La remontée des prix a été de courte durée Le retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le climat a ravivé les craintes sur une recrudescence de la production américaine qui déséquilibrerait davantage le marché. Le bateau Opep est en plein naufrage. L'accord historique d'Alger conclu le 28 septembre en marge du 15ème Forum international de l'Energie qui a été sanctionné par une baisse de près de 1,8 million de barils par jour de la production des pays producteurs (Opep et non-Opep) le 10 décembre 2016 est plus que jamais fragilisé. L'annonce de sa reconduction jusqu'en mars 2018 n'a pas suffi à relancer la machine de la «remontada». Les réserves de pétrole brut aux Etats-Unis qui ont reculé de 6,4 millions de baril au cours de la semaine achevée le 26 mai et les stocks d'essence qui ont reflué de 2,9 millions de barils selon les chiffres publiés, jeudi, par le département américain de l'Energie (Doe) n'ont également pas produit l'effet espéré. Les cours de l'or noir qui évoluaient autour de 27 dollars à la mi-janvier 2016 ont bondi à plus de 58 dollars à Londres et au-dessus des 54 dollars à New York, le 3 janvier 2017. Ils vont probablement clôturer la semaine sous la barre des 50 dollars. Hier aux environs de 11h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 49,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, accusant une baisse de 1,42 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de juillet cédait 1,37 dollar pour se négocier à 46,99 dollars. L'étincelle n'a pas brillé trop longtemps. Que s'est-il donc passé pour que le baril déprime à nouveau? «La remontée des prix a été de courte durée car des craintes sur la production ont été ravivées, notamment par la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis des accords climatiques de Paris», ont expliqué les analystes de PVM. «En mettant les problématiques environnementales en veilleuse, les Etats-Unis soutiennent leur industrie des énergies fossiles, ce qui pourrait doper les extractions déjà florissantes de pétrole de schiste», ont-ils précisé alors que: «La récente décision de l'Opep de renouveler ses baisses de production a été traitée avec dédain, mais il y a de bonnes raisons de croire que leurs actions permettent graduellement de réduire les réserves mondiales, malgré les hausses de production des Etats-Unis», a estimé de son côté Josh Mahony, analyste chez IG. Le cartel n'a vraisemblablement plus la main sur un marché dominé par la surproduction du pétrole de schiste américain qui tend à annihiler tous les efforts des pays producteurs (Opep et hors Opep) qui ont pour objectif de rééquilibrer le marché et faire rebondir les prix. Il reste cependant une lueur d'espoir pour voir le marché éponger son surplus. L'Agence internationale de l'Energie, bras énergétique des pays de l'Ocde, a reconnu que le rééquilibrage du marché est en marche. «Les stocks mettent un certain temps à refléter l'offre plus faible alors que les volumes produits avant la mise en oeuvre des limitations de production par l'Opep et onze pays non-Opep continuent d'être absorbés par le marché», a affirmé l'AIE. Pour le moment on ne voit rien venir. L'Organisation des pays exportateurs et ses 11 alliés dont la Russie ont-ils épuisé leurs cartouches ou sortiront-ils l'artillerie lourde pour faire face à cette «guerre» qu'a décidé de leur livrer la première puissance de la planète? Ont en ils les moyens? Hormis le fait de serrer davantage leurs vannes, on ne connait pas d'autre possibilité de riposte. Oseront-ils? La question est posée. «Il sera intéressant de voir si, avec cette huitième semaine consécutive de baisse des réserves (américaines), les participants du marché sont convaincus que les baisses en place fonctionnent?», a suggéré Craig Erlam, analyste chez Oanda. On sera à ce moment là, probablement, fixé sur l'efficacité du dispositif mis en place par l'Opep pour contrer «le missile Trump».