La contractualisation, la politique des médicaments, la carte à puce, la modernisation de la caisse, sont les principaux volets de cette réforme. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M.Tayeb Louh, a affirmé jeudi que le vent des réformes qui souffle sur le secteur de la sécurité sociale n'est pas conjoncturel. «Nous sommes déterminés à remettre ce secteur sur les rails, en mettant fin aux dysfonctionnements liés à la gestion et l'organisation actuelles», a-t-il déclaré à l'ouverture de la journée sur le fonctionnement et le programme d'activité de la Cnas, organisée ce week-end, à l'hôtel El Ryad. Le ministre a choisi «d'être franc» avec l'assistance, composée essentiellement de directeurs d'agences au niveau des 48 wilayas, en insistant dans son intervention sur les aspects négatifs. «Il ressort clairement que la situation de la caisse ne peut être prolongée sans mettre en péril son devenir», lance-t-il. «La fraude, la non-application des textes de lois, la bureaucratie», sont autant de lacunes , qui font barrage à la modernisation de la Cnas, laquelle constitue la principale caisse de sécurité sociale. Les défaillances au sein des agences de la Cnas ont atteint leur paroxysme. «La justice a démontré que des dossiers retirés des archives des agences ont été utilisés d'une manière frauduleuse, et c'est l'une des raisons ayant amené à l'augmentation vertigineuse de la facture des médicaments qui est passée de 33,3 milliards de dinars en 2003 à 40 milliards en 2004.» Durant cette journée d'étude, un plan de redressement de l'agence a été proposé par M.Ahmed Derdour, directeur de l'inspection générale. Il est proposé dans ce sens, de mettre en oeuvre les mesures graduelles aux fins de rétablir la caisse dans son fonctionnement normal, suivant trois étapes. La première préconise des mesures immédiates applicables avant le 30 juin 2005, à travers le rétablissement de la discipline et de la transparence, la promotion de la communication interstructure. Par ailleurs, un plan d'action pour 2005 a été élaboré. Il est dédié exclusivement à la gestion et la finalisation de quatre grands dossiers lesquels constituent la véritable feuille de route de la direction générale de la Cnas pour le court terme. Il s'agit de la politique du médicament à travers la généralisation du médicament générique. La contractualisation qui sera prête pour le début de l'année 2006, la carte à puce, l'uniformisation des procédures de recouvrement, des prestations et du contrôle médical, sont les autres composante de ce plan, qui révèle aussi l'intention des autorités de mettre en place une stratégie favorisant les soins en Algérie par la venue d'équipes d'étrangers spécialistes, ainsi que la diversification des conventions de placement de malades à l'étranger en prospectant d'autres sites d'accueil, comme la Belgique et l'Italie. Enfin, sur le long terme, le ministère va axer ses efforts sur le lancement d'une réflexion sur la réforme du dispositif organisationnel global, «basé sur la rupture avec le dispositif actuel qui a été élaboré à l'aune de l'évolution de l'environnement». Une réflexion sérieuse est lancée par les autorités concernées afin de réviser le dispositif du tiers payant, a laissé entendre Mme Bougrine, directrice des prestations. Dans son bilan, cette dernière a précisé qu'il est incontestable que la mise en oeuvre de ce système ait généré des aspects positifs, citant l'amélioration de la prise en charge des assurés, puisqu'il permet un accès facile aux médicaments pour les catégories vulnérables d'assurés. Toutefois, ce système a engendré «un certain nombre de problèmes», notamment l'augmentation des dépenses en produits pharmaceutiques, la présence de prescriptions abusives (ordonnances répétitives) et l'existence de certains contentieux avec des pharmaciens (ordonnances non conformes, facturation de médicaments ne figurant pas sur la liste des médicaments remboursables). Dans le but de rendre le système du tiers payant plus performant, il est proposé de revoir les catégories d'assurés pouvant bénéficier du système du tiers payant en le réservant aux personnes les plus nécessiteuses (malades chroniques, titulaires de pensions dont le montant est inférieur au Snmg, titulaires de pensions de réversion), de limiter le remboursement au taux de 100% au traitement de l'affection chronique, d'envisager le conventionnement avec les médecins prescripteurs auxquels il pourrait être ainsi demandé de dispenser et de prescrire les soins les mieux adaptés au traitement des malades mais aussi les plus économiques. L'on note que le nombre d'officines conventionnées est passé de 2.773 en 2002 à 4900 en 2004. Par ailleurs, le nombre de titulaires de cartes a augmenté de 28,33% durant la même période atteignant les 1,1 million de bénéficiaires. Les dépenses en produits pharmaceutiques réglées dans le cadre du tiers payant se sont élevées à 18 milliards de DA en 2004 contre 6,5 milliards en 2002. Pour faire le bilan et l'évaluation des mesures préconisées dans le secteur, une conférence nationale sera organisée début septembre.