotfi et Boukanoune, aux fins de s'enquérir des besoins sur place. Il ne fait aucun doute, aux yeux des observateurs, que cette sortie, qui sera sans doute suivie par l'envoi de renforts en matériels et en hommes, répond à l'imminence de la réouverture des frontières entre les deux pays. C'est d'autant plus envisageable, estime-t-on, que le Maroc, lors des deux rencontres que son souverain avait eues avec le président Bouteflika en marge du sommet arabe d'Alger, aurait «souhaité» que les frontières entre les deux pays soient rouvertes. Rabat, en signe de bonne volonté, trahissant également sa faiblesse devant le retour en force de notre diplomatie sur le devant de la scène internationale, avait annulé, l'été passé la procédure de délivrance de visas pour les ressortissants algériens. Quelques jours plus tard, c'est le ministre de l'Intérieur marocain en personne qui a, lors d'une sortie publique très remarquée, évoqué la possibilité de l'ouverture des frontières entre les deux pays. Il était également question qu'Alger observât la réciprocité en annulant à son tour les visas concernant les visiteurs marocains. Or, notre pays, qui avait répondu à cette mesure que tout devait se faire dans la sérénité et sans précipitation aucune, n'a eu recours à cette réciprocité, somme toute incontournable, que plusieurs semaines après les deux sommets Bouteflika-Mohammed VI du mois de mars dernier. Alger et Rabat se sont adonnés à une véritable politique des petits pas dans le réchauffement de leurs relations. La précipitation marocaine, à vrai dire, se devine au fait que ce pays perd la bagatelle de plus d'un milliard de dollars chaque année à cause de la fermeture des frontières et de l'instauration des visas. Ce n'est pas tout. Rabat, qui fait face à une grave poussée de fièvre intégriste et violente, a un immense besoin des compétences et des moyens algériens afin d'en venir à bout, et de ne pas devenir le «laboratoire local» en lieu et place de notre pays, comme cela avait été le souhait du défunt Hassan II. C'est pourquoi donc, Rabat a fait encore un pas en avant, capital celui-là, consistant à accepter enfin que la question de la décolonisation du Sahara occidental soit traitée par les instances onusiennes habilitées au lieu de persister à vouloir impliquer l'Algérie dans une affaire qui ne la concerne en rien. Le signe définitif de cette normalisation en train de connaître une accélération plus que notable, concerne enfin la fixation de la date de la tenue du sommet de l'UMA. Cette institution avait été gelée depuis une dizaine d'années, quasi simultanément avec l'apparition du conflit algéro-marocain, à la suite de l'attentat commis au Maroc et pour lequel notre pays avait été accusé à tort, comme devait le démontrer l'enquête.