Les mesures prises contre les immigrés clandestins s´avèrent de plus en plus restrictives. Les 26 immigrants algériens, en grève de la faim à Mélila, pour réclamer la régularisation de leur situation, seront bientôt expulsés. Ces ressortissants algériens, vivant dans l´illégalité sur le sol espagnol, ont été interpellés jeudi dernier par la police. Ils sont au total une centaine d´Algériens ayant recouru à ce moyen pour réclamer la régularisation de leur situation en Espagne et protester contre ce qu´ils estiment être un traitement discriminatoire par rapport à des immigrants originaires d´autres pays. Ces immigrants font partie des 700.000 ressortissants étrangers ayant bénéficié de la régularisation. Et c´est le même jour de l´annonce de cette mesure, que le gouvernement français durcit le ton en direction des ressortissants étrangers en situation irrégulière. Les mesures prises contre les immigrés clandestins s´avèrent de plus en plus restrictives. Celles annoncées par le ministre français de l´Intérieur, Dominique de Villepin, attestent, plus que jamais, de la véritable opération "coup-de-poing" que les autorités françaises s´apprêtent à asséner aux «sans-papiers» Ainsi, le plan de lutte contre l´immigration irrégulière, présenté mercredi dernier en conseil des ministres par de Villepin, prévoit plus de 20.000 reconduites aux frontières en 2005. Actuellement, on estime de 200.000 à 400.000 le nombre de clandestins vivant sur le territoire français. Le ministre français de l´Intérieur a catégoriquement exclu tout plan de régularisation. "C´est hors de question! Les deux régularisations massives de 1981 et de 1997 se sont soldées par des échecs. A chaque fois, cela a créé un appel d´air et produit de nouvelles arrivées", a indiqué Dominique de Villepin. L'argument brandi par ce dernier, pour justifier son plan, est que l´immigration régulière en France, soit environ 217.000 personnes par an, répond aux besoins du marché français de l'emploi. Le plan de lutte mis sur pied par ce dernier, et qui sera opérationnel dans les prochains jours, porte, notamment sur le renforcement des contrôles aux frontières, sur les visas de court séjour, l´éloignement des étrangers (faciliter l´obtention des laissez-passer consulaires), et une meilleure gestion de l´accueil des demandeurs d´asile. Par ailleurs, les ministres de l´Intérieur du G5 européen (Allemagne, France, Italie Espagne et Grande-Bretagne) ont envisagé jeudi de créer une «force de police européenne d´intervention aux frontières» pour lutter notamment contre l'immigration clandestine. Selon l´Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), la France comptait 3,3 millions d´étrangers en 1999, soit 5,6% de la population. La majorité de ces populations étrangères sont issues des pays du Maghreb, notamment l´Algérie. Donc, les immigrés clandestins issus de cette région sont les plus menacés par ces mesures draconiennes. Déjà, en 2003, pas moins de 15.000 ressortissants étrangers en situation irrégulière ont été expulsés du sol français. Pour rappel, les pays européens avaient déjà proposé d´ouvrir des camps de transit en Afrique du Nord pour accueillir les immigrés clandestins. Cependant, cette idée a essuyé un niet catégorique de la part d´Alger. "L´Algérie ne pourra pas accepter d´avoir sur le territoire d´un pays du Maghreb un camp où seront parqués les immigrants clandestins, en attendant que leurs dossiers soient régularisés dans un pays européen", a déclaré l´ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Belkhadem, au mois d´octobre dernier en marge de la journée des Nations unies. Paradoxalement, c´est au moment où l´Algérie insiste, dans le cadre de la signature de l´accord d´association avec l´Union européenne, sur la régularisation de la circulation des personnes et l´allégement de l´octroi des visas pour l´espace Schengen, que Dominique de Villepin annonce son plan de lutte contre l´immigration clandestine. Les ministres de l´Intérieur du G5 (Allemagne, Espagne, France, Italie et Grande-Bretagne), réunis, jeudi dernier dans la capitale française, en session extraordinaire, ont convenu de renforcer les contrôles sur les frontières extérieures et intérieures de l´espace européen. «Nous voulons les aider (les pays du Maghreb, Ndlr) pour le contrôle de leurs propres frontières. Dans ce but, nous allons proposer aux cinq pays du Maghreb la tenue prochaine d´une réunion avec le G5», préconise Dominique de Villepin.