Du jamais-vu. Une quarantaine de navires en rade au large avec dans leurs cales des produits périssables. Cela représente un manque de 11% sur l'approvisionnement du pays. Plusieurs dizaines d'embarcations s'entassent à l'entrée du port avec un coût de 6000 dollars/j. Des millions de dollars sont donc partis en fumée. Il faut savoir que l'approvisionnement national qui transite à hauteur de 60% par le port d'Alger. La direction du port d'Alger a rendu public un rapport accablant sur les conséquences des intempéries qui ont frappé Alger. Chiffré, ce compte-rendu fait que l'on se demande si ce n'est pas un miracle que cela n'a pas été ressenti au niveau de la bourse des ménages moyens, du fait de la perturbation de l'activité du port d'Alger. Ainsi, le nombre de navires, tous types confondus, ayant accosté durant cette période a chuté de 11%. L'approvisionnement en marchandises a connu une baisse de 13%, soit un manque de 130.605 tonnes par rapport à la même période de l'an 2000. Le container a également connu une baisse globale de 23,93%, en nombre et 12,28% en tonnage. Bien que la réaction de la direction de l'Epal soit jugée tardive, il n'en demeure pas moins que des explications détaillées ont été avancées dans ce rapport conjoncturel, afin de justifier l'encombrement. En effet, l'EPAL a expliqué dans son communiqué que le port d'Alger ne dispose actuellement que de 37 postes opérationnels à quai, dont quatre sont occupés en permanence par les navires saisis. Aussi, la planification de la rotation des navires relève uniquement de leurs opérateurs et de la capitainerie. Une gestion difficile si l'on sait que le port ne peut opérer en temps normal qu'une vingtaine de navires par jour. De plus, les services de la capitainerie, qui planifient les mouvements des navires, ne sont informés qu'une fois ces derniers en rade, ce qui fait que la gestion des mouvements se fait au «pifomètre». L'autre fait qui aggrave la situation réside dans le séjour des navires, une fois arrivés à quai. Certains atteignent même une durée de 15 jours, contraignant les autres à prendre leur mal en patience. Dans ce contexte, il convient de rappeler que le manque flagrant de moyens adéquats de remorquage et de déchargement jusqu'ici traditionnels, a beaucoup contribué au prolongement de la durée de séjour. Sachant que beaucoup de navires, qui attendent patiemment de décharger leurs marchandises, risquent d'attendre encore longtemps. Une attente qui peut être très préjudiciable, puisque beaucoup de marchandises sont périssables. Pour le Ramadan, les navires de bananes et de pomme de terre, qui auraient dû être écoulées au cours du mois sacré, n'ont pas pu gagner la terre ferme. Une autre souffrance qui se chiffre en milliards. Cette situation a obligé tous les acteurs concernés à se réunir quotidiennement en «conférence de placement» pour décider, après débat, de la dizaine d'heureux élus qui pourront enfin rejoindre enfin la terre.