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Quand la raison du plus fort supplante le droit!
Publié dans L'Expression le 10 - 01 - 2017


La dernière réunion du Conseil de sécurité de l'année 2016 a dévoilé toute chose à propos du contentieux israélo-palestinien et éclairé d'une lumière crue les tenants et aboutissants d'un surplace voulu et provoqué. Ainsi, l'unanimité a été totale au Conseil de sécurité pour dire l'illégalité des colonies dans les territoires palestiniens occupés, exigeant d'arrêter «immédiatement et complètement» les implantations. Cela a été possible grâce à la rare décision de l'administration sortante de ne pas faire usage de son droit de veto. Cela a eu le mérite de clarifier la donne et faire découvrir qui sont ceux qui font obstacle, depuis 50 ans, à la paix au Moyen-Orient. Il fallut donc attendre 36 ans pour voir l'administration états-unienne s'abstenir dans une affaire concernant Israël. C'est déjà beaucoup, dès lors qu'elle souligne les complicités qui ont permis l'impunité d'Israël. Certes! Il convient cependant de relativiser la portée de la résolution 2334, du fait même qu'elle est symbolique. Tout simplement l'ONU ne s'est pas donné les moyens juridiques [vote sous le chapitre VII] pour la rendre obligatoire pour l'Etat hébreu. De fait, le Premier ministre israélien, Netanyahu, qui «rejeta» la résolution, selon lui «honteuse et anti-israélienne», assura qu'Israël «ne s'y conformera pas». Ce qui n'est pas une surprise, Israël ne s'étant jamais conformé aux résolutions de l'ONU à commencer par la résolution 181 II du 29 Novembre 1947, fondatrice de l'Etat hébreu. Dans cet ordre des choses aussi, le Congrès US a rejeté et condamné le 6 janvier dernier à une grande majorité (républicaine et démocrate) la résolution 2334 du Conseil de sécurité, votée le 23 décembre dernier. Ici, nous observons une intransigeance éhontée de la part des Etats-Unis et d'Israël qui prétendent imposer au monde [sur les 193 Etats membres, la Palestine est reconnue par plus de 170 d'entre eux, ce qui lui donne le droit de rejoindre l'ONU à tout moment] leurs vision et lecture du conflit moyen-oriental. Ainsi, l'ONU a été détournée de sa raison d'être: la défense du droit des peuples à la liberté et à l'indépendance, quand la loi du nombre est neutralisée par la puissance et la raison du plus fort. Ce que confirme mine de rien le président élu états-unien, Donald Trump, qui a peu apprécié le vote du Conseil de sécurité, ne ménageant pas ses critiques et promettant que «Les choses seront différentes après le 20 janvier à l'ONU». On est ainsi averti! Et Trump de préciser dans l'un de ses tweets, «l'administration (...) qui entrera en fonction le 20 janvier, travaillera «pour s'assurer que les Etats-Unis, qui contribuent à une grande partie du budget de l'ONU, demandent des réformes et des changements afin que notre argent public soit utilisé de manière efficace». Ce qui veut dire? décrypté, cela donne: celui qui paie est en droit de décider. Pour Trump, comme cela a été le cas pour les administrations US précédentes, y compris celle d'Obama, une ONU «efficace» est une ONU soumise au diktat de ceux qui contribuent financièrement. Dit autrement, Washington estime que sa contribution au financement de l'ONU lui ouvre le droit de décider de la politique onusienne même aux dépens de la Charte de l'ONU et du droit international. Ce que dit crûment Trump. Les Etats-Unis savent - ses chefs de la diplomatie n'ont cessé de le répéter en privé - que les colonies étaient un obstacle insurmontable pour la paix. Ce qui ne les a guère gênés pour opposer systématiquement leur veto aux résolutions de l'ONU sur les colonies. Le chef sortant de la diplomatie des Etats-Unis, John Kerry, a dit mercredi dernier publiquement, dans son discours d'adieux ce qu'il affirmait en privé ces dernières années: les colonies sont un obstacle à deux Etats [Israël et Palestine]. En fait, à l'érection d'un Etat palestinien. Ainsi, toutes ces années le «parrain» états-unien du processus de paix a fait dans le cinéma et dans l'illusion sachant que rien ne sortirait des négociation telles que voulues par l'entité sioniste. De fait, les administrations étatsuniennes appliquent les recommandations de Jimmy Carter, qui sont «de ne pas dicter les termes de la paix à Israël au Conseil de sécurité». A partir de là, Israël tout en prétendant vouloir «négocier directement» avec les Palestiniens, refuse toute conférence de paix internationale. Ainsi, Netanyahu a qualifié la conférence de Paris - qui s'ouvre le 15 janvier, prochain - «d'absurde» et de «stérile» s'en tenant à un parrainage états-unien qu'il sait improductif. C'est dans ce sens que la résolution 2334, redistribue les cartes et indique clairement qui sont les opposants à la paix au Moyen-Orient.

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