Lorsque les différentes chaînes qui composent le bouquet Entv diffusait jusqu'à cinq matchs de football du championnat Ligue 1 Mobilis par semaine, les adeptes de la balle ronde étaient satisfaits, mais ils étaient loin de se douter que cela répondait à une politique d'austérité en raison des restrictions budgétaires imposées par la crise économique et financière. Lorsque les différentes chaînes de l'Entv diffusent à longueur de journée les mêmes documentaires sur les régions du pays et sur les grandes villes algériennes, il fallait être perspicace pour se rendre compte que quelque chose a changé dans la grille des programmes de l'Entv. Il arrive aussi au téléspectateur de suivre un épisode de «Djamai Family» vieux de trois ans minimum, bien que ce soit un régal que de revoir cette série de qualité. S'il faut alors mentionner le nombre de fois où les films algériens sont diffusés par les différentes chaînes, le tour est joué. «Une famille comme les autres», «Deux femmes» de Amar Tribèche avec l'inénarrable Athmane Ariouet, ainsi que les films «La bataille d'Alger» de Gillo Pontecorvo et «Hassen Niya» avec l'humoriste algérien le plus célèbre, sont les films les plus populaires et les plus montrés par l'Entv. Une grille des programmes se remplit comme on peut, bien que là sincèrement, la part du bricolage et du rafistolage est importante. Cette année, le DG de la Télévision algérienne n'est pas venu faire l'annonce du programme spécial Ramadhan, ni faire par ailleurs sa promotion, se limitant à citer quelques feuilletons locomotives et une ou deux émissions. C'est un peu le profil bas qui semble être la règle, en cette période d'austérité appliquée à l'Entv. «Pour la deuxième année consécutive, le budget consacré à la production des programmes, aussi bien en interne qu'en externe, a été réduit d'environ 10%, alors que les achats de programmes étrangers ont continué à être gelés et réduits à zéro», a annoncé, lundi dernier, Tewfik Khelladi, directeur général de l'Entv. Pour les inconditionnels des chaînes de la Télévision algérienne, cela fait longtemps qu'ils n'ont pas vu de film, de documentaire ou un spectacle étranger, pour la simple raison que l'Entv n'achète plus de programme étranger. Il est difficile de croire qu'un bouquet télévisuel composé de quatre chaînes puisse fonctionner sans l'apport des programmes étrangers. Là encore, l'Entv réalise un exploit qui mérite d'être mentionné quoique dicté par la conjoncture. Bien, mais la mission des responsables de la Télévision algérienne est de proposer un programme divertissant et varié qui réponde aux goûts d'une grande partie des téléspectateurs. A ce niveau, on peut parler de défaillance parce qu'une gestion d'une institution étatique d'une telle envergure ne peut se mesurer qu'en termes de performances budgétaires. Habituellement, le paquet est mis sur la production audiovisuelle une année avant pour bien préparer la grille des programmes du mois de Ramadhan où tous les Algériens se mettent en mode Entv pour passer en famille des soirées devant la télévision. Les téléspectateurs ont le loisir de découvrir de nouveaux réalisateurs, de nouvelles têtes de comédiens et de comédiennes et d'admirer les performances des plus anciens, Biyouna, Mohamed Adjaïmi, Salah Agrout pour ne citer que ceux-là. Cette décision de restrictions budgétaires répond évidemment à des impératifs de gestion, mais le téléspectateur veut voir e des films, des émissions de variétés, des sketchs, des feuilletons et cela ne le dérange pas du tout qu'ils soient algériens, bien au contraire!