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Les soldats du blé
ILS ASSURENT LE DECHARGEMENT, LE CONTRÔLE ET LA DISTRIBUTION
Publié dans L'Expression le 26 - 11 - 2008

Les subventions de l'Etat, si elles revêtent une extrême importance, n'auraient pas toute leur signification sans l'intervention de ces gens qui veillent au grain.
Imaginez qu'un beau jour, en vous rendant chez le boulanger, vous trouviez ses étagères vides. Plus de pain, ni de petit-pain. Plus de croissant ni aucun produit fait à la base de céréales. La simple idée fait frémir. D'autant que cet aliment est essentiel dans la vie quotidienne des Algériens. Vous vous rappelez certainement des «émeutes du pain» en Egypte. Ça s'est passé au début de l'année en cours. L'envolée des prix de denrées de base, comme la farine, a fait sortir les Egyptiens de leurs gonds. C'est aussi l'étincelle qui avait provoqué «l'explosion» de la Révolution française, en 1789. En Algérie, si, jusque-là, la situation est maîtrisée, c'est grâce aux subventions accordées par l'Etat aux prix des céréales. Une solution incontournable appliquée lorsque les cours du quintal de blé dur ont atteint la barre des 1000 dollars. Cependant, les subventions de l'Etat, si elles revêtent une extrême importance, n'auraient pas toute leur signification sans l'intervention des «soldats du blé». Les connaissez-vous? Ils sont comme la respiration: on s'en aperçoit rarement. Mais quand elle vient à manquer, c'est tout l'organisme qui flanche. Ce sont des gens qui veillent au grain. A prendre au sens propre comme au sens figuré. «On travaille de jour comme de nuit. Pas de week-end. Pas de jours fériés», affirme Hakim Chergui, directeur du commerce extérieur à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic). Au port d'Alger, comme dans les autres ports du pays, leur tâche est loin d'être une sinécure. Elle se complique davantage lors des mauvais temps. Ils sont soumis à de rudes épreuves. D'autant que les conditions dans lesquelles ils opèrent deviennent de plus en plus délicates.
4500 tonnes /jour à décharger
Du haut de sa grue, Mohamed continue de décharger la cale du navire. En ce lundi 24 novembre, les vents soufflent trop fort au port d'Alger. Sur leur chemin, ils drainent la poussière des marchandises déversées dans les six camions à benne stationnés au-dessous des trois portiques. «Ceux qui ont des maladies chroniques, comme l'asthme, doivent éviter d'exercer ce métier» avertit M.Amamra, directeur à l'Unité portuaire d'Alger, dépendant de l'Oaic.
Les travailleurs doivent décharger deux navires de céréales, d'une capacité de 25.000 tonnes chacun. Au total, ils ont en face d'eux six cales.
L'effort à fournir est immense. Combien de temps leur faudra-t-il pour vider un navire? «On décharge environ 4500 tonnes par jour. Donc pour un navire, l'opération dure huit jours», précise M.Chergui. «ça nous est arrivé de travailler dans des conditions extrêmes, avec un déchargement de 14.000 tonnes/jour! Une tâche difficile à acquitter», ajoute-il. Les employés peinent à la tâche. Aziz, leur chef, est content du rendement. Il a sous sa coupe pas moins de 22 personnes. Ce n'est pas une mince affaire. «C'est un boulot difficile. Je le reconnais», souligne-t-il. Aujourd'hui, son équipe travaille depuis 7h du matin. Et ça va continuer jusqu'à 13h. Une autre équipe prendra la relève jusqu'à 19h. Et enfin, le troisième groupe prendra le relais jusqu'à 6h du matin. Le travail se fait bien sûr avec un système de rotation. C'est-à-dire l'équipe qui assurera aujourd'hui, la relève de 7h à 13h, elle le fera demain de 13h à 19h et ainsi de suite. Et à combien vos éléments sont-ils payés? «C'est le salaire fixé par la Fonction publique» répond Hakim Chergui. Autrement dit, ils perçoivent un Snmg de 12.000DA. «Le salaire n'est pas du tout motivant», estime Aziz. Du haut du silo, Rezaïzia Kamel surveille ses machines. Il est assis devant un tableau où on ne voit que des boutons. Ça clignote: rouge par-ci, vert par-là...Le rouge, c'est pour les silos pleins. Le vert, c'est pour les silos vides. C'est à lui de juger du silo qu'il faut remplir ou vider. Kamel accomplit cette tâche depuis 25 ans. Son métier, il l'a appris sur le tas. «Il est vrai que mon métier est difficile, mais celui de mes collègues qui sont en bas ne l'est pas moins» admet Kamel. Son collègue, Mountasser, approuve du chef. «On a quand même enregistré dix accidents mortels», affirme-t-il. Comment? «ça arrive lors des mouvements des wagons ou des chaînes faisant monter le tapis jusqu'au haut du silo pour charger», explique notre interlocuteur. «Des accidents pareils arrivent dans tous les ports du monde. Ceci dit, nous avons pris toutes les dispositions à même d'éviter le danger», rassure Hakim Chergui. Il faut savoir que le port d'Alger alimente toutes les minoteries de la région centre du pays. 200 camions assurent quotidiennement l'approvisionnement des douze wilayas du centre et 37% de la population. Nous citerons: Alger, Blida, Bouira, Tizi Ouzou, Boumerdès, M'sila, Ghardaïa, Aïn Defla, Chlef, Djelfa, Laghouat et Tipaza. Les autres wilayas du pays sont alimentées à partir des ports de l'Est et de l'Ouest. Cependant, au niveau du port d'Alger, on se plaint de l'exiguïté des lieux. Le quai réservé pour l'amarrage des navires chargés de céréales ne peut contenir que deux bateaux. Au départ, un seul bateau pouvait y accéder, étant donné qu'un bateau étranger a «squatté» la deuxième place pendant plus d'une année. Les lieux n'ont été dégagés que depuis une vingtaine de jours. Il y a lieu de préciser aussi que l'exiguïté du port donne un véritable coup à l'économie nationale. Comment? En effet, en l'absence de place d'amarrage, plusieurs navires sont contraints de rester en rade pendant plusieurs jours. Selon le directeur de l'Oaic, Kacem Mohamed, 4 navires le sont depuis dix jours.
Combien coûte un bateau en rade?
M.Kacem indique qu'un navire en rade coûte entre 8000 et 15.000 dollars par jour à l'Office algérien interprofessionnel des céréales. Si les coûts sont, en moyenne, de 10.000 dollars/jour, les quatre navires qui sont en rade depuis dix jours, ont déjà coûté à l'Oaic la bagatelle de 400.000 dollars. Et plus ça tarde, plus ça chiffre. Une question: a-t-on prévu un système de gestion des réceptions de navires? En ce sens, le directeur du Commerce extérieur à l'Oaic assure: «Nous avons prévu un système de régulation. D'autant qu'il y a un cahier des charges entre l'Oaic et ses fournisseurs aux clauses desquelles il faudra répondre.» Notre interlocuteur estime, par ailleurs, que les produits céréaliers importés par l'Algérie sont drastiquement contrôlés. Ainsi, lors du chargement du navire, il est contrôlé par une commission ad hoc qui, dès lors, scelle les cales. Une fois arrivé au port d'Alger, une autre commission procède au contrôle du navire dans le cas où l'équipage aurait violé les scellés. Par ailleurs, pour veiller à la bonne qualité des céréales importés, des laboratoires spécialisés procèdent illico à l'analyse de quelques échantillons. Le prélèvement se fait pour chaque 500 tonnes. Les premières analyses, physiques, se font au niveau du port d'Alger. Lesquelles seront suivies par d'autres, plus drastiques au niveau du laboratoire central de l'Oaic, sis à Chéraga. Ici, le produit subit des contrôles très soutenus. Le travail est d'autant plus pointu que le Centre mobilise ses quatre départements: biochimie, toxicologie, rhéologie et analyse physique. Dans ce centre d'analyse, les recherches sont poussées. «Il faut bien se préparer au cas où les opérateurs privés se lanceraient dans l'importation des céréales», lance M.Hamidi, directeur de ce centre d'analyses. Les enjeux sont de mise. La tâche qui incombe à ce centre n'est pas simple. La moindre faille pourrait coûter très cher. «Nous sommes conscients de la responsabilité qui nous incombe. Notre travail nous l'assurons comme il se doit. Mieux encore, nous pourrons assurer le contrôle de la qualité même si l'Algérie atteint un jour son autosuffisance en céréales», affirme M.Hamidi. Mais, pour le moment, il faudra axer ses efforts plutôt sur le contrôle des produits importés. Quant à l'autosuffisance, il faudra mettre en place une stratégie agricole adéquate. Et pour cela, d'aucuns diront que ce n'est pas demain la veille...


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