L'approvisionnement du marché national dépend désormais du règlement d'un simple conflit social. Des dizaines de navires risquent, encore une fois, d'être bloqués pour longtemps. Le personnel de la capitainerie au niveau du port d'Alger, notamment les pilotes remorqueurs de navires, est en grève. Cette nouvelle grève illimitée a été décrétée hier lors de la réunion qui a eu lieu au niveau de la capitainerie du port. Ainsi, l'approvisionnement du marché national subira un coup que seuls les opérateurs économiques et le consommateur accuseront. En effet, plusieurs navires chargés de produits périssables risquent de rester en rade. L'on évoque déjà l'arrivée de plusieurs cargaisons de produits de large consommation, notamment de la pomme de terre et des bananes qui s'abîmeront si le conflit ne se règle pas à temps. Les dernières pluies ont, en effet, retardé la récolte de la pomme de terre, qui ne s'effectuera que fin janvier. Les importations programmées pour combler le manque qu'enregistre le marché, demeurent compromises. La plupart des importateurs croisent les doigts pour que cette grève n'ait pas lieu. Ils ne sont pas près de prendre le risque d'importer la pomme de terre, pour la jeter ensuite. La dernière pénurie de ce produit a occasionné une hausse exorbitante des prix qui ont atteint la barre record de 75 dinars le kilo. Des indications font état d'une situation identique pour des produits pharmaceutiques importés, servant de matière première à la préparation de médicaments. Le conflit entre les travailleurs et l'administration du port peut durer des semaines, vu sa complexité. Le port connaît un manque flagrant en remorqueurs. Cela a causé la multiplication des rotations pour les remorqueurs dont la plupart sont en panne. Les navires se retrouvent ainsi doublement pénalisés et subissent des retards, tant pour entrer que pour sortir du port. Pas plus tard que la semaine dernière, certains navires ont accusé un retard de plus de trente-six heures pour être remorqués afin de sortir du port. Le manque de moyens au niveau du port ne touche pas uniquement les remorqueurs. A en croire les déclarations des consignataires, les moyens actuels de manutention au niveau du port d'Alger par lequel transitent 60% de l'approvisionnement national sont presque obsolètes par rapport à la demande. Plusieurs sociétés de consignation de telles que Nashco sont contraintes de faire appel à des camions ou clarcs chez de petits privés qui, de toute façon, ne partagent pas les mêmes soucis qu'une entreprise d'envergure nationale, voire régionale. Les responsables de la société, qui ont l'habitude de négocier des marchés qui se chiffrent en milliards, se retrouvent parfois confrontés aux caprices d'un chauffeur de camion ou de clark privé à l'entrée du port. Des professionnels ont clairement confirmé l'objectivité de certaines revendications des pilotes, indiquant l'aspect impératif de renforcer les moyens du port pour pouvoir absorber le trafic, et d'assurer sa fluidité qui ne peut qu'être bénéfique sur le plan économique.