Israël montre et illustre au quotidien, son opposition à la paix. Tant par la répression, la colonisation que par son refus de se conformer au droit international et d'appliquer les résolutions de l'ONU. Fort du soutien et de l'impunité que lui assurent les Etats-Unis, l'Etat hébreu se place au-dessus des lois communes régissant le monde. Israël qui se sent des ailes, suite à l'arrivée à la Maison-Blanche d'un président explicitement pro-israélien, reprend de plus belle la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. En atteste l'annonce officielle, dimanche, de la construction de 566 logements à Jérusalem-Est occupée. Cela n'a été possible que du fait du positionnement du nouveau président états-unien sur la question des colonies et de la paix au Proche-Orient. De fait, selon un officiel israélien, «les règles du jeu ont changé avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. Nous n'avons plus les mains liées comme du temps de Barack Obama, désormais nous pouvons enfin construire (...) Ces 566 logements ne sont qu'un coup d'envoi. Nous avons des plans pour la construction de 11.000 logements qui attendent les autorisations». Dans ce sillage, existe également un projet de loi prévoyant l'annexion de la colonie israélienne de Maalé Adoumim, qui couperait la Cisjordanie occupée en deux. Est-ce cela l'engagement d'Israël pour la paix, rendant utopique l'existence même d'un Etat palestinien? Israël a encore été encouragé dans son irrédentisme, si cela se pouvait, par la nouvelle administration états-unienne qui, elle-même, semble faire fi du droit international. Le Conseil de sécurité de l'ONU et le monde entier estiment «illégales» les colonies dans les territoires palestiniens occupés, et en exigent «l'arrêt immédiat», dans la résolution [2334] du 23 décembre dernier votée à l'unanimité moins les Etats-Unis qui se sont abstenus. Le monde entier est désormais d'accord - y compris l'administration démocrate sortante - sur le fait que les colonies constituent un obstacle insurmontable sur le chemin de la paix. Or, les positions pro-israéliennes prises par la nouvelle administration républicaine bouleversent la donne proche-orientale et remettent en cause des décennies d'un travail laborieux pour faire avancer la paix dans cette région. De fait, en nommant, David Friedman - un partisan acharné de la colonisation - ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Donald Trump annonce la couleur. Friedman, partisan de la colonisation est connu comme l'un des financiers des colonies dans les territoires occupés. Ses premiers propos après sa désignation en Israël ont été de dire qu'il a «hâte» de travailler [pour la paix au Proche-Orient] «depuis l'ambassade américaine dans la capitale éternelle d'Israël, Jérusalem». Se déclarant en outre «opposé» à la solution à deux Etats [Israël et Palestine], Friedman a assuré en février de l'année dernière qu'«il n'y a jamais eu de solution à deux Etats, juste une narration à deux Etats». D'ailleurs, la nomination de David Friedman à l'ambassade des Etats-Unis en Israël a fait écrire à l'éditorialiste du journal de gauche israélien Haaretz: «Des positions [de Friedman] très à droite qui «font passer Benyamin Netanyahu», l'actuel Premier ministre, l'un des plus conservateurs de l'histoire d'Israël, «pour un gauchiste». C'est dire que Trump semble avoir mis en place une bombe à retardement au Proche-Orient. Pour ce qui est du transfert de l'ambassade états-unienne à Jérusalem, il existe bien un vote du Congrès (en 1995) qui préconise ce transfert, mais énonce également que ce transfert peut être reporté pour «raison de sécurité».Ce que tous les présidents US ont fait jusqu'ici. Trump ira-t-il à l'encontre d'une position officielle qui est celle de son pays? Ainsi, Donald Trump joue avec le feu dans un contentieux dont il ne semble pas mesurer les fondements et la complexité. Dès lors, Israël met à profit cette donne pour réactiver les constructions de logements en territoires palestiniens occupés. Une certitude toutefois: si Friedman est confirmé par le Sénat, comme ambassadeur en Israël, si Trump poursuit sur cette voie sa politique moyen-orientale, ils mettront définitivement fin au parrainage par les Etats-Unis du processus de paix. De fait, les Etats-Unis se feront hara-kiri, car ne pouvant être juge et partie. Ils ont toujours soutenu Israël, certes, mais jamais en devenant partie du contentieux de façon aussi manifeste. Que veut Trump qui donne à Israël le feu vert pour l'enterrement du processus de paix?