Il n'a pas hésité à faire le procès des dirigeants maghrébins en général, accusés de «faillite». Sous le thème générique «Bandung, 50 ans après, espérance et illusions» Hocine Aït Ahmed, président du FFS, a animé une conférence-débat à l'université Paris VIII (Saint Denis). Ainsi, après avoir survolé cette importante escale des pays dits «non-alignés», le leader du vieux parti de l'opposition s'est prêté aux questions des intervenants sur l'actualité nationale. En effet, fidèle à ses positions, Aït Ahmed n'a pas hésité à faire le procès des dirigeants maghrébins en général, accusés de «faillite». A ce titre, il estime que si le Maghreb n'a pas de relations privilégiées avec l'Union européenne en dépit de la proximité et du rapprochement naturels «c'est à cause de la déficience des régimes en place. Pour lui, l'Union européenne n'a pas d'interlocuteurs crédibles sur la rive sud de la Méditerranée». Ceci dit, il n'absout pas l'Union européenne de ses manquements envers les peuples nord africains. «Lorsqu'une élection est truquée au Zimbabwe ou au Togo, la Commission européenne n'hésite pas à monter sur ses grands chevaux, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit de simulacre de scrutin au Maghreb». Dans ce sens, il s'interroge sur les raisons de cette omerta qui sonne comme une caution avec des régimes de la région. Dans la foulée il n'a pas omis de rendre hommage à l'Union des étudiants français qui a été la première à prendre langue avec l'Union générale des étudiants algériens (Ugema). Abordant les sujets qui fâchent, Aït Ahmed a regretté que le Palais Bourbon (parlement) ait récemment fait l'éloge du passé colonialiste de la France, qualifiant cela de néo-révisionnisme et de négationnisme. S'agissant de la polémique entre Alger et Paris après les déclarations du président Bouteflika, assimilant les massacres du 8 mai 1945 aux crimes nazis, le responsable du vieux parti de l'opposition trouve que ce n'est là qu'une tempête dans un verre d'eau car «les intérêts entre les deux pays sont si gros que de simples récriminations de palais ne peuvent perturber.» Le clou de la conférence s'est situé au chapitre lié aux archs. Là, les passions se déchaînent. C'est dire qu'Aït Ahmed traite toujours le mouvement citoyen de Kabylie de «création des services» à la solde du pouvoir et ce avec la finalité de briser toutes les forces vives de la région. Le chef historique du FFS soulignera que «des mercenaires habillés en citoyens se sont arrogés le droit de représenter une région qui les rejette», écorchant à vif notamment Belaïd Abrika. Pour conclure, Aït Ahmed jugera que le salut de l'Algérie et des autres pays du Maghreb viendrait de la solidarité de l'Europe comme cela s'est fait avec l'Ukraine et l'ex-Yougoslavie.