La Mauritanie et le Maroc ont donné leur accord de principe pour assister au prochain Sommet de l'Union du Maghreb arabe. Donc, sauf imprévu de dernière minute, l'UMA pourra réussir son décollage après plus de 11 ans de tergiversations qui ont fait perdre un temps fou aux peuples de la région. En effet, le «coup de tête» du défunt roi Hassan II qui a décidé de geler les structures de l'Union, a valu au Maghreb une période de flottement qui a donné lieu à des tiraillements improductifs entre les 5 nations de la région. Plus grave, une sorte de concurrence stérile s'est installée, ce qui a permis à l'Europe de renforcer considérablement sa position vis-à-vis d'un ensemble régional dispersé et «pas solidaire pour un sou». Les accords d'association signés séparément avec les trois pays de la rive sud de la Méditerranée occidentale a donné à l'Union européenne d'imposer sa vision des choses en concédant des miettes aux pays du Maghreb. Il n'y a qu'à voir les clauses sur la circulation des marchandises qui a été totalement ouverte, au grand bénéfice de l'Europe, alors que la circulation des personnes est, elle, réduite à sa plus simple expression. Le grand retard dans l'édification de l'Union du Maghreb arabe a non seulement fait perdre un temps précieux à la région, mais elle a également poussé des milliers d'Algériens, Tunisiens et Marocains, à devenir de véritables «boat people», avec tout ce que cela génère comme incidences négatives sur l'image de marque des cinq pays du Maghreb. Cela, les dirigeants de la région le savent très bien. Et pourtant, jusqu'à très récemment, ils n'ont eu de cesse de se «chamailler» sur des points de détail, mettant ainsi un grand projet incontournable entre parenthèses. Même les Américains qui, traditionnellement, ne voient que leurs intérêts ont concocté un ambitieux plan en direction des pays du Maghreb. L'initiative Enseinstat qui date des années 90, proposait un investissement massif dans la région, pour peu que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc constituent un bloc économique homogène. Mais force est de constater que même les milliards de dollars promis par l'Oncle Sam n'ont pas convaincu les chefs d'Etat du Maghreb à taire leurs divergences, au grand malheur de leurs sociétés respectives. Aujourd'hui, avec l'acceptation du Maroc et de la Mauritanie de s'asseoir à la même table que l'Algérie et la Libye, l'on peut, peut-être, espérer voir l'UMA repartir du bon pied. Cela dit, la dynamique souhaitée par les dirigeants ne sera viable qu'à la condition d'une démocratisation réelle de tout l'espace maghrébin. Mais c'est là une autre affaire...