Les anciens de l'OAS ont eu un certain ascendant à un moment de l'histoire, est-il noté. Dans son dernier ouvrage publié chez Fayard, le politologue algérien Naoufel Brahimi El Mili dissèque les cinquante années de relations diplomatiques qui ont bâti les rapports tumultueux entre la France et l'Algérie. Le livre France Algérie, 50 ans d'histoires secrètes décortique la longue histoire qui émaille les relations entre les deux pays. Relations faites de passion et souvent nourries à la sève de la culture du secret. Un choix admis par les deux parties pendant plus de cinquante ans. Ce document est édité alors qu'une quarantaine de personnalités françaises ont appelé à faire «La vérité historique» sur l'«assassinat»de Maurice Audin, dans une lettre au président Emmanuel Macron à l'occasion des 60 ans de la mort à Alger du jeune mathématicien communiste. Cette lettre, datée de vendredi dernier et rendue publique samedi, est signée notamment par le sociologue Edgar Morin, les écrivains Mathias Enard et Jérôme Ferrari, l'ancien ministre Pierre Joxe, l'avocat Jean-Pierre Mignard, les historiens Gilles Manceron Benjamin Stora et le mathématicien Cédric Villani. Le livre apporte un nouvel éclairage, notamment sur les aspects peu connus propres à la coopération militaire en général et au monde du renseignement en particulier. Le travail de l'auteur ayant consisté à agencer des histoires «secrètes» pour construire le récit des relations franco-algériennes. Ces dernières sont certes agitées, parfois tumultueuses, mais l'entente entre Paris et Alger apparaît en arrière-plan alors que les discours officiels entre les deux capitales sont plus musclés. L'ouvrage n'omet pas d'évoquer avec insistance et moult détails la dimension triangulaire des relations franco-algériennes à travers le poids du Sahara occidental qui met Rabat au coeur des rapports entre Paris et Alger. Les relations sont en outre décortiquées au fil du passage des présidents successifs à l'Elysée. Les sujets de discorde entre les deux Etats étaient légion durant la période 1962-1992 indique le livre. Pétrole, main d'oeuvre algérienne en France... Incontestablement, c'est durant le règne de Giscard d'Estaing où les rapports entre Paris et Alger ont été les plus tumultueux, est-il noté, non sans citer un certain ascendant des anciens de l'OAS à cette époque. Toutefois le propos est nuancé et évoque un apaisement dans les relations, en révélant: Dès l'indépendance et surtout durant la période Boumediene-De Gaulle, une entente secrète s'est bien installée». Selon l'auteur, la «question algérienne» est devenue une affaire franco-française. Il en veut pour preuve la présence d'une forte communauté algérienne dans l'Hexagone. Et d'ajouter: «De nombreux candidats aux présidentielles françaises se sont rendus à Alger lors de leur campagne: François Hollande, Alain Juppé, Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron. Deux sur quatre sont devenus présidents de la République française, c'est pas mal. Sans oublier l'apparition des drapeaux algériens lors d'importants politiques français: victoire de Jacques Chirac en 2002 et de François Hollande en 2012, par exemple. Du côté algérien la 'question française'' n'est pas moins problématique. Je cite en conclusion de mon livre le chiffre de 5000 hauts fonctionnaires algériens qui détiennent la nationalité française», conclut-il.