Pour sa première sortie à l'international - depuis son investiture à la magistrature suprême des Etats-Unis - le président Donald Trump a choisi le Moyen-Orient. Tout un symbole! En effet, cette région outre d'être le siège de conflits multiples depuis plusieurs décennies - dont le plus symptomatique est encore le conflit israélo-palestinien - est aussi la terre des trois grandes religions monothéistes. Cette tournée devait le mener (il y est arrivé hier) en Arabie saoudite - d'où il prononcera aujourd'hui un discours sur l'islam devant un parterre de plus de 50 dirigeants musulmans, invités par le monarque saoudien, le roi Salmane - puis en Israël et en Palestine (territoires de Cisjordanie et Jérusalem-Est occupés). Cela avant de faire un saut au Vatican - où il rencontrera le pape François avant d'atterrir à Bruxelles où il assistera à l'Assemblée générale de l'Alliance atlantique (Otan). Le fait curieux de ce voyage moyen-oriental est que le président états-unien se propose d'y prononcer un discours sur l'islam. C'est un peu improbable d'entendre un président qui ne comprend rien aux musulmans s'adresser à eux pour leur parler de leur religion. En tout état de cause, c'est mal venu de la part de quelqu'un qui a mis un milliard et demi de musulmans au banc de la société humaine, faisant l'amalgame entre islam et terrorisme. Donald Trump a, ainsi, signé un décret (le 27 janvier 2017) pour la «protection de la nation contre l'entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis» interdisant aux ressortissants de sept pays musulmans (Libye, Iran, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen, et Irak, ce dernier retiré ensuite de la liste) d'entrer aux Etats-Unis. C'est ce personnage qui méjuge l'islam et les musulmans qui veut s'exprimer aujourd'hui devant les rois et chefs d'Etat et de gouvernement arabes et musulmans? De fait, il va sans doute rééditer la pantalonnade de son prédécesseur démocrate, Barack Obama. Le 4 juin 2009, depuis l'université du Caire Obama invita les musulmans à un «nouveau départ» (A new beginning), pour mieux, après, les poignarder dans le dos. M.Trump est sans doute sur cette même ligne qui s'aventure dans un domaine (la religion) que son business - l'immobilier - ne l'a pas préparé à appréhender. Comment un néophyte en politique d'une manière générale, en politique internationale, singulièrement, peut-il du jour au lendemain, se propulser - fut-il président des Etats-Unis - expert en doctrine des religions [outre l'islam, il prendra langue également avec le christianisme et le judaïsme] pour disserter sur l'islam qu'il ne doit connaître que par oui-dire? Mais gageons que ses illustres auditeurs seront attentifs à ce que dira le nouvel expert es-islam. Il pourra, ainsi, se permettre toutes les inepties, mais sera chaleureusement applaudi. En effet, s'il ne connaît rien à l'islam, Trump dirige, en revanche, la première puissance mondiale, et ce qu'il dit devient parole d'évangile. Soyons sérieux, si assurément le président états-unien voulait comprendre l'islam, comprendre ce qui se passe, dans cette région marquée par les tragédies, il lui aurait fallu se remettre dans le contexte qui est celui du monde d'aujourd'hui, quand les manipulations, les panachages douteux, les interférences et les instrumentalisations politiques, dont l'islam est victime, font fonction de haute stratégie. Le terrorisme «islamique» est, a été, à juste titre instrumentalisé par les Etats-Unis [la CIA a joué un grand rôle dans l'avènement du jihadisme islamiste]. Sur un autre plan et en rapport avec sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, un nouveau fait a surgi durant les dernières 72 heures. C'est ainsi, que les conseillers de Trump ont semé la confusion et la fureur en Israël quand ils assurèrent que le mur des Lamentations [haut lieu du judaïsme] se trouverait non pas en Israël, mais en territoire palestinien occupé. Quand on veut savoir, on peut. C'est là un début de sagesse, d'autant plus qu'Israël - par ses puissants lobbies aux Etats-Unis - n'a jamais permis aux dirigeants états-uniens de connaître la réalité au Moyen-Orient, qui devaient se suffire de ce que Israël affirme être la réalité. Peut-être qu'en terre palestinienne les écailles tomberaient des yeux du président états-unien et lui donneront à voir le déni dont sont victimes les Palestiniens. A ce prix là oui, le voyage de Donald Trump n'aura pas été inutile. Mais faut-il y croire? Attendons pour voir!