L'élection à la présidence de la République française d'Emmanuel Macron, celui qui a reconnu que la colonisation a constitué un crime contre l'humanité est à présent considéré par son homologue algérien, un " ami de l'Algérie " qui ose ouvrir une nouvelle ère. Une ère plus que jamais nécessaire. Sur ce sujet, un récent article du quotidien français Le Monde : " Les relations entre les deux pays patinent. Le nouveau président français saura-t-il tisser avec l'Algérie l'équivalent d'une relation franco-allemande ? En reconnaissant que la colonisation a constitué un crime contre l'humanité, le nouveau président français a tourné une page importante de l'histoire. A 39 ans, il incarne une génération pragmatique qui veut surmonter le passé et bâtir un partenariat mutuellement avantageux entre les deux pays. Rénové, approfondi, ce partenariat pourrait prendre pour modèle la relation qui s'est construite au lendemain de la guerre entre la France et l'Allemagne. Le couple franco-algérien pourrait être à l'espace euro-méditerranéen ce que le couple franco-allemand est à l'Union européenne, un moteur indispensable ". L'article poursuit : " L'Algérie offre de nombreuses opportunités pour la France. Ce pays, le plus grand d'Afrique, doté de ressources minières conséquences et d'importantes réserves en hydrocarbures, a décidé d'investir dans un programme d'énergie renouvelables, avec un objectif ambitieux de 4 gigawatts à l'horizon 2020. L'Algérie est aussi le troisième pays le plus francophone du monde, avec une population jeune et éduquée, avide d'ouverture, créative, entreprenante. Nolens volens, face à la baisse des recettes d'hydrocarbures, le gouvernement s'est engagé dans un programme de diversification économique axé sur l'agriculture, l'industrie manufacturière et le tourisme, ainsi que sur l'économie numérique, qui bénéficie d'infrastructures de télécommunications parmi les plus performantes en Afrique (4G généralisée, fibre optique). OUI : Les relations franco-algériennes comme le souligne le journal Le Monde " patinent ". Le quinquennat de François Hollande ne s'est pas tenu à une conception globale de la coopération. Et pourtant, c'est sans interruption que contacts multiformes, discussions à plusieurs niveaux et négociations suivies ont été menées ces cinq dernières années : outre les entretiens au sommet des deux présidents Bouteflika et Hollande, des centaines de visites ont été effectuées par de hautes personnalités françaises en Algérie et vice versa ! Bien sûr, des promesses n'ont cessé d'être faites à l'Algérie, des engagements d'être pris pour le règlement de diverses questions en suspens. Mais si Alger a manifesté à plusieurs reprises sa "bonne volonté" dans le domaine économique et commercial, rares ont été les cas où Paris lui a renvoyé l'ascenseur. S'il est vrai que certains projets communs ont connu un début de concrétisation, les grands problèmes sont en revanche restés pratiquement gelés. Bien plus grave, l'attitude française s'est nettement durcie dans certains domaines relevant des intérêts vitaux de l'Algérie, lesquels s'en sont trouvés gravement affectés. Ainsi en est-il de la politique de Hollande à l'égard du renforcement militaire et économique du Maroc, dont l'expansionnisme et l'hégémonisme n'ont nullement été découragés ; de l'évolution négative de Paris dans l'affaire du Sahara occidental notamment, le soutien de la France au Maroc dans son aventure à refuser par l'occupation le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et la violation des droits de l'homme dans ce territoire par le Makhzen. L'Elysée et Matignon ont été sur la même ligne de démarcation pour soutenir la colonisation marocaine du Sahara occidental. La France continue de fournir des armements au Makhzen. Elle lui a livré et installé, sur toute la longueur des " mûrs " érigés au Sahara occidental, des radars ultra-perfectionnés capables de couvrir une bonne partie du territoire algérien. Elle a contribué avec les Etats-Unis pour la mise en place de systèmes d'écoute sur le littoral marocain, dont certaines régions sont devenues des bases secrètes américaines et françaises sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Sans parler d'autres éléments du contentieux opposant les deux pays, relatifs au véritable sens de leur coopération. Aujourd'hui, avec la prise de fonction d'Emmanuel Macron à l'Elysée, les Algériens lui manifestent une bonne volonté et un respect intacts. Le possible, voire l'inéluctable rapprochement de la vision de Bouteflika et de Macron sur les futures relations entre les deux pays, est une bonne base pour réviser l'ensemble de la politique suivie par le sortant François Hollande, le Parti Socialiste en singulier à l'égard de l'Algérie. Pour de nombreux spécialistes des relations franco-algériennes, la " crise " entre les deux pays est essentiellement politique, même si sa dimension économique est la plus apparente, ou, en tout cas, davantage mise en relief par la partie française. Une stagnation et une situation que le nouveau locataire de l'Elysée Emmanuel est capable d'assainir d'abord sur le plan politique, le reste suivra. La preuve a été déjà fournie par la visite effectuée à Alger par le candidat-Macron, essentiellement politique et ensuite par le message de félicitations adressé par le président Abdelaziz Bouteflika à Emmanuel Macron élu président de la République française et dans lequel il a singulièrement souligné : " Vos anticipations et vos initiatives ont fait l'ample démonstration de votre claire détermination à travailler avec nous à compenser les occasions manquées dans les relations algéro-françaises par l'ouverture de nouveaux horizons porteurs de la promesse d'une mémoire résolument assumée dans sa vérité et son intégrité et d'une amitié véritablement arrivée à la maturité ainsi que d'intérêts avantageusement équilibrés, la communauté algérienne installée en France et les citoyens français présents en Algérie devant demeurer un ressort humain précieux à honorer et à préserver ". Nul doute qu'il y a amorce d'une compréhension entre les deux chefs d'Etat susceptible dans l'immédiat d'encourager le développement de rapports nouveaux entre les deux pays totalement dépourvus d'interférence de tel ou tel " lobby " extérieur ou extérieur, d'intervention de secteurs politiques ou économiques titillés par la nostalgie coloniale ou néo-coloniale, les pesanteurs d'une lourde démocratie ou encore les calculs d'une " stratégie " qui a tourné le dos à un véritable équilibre pour se voir dominer par le court terme, au détriment des intérêts réels des deux peuples. Dans ce sillage, l'Algérie attend du nouveau chef d'Etat français de corriger une série de maladresses et d'erreurs de son processeur commises dans les relations entre les deux pays, la détermination d'une saine politique extérieure de la France en tenant compte de la vie politique du Maghreb, du Monde arabe et de l'Afrique ; et penser que, somme toute, les correctifs nécessaires seraient apportés en fonction de relations globales que les deux chefs d'Etat pensent inscrire comme principe régissant les rapports entre l'Algérie et la France.