L'antagonisme sunnites/chiites apparaît depuis dix ans comme le principal facteur de polarisation politique et stratégique au Proche et Moyen-Orient. Ce constat soulève, cependant, plusieurs questions. Le concept de réveil chiite ou, dans un registre plus polémique, de «croissant chiite» (selon l'expression employée en décembre 2014 par le roi Abdallah II de Jordanie), est-il pertinent ? Si tel est le cas, doit-on considérer qu'il est téléguidé par l'Iran ? Y a-t-il, au contraire, une instrumentalisation de la «menace chiite» par les principaux acteurs étatiques arabes sunnites (Arabie saoudite, Bahreïn, Jordanie), ou para-étatiques (Youssef al Qaradhawi, les grands théoriciens et prédicateurs de l'islam salafiste) ? a l'opposé, existe-t-il dans la région un agenda hégémonique et sectaire de la part des chiites- et au-delà, de la part de Téhéran-, là où ces derniers sont politiquement et/ou démographiquement en position de force ? Pourquoi Cheikh Nimr baqer Al-nimr ? Le 2 janvier 2016, 47 détenus ont été exécutés dans 12 centres pénitentiaires saoudiens. Dans quatre prisons, les suppliciés ont été fusillés et dans les autres, ils ont été décapités. Tous avaient été condamnés à mort pour actes de terrorisme. Parmi eux, quelques chiites, dont le cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, une haute autorité religieuse saoudienne, opposant farouche à la famille royale. Al-Nimr a été arrêté violemment en 2012 sous les chefs d'inculpation «d'actes visant à affaiblir le système politique (...) et de nuire à la réputation du royaume». Condamné à mort en octobre 2014 pour «terrorisme, port d'armes, sédition, désobéissance au souverain, insulte aux érudits de la loi islamique», son exécution (et celle de 50 terroristes) avait été annoncée comme imminente dès le 23 novembre 2015 par le ministre de l'Intérieur, le prince héritier Mohammed Ben Nayef. Le pouvoir avait certainement prévu cette campagne d'exécution de longue date puisque huit bourreaux supplémentaires avaient été recrutés en mai 2015. Il était aussi important d'effectuer ces exécutions dans différentes villes, même si pour des raisons pratiques, elles auraient pu être regroupées dans un seul lieu. En effet, elles devaient servir d'exemple aux «déviants» saoudiens tentés de mettre le régime en cause. Auparavant, la seule fois où un évènement d'une telle ampleur eut lieu fut le 9 janvier 1980 quand 63 terroristes ayant participé à la prise de la grande mosquée de La Mecque deux mois plus tôt furent exécutés dans huit villes différentes. De nombreuses organisations des droits humains arabes et internationales dont Amnesty International ainsi que des gouvernements proches des autorités saoudiennes avaient qualifié ce verdict d'inique et demandé l'annulation de la sentence d'exécution. Les autorités saoudiennes, qui avaient exécuté 153 personnes l'année dernière et dont le pays préside actuellement le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, sont passées outre tous ces appels et exécuté Nimr al-Nimr pour «terrorisme», au même titre que des takfiristes affiliés à Al-Qaïda et compromis dans des actes terroristes. DES EXECUTIONS QUI INTERPELLENT Pour semer la confusion dans les esprits et attiser les haines interconfessionnelles en Arabie et dans la région, les autorités saoudiennes nous présentent Nimr al-Nimr comme un agitateur chiite usant de violence et appelant à la sédition. La vérité est toute autre. Nimr al-Nimr a été arrêté dans une manifestation pacifique pour réclamer plus de justice dans son pays, plus de liberté pour sa communauté et l'ensemble de ses concitoyens, chiites, sunnites, ismaéliens et autres, plus d'égalité dans le partage des ressources nationales. Personne ne lui connaît d'appel à la violence et encore moins des actes de violence. Ses revendications à caractère social et politique sont celles d'une majorité de Saoudiens, et c'est ce qui irrite les autorités saoudiennes justement. Aussi, assiste-t-on à un double langage des autorités saoudiennes, qui combattent le terrorisme sur leur territoire alors qu'elles le soutiennent et le financent en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen. Avec leur guerre au Yémen, les Saoudiens sont en difficulté. Malgré neuf mois de bombardements d'enfer, ils n'ont toujours pas la moindre chance d'atteindre leur but de sitôt, à savoir la réinstallation de leur gouvernement par procuration à Sanaâ. Pendant ce temps, les forces yéménites attaquent les villes saoudiennes les unes après les autres. Les projets saoudiens de changement de régime en Irak et en Syrie via les djihadistes salafistes semblent compromis. La chute du prix du pétrole oblige le gouvernement saoudien à augmenter les impôts. Les nouvelles taxes sont rarement populaires. Pour détourner l'attention de tous ces problèmes, les Saoudiens ont décidé de se débarrasser d'un groupe de prisonniers. Il y avait des craintes que l'exécution effective d'al-Nirm augmenterait les tensions entre sunnites et chiites. Plusieurs gouvernements et les Nations unies ont averti que cela augmenterait les conflits sectaires si cela avait lieu. Eh bien, c'était justement le but ! La légitimité du gouvernement saoudien dépend de sa largesse financière et de son sectarisme. Elever la barre sectaire en provoquant une réaction chiite permet au régime saoudien d'avoir les religieux wahhabites sunnites et le peuple avec lui. Aussi, faudrait-il souligner sur un autre plan que la famille Saoud se sent menacée. Le roi Salmane, âgé de 80 ans, aurait des problèmes de santé et préparerait sa succession. Son héritier politique désigné est son neveu, le prince Mohammed Ben Nayef ; le second sur la liste étant son fils, le prince Mohammed ben Salmane, responsable de la cour royale et surtout ministre de la Défense. Des rumeurs insistantes laissent entendre qu'une sourde compétition existerait entre les deux hommes, sans compter que des dissidences agitent la pléthorique famille royale qui compte plus de 4 000 princes. Le prince Salmane est en première ligne dans la guerre qui a été déclenchée par l'Arabie saoudite, à la tête d'une importante coalition arabe, au Yémen contre les rebelles houthi et les partisans de l'ex-président Saleh. Le dernier cessez-le-feu a été levé le 3 janvier mais aucune des parties ne semble en mesure de l'emporter à court ou moyen terme. Le prince Ben Nayef est lui responsable de la sécurité intérieure et de l'unité du royaume. C'est donc lui qui serait à l'origine de la récente vague d'exécutions. Celle-ci semble d'abord destinée à un usage interne pour faire rentrer dans les rangs tous ceux qui remettent en cause la famille royale, au premier desquels se trouve la minorité chiite. Les Saoud font une véritable fixation sur les chiites en général et sur l'Iran en particulier. Même en dehors de toute logique géopolitique, ils pensent que les mollahs iraniens veulent conquérir le monde musulman dans son ensemble. D'un autre côté, la famille royale ne peut se mettre à dos les autorités religieuses saoudiennes très anti-chiites qui n'apprécient guère l'exécution de salafistes jugés très proches de la doctrine wahhabite. C'est aussi pour cette raison que des chiites ont également été exécutés afin de faire effet de contrepoids. Il était important de montrer qu'ils n'étaient pas punis pour leurs croyances mais pour leur volonté insurrectionnelle destinée à abattre le régime. JOUER AVEC LE FEUA vec la tension entre l'Arabie Saoudite et l'Iran suite à l'exécution de l'opposant et homme religieux saoudien cheikh Nimr Baqer al-Nimr ainsi que de 46 autres personnes, dont un Egyptien et un Tchadien, plusieurs questionnements interpellent les esprits quant aux tenants et aux aboutissants de cette affaire. «Jouer avec le feu» semble l'expression appropriée qui caractérise cette nouvelle situation dans la mesure où les acteurs en conflit ont une implication directe qui peut avoir des conséquences négatives sur le monde islamique. Si une lecture fréquente de cette polarisation sunnisme/chiite insiste surtout sur l'antagonisme religieux sans forcément en saisir les fondements politico-stratégiques, d'autres analyses, à l'opposée, ne veulent retenir comme facteur explicatif que le résultat de rivalités politiques ou sociales attisées par des acteurs et des intérêts extérieurs, en négligeant les soubassements historiques, confessionnels, identitaires et idéologiques du problème. Il n'y a donc pas de causalité unique à ce phénomène, et il convient de garder à l'esprit l'importance des facteurs autonomes. Dans les faits, cette nouvelle forme de conflictualité résulte bien d'un phénomène de rupture de rapports de force et d'équilibres politico-stratégiques souvent précaires, tant au niveau national que régional. Mais comme cela a déjà été constaté dans l'histoire, ces ruptures s'alimentent et exacerbent en même temps des imaginaires historiques, culturels et religieux puissants. L'autre constat est que les rivalités entre puissances régionales, dominées, entre autres, par la compétition entre l'Iran et l'Arabie saoudite pour revendiquer le leadership sur le monde musulman, instrumentalisent cette dualité conflictuelle tout en l'attisant. Enfin, il existe un vecteur idéologique puissant, le salafisme tafkiriste, dont se revendique l'Organisation de l'Etat islamique, qui conceptualise et promeut une forme d'antagonisme sectaire et de violence extrême, et est à l'origine des violences et des attentats anti-chiites comme celui survenu – une première dans l'histoire de ce pays – au Koweït le 26 juin 2015. Il est nécessaire avant tout de revenir sur le passé pour comprendre pourquoi cette dynamique est parvenue à s'imposer sur la scène régionale. Depuis son apparition, la branche chiite de l'islam, qui ne représente en fin de compte que 9% de l'ensemble des musulmans, a été structurellement en position minoritaire, ce qui s'est traduit par son éloignement du pouvoir, à l'exception de la dynastie fatimide (ayant régné sur le monde arabe du Xe au XIIe siècle) et de l'Iran, avec l'avènement, au début du XVIe siècle, de la dynastie safavide qui y a imposé le chiisme imamite duodécimain (le groupe des chiites qui croit en l'existence des douze imams), comme religion officielle, statut qui a perduré depuis. Deux grandes ruptures politico-stratégiques vont provoquer un réveil chiite dans la deuxième partie du XXe siècle 1/ La Révolution iranienne de 1979 déclenche le premier réveil chiite. Dans le monde occidental, elle révèle l'existence de ce courant schismatique de l'Islam, auparavant tenu en retrait et peu visible en dehors du Moyen-Orient. Cependant, on ne parlait pas à cette époque d'antagonisme religieux au sein du monde musulman (en tout cas au niveau des populations), mais plutôt d'une confrontation idéologique et stratégique d'un type particulier découlant d'une révolution messianique, se voulant antimonarchiste et anti-impérialiste. En témoigne le fait qu'au sein des mouvements islamistes sunnites, cet événement est au contraire perçu comme un acte fondateur, qui doit servir de modèle aux autres pays musulmans. Par contre, la Révolution islamique est perçue d'emblée comme une menace grave par certains Etats du Moyen-Orient, en particulier l'Arabie saoudite, qui se sent directement visée en tant que monarchie alliée de l'Occident et se réclamant d'une branche rigoriste et intransigeante de l'islam sunnite, le wahhabisme (l'élément fondateur de cet antagonisme chiisme/wahhabisme est le sac, en 1802, de la ville de Karbala, centre religieux du chiisme, par les guerriers du premier Etat saoudien). 2/ Le renversement du régime de Saddam Hussein en 2003, suite à l'intervention militaire américaine, confère désormais aux chiites irakiens, majoritaires au sein de la population, une place dominante au plan politique et étatique. A partir de cette date-clef, se développe au sein même du nouvel Irak, mais aussi des Etats de la région, une forte focalisation sur les paramètres religieux, culturels et identitaires. La période 2003-2005 ancre la polarisation chiite/sunnite, auparavant existante mais non déterminante, comme préoccupation première des pouvoirs en place, mais cette fois-ci relayée par les populations avec l'enchaînement d'évènements porteurs de ruptures : élection en 2005 en Irak donnant pour la première fois la majorité aux chiites, élection en 2005 du président radical Mahmoud Ahmadinejad en Iran, suites de l'assassinat de Rafiq Hariri au Liban, qui crée une forte polarisation autour du Hezbollah, deuxième guerre du Liban à l'été 2006 qui voit ce dernier affronter militairement Israël et rehausser ainsi son prestige auprès des populations arabes chiites et sunnites. Enfin, à partir de 2011, dans la foulée des soulèvements arabes en Syrie, au Bahreïn et au Yémen, la guerre civile syrienne, par ricochet, exacerbe les tensions sunnites/chiites déjà violentes en Irak, mais aussi, à un degré moindre, au Liban, en accentuant les antagonismes sectaires et confessionnels. Cette polarisation extrême et violente provoque en réaction un puissant activisme de la part des puissances régionales pour soutenir un camp contre l'autre. On en vient à parler non plus seulement d'un choc des identités, mais d'une guerre des identités. Dans le cas de l'Arabie saoudite, il s'agit de contrer cette montée en puissance des chiites en appuyant les ennemis de l'Iran et de ses alliés en Syrie, en Irak et au Liban. Téhéran, de son côté, apporte un soutien politique et militaire direct au gouvernement irakien dominé par les chiites, ainsi qu'au régime de Bachar al Assad constitué autour de la minorité alaouite de Syrie. INSTRUMENTALISATION D'UN ANTAGONISME L'antagonisme sunnisme/chiisme est instrumentalisé par les acteurs régionaux Les chiites du Proche et Moyen-Orient, pour ne citer qu'eux, expriment, à des degrés divers, le sentiment, qui correspond à une réalité, d'avoir été marginalisés sinon persécutés dans l'histoire récente, ce qui s'est traduit parfois par un désir de revanche. Alors que les chiites étaient présents dans l'appareil d'Etat de l'Irak baâthiste, leur situation était beaucoup plus difficile en Arabie saoudite, où une fatwa de 1927 les a longtemps obligés à se convertir ou à s'exiler. Si la domination des chiites est désormais patente en Irak et s'est réalisée au détriment des sunnites, attisant en retour chez ces derniers un fort ressentiment, la situation diffère dans les autres pays de la région, où, en dehors du Bahreïn, les chiites (ou apparentés comme les Alaouites en Syrie et les Zaydites au Yémen), restent minoritaires (rappel du pourcentage des population chiites dans le monde arabe : Bahreïn 70%, Irak 55%, Arabie 10%, Koweït 30%, Qatar 16%, EAU 2%). Une lecture essentiellement confessionnelle des «guerres civiles», en cours ou latentes, qui touchent le Moyen-Orient apparaît, en outre, trop réductrice, comme le fait que les chiites du monde arabe soient souvent dénoncés comme une cinquième colonne iranienne. On constate ainsi en Irak une tendance à la «nationalisation» des mouvements chiites, c'est-à-dire à une autonomie par rapport à Téhéran, ce qui n'exclut pas des relations de proximité entre les deux pays, comme le montre la coopération militaro-sécuritaire fournie par l'Iran pour faire face à l'Organisation de l'Etat islamique. Personne en Irak ne reconnaît la doctrine inspirée par l'ayatollah Khomeyni, ni ne prend le régime iranien comme modèle (à la différence des chiites d'Arabie saoudite et de Bahreïn, où il y a une allégeance de forme). À Bahreïn, la révolte du printemps 2011 a exprimé, semble-t-il, davantage un mal être social et politique qu'un irrédentisme confessionnel, même si les autorités ont modifié le cadre des naturalisations pour diminuer la part des chiites. Au Yémen, la montée en puissance et les succès militaires de la rébellion houthiste, issue du courant zaydite de l'islam chiite, ont déclenché de la part d'une coalition de dix Etats arabes, menée par l'Arabie Saoudite, une opération militaire pour la combattre. Même si cet affrontement est susceptible d'accroître la polarisation sunnites/chiites dans un pays en proie à des forces centrifuges et peinant à réaliser son unité, les motivations premières sont politiques, et non confessionnelles. De même, le soutien militaire de l'Iran aux Houthistes, dénoncé par une Arabie saoudite percevant depuis longtemps le Yémen comme une menace structurelle, n'est pas avéré, ou à défaut reste limité. Par ailleurs, des rumeurs circulent depuis une dizaine d'années sur un prosélytisme chiite actif en direction de pays où ce courant n'était pas représenté auparavant. Si cela est avéré en Syrie, et dans une moindre mesure en Egypte, il y a une part d'exagération (notamment concernant le Maghreb) avec le risque, déjà perceptible, d'accentuer l'animosité latente existant au sein des opinions publiques sunnites de ces pays à l'encontre des chiites. En fin de compte, le seul succès d'exportation de la Révolution islamique iranienne est le Hezbollah, d'où l'animosité particulière que suscite ce mouvement auprès des Etats arabes sunnites. L'antagonisme chiite/sunnite comme prolongement des rivalités régionales risque de durer, faute d'apporter des réponses à des problèmes qui relèvent en grande partie du domaine de la politique, et ce d'autant plus qu'il peut être perçu par les acteurs régionaux comme servant leurs intérêts. Cette polarisation est susceptible de laisser des traces durables au sein des Etats comme des populations, ces dernières pouvant être facilement mobilisées, et de manière négative, à partir de slogans et de programmes à caractère confessionnel. Le constat que les sentiments d'appartenance nationale n'ont pas complètement disparu dans les pays les plus touchés par cet antagonisme laisse entrevoir, toutefois, un petit espoir. La question se pose aussi de savoir si le fait de favoriser des formes de fédéralisme et/ou d'autonomie sur des bases communautaires pourrait atténuer ces affrontements confessionnels. Pareil processus, qui pourrait s'inspirer de la maxime « tel prince, telle religion », mis en avant en Europe au XVIe siècle pour régler la question de l'affrontement entre catholiques et protestants, apparaît désormais aux yeux de beaucoup, comme la seule issue envisageable, à défaut d'être la plus souhaitable. QUELLES CONSEQUENCES POSSIBLES ? L'Arabie saoudite et l'Iran s'affrontent déjà par procuration sur différents théâtres d'opérations. Au Yémen où Téhéran soutient les rebelles contre la coalition militaire emmenée par Riyad. En Syrie où les rebelles dits « modérés » —mais aussi le Front al-Nosra, la branche armée officielle d'Al-Qaïda « canal historique » — sont soutenus en sous-main par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie qui se retrouvent pour une fois alliés pour défendre un but commun : abattre le régime alaouite (proche des chiites) de Bachar el-Assad. En Irak, c'est actuellement moins marqué car «officiellement», Daesh ne reçoit plus de soutien extérieur. Toutefois, tous les attentats anti-chiites qui y ont régulièrement lieu ne peuvent que réjouir Riyad. Les relations diplomatiques avec Téhéran ont été rompues par Riyad le 4 janvier, ce qui ne va pas faciliter le dialogue, surtout au moment où des négociations internationales portant sur la situation au Yémen et en Syrie doivent reprendre. Il est également possible que des incidents ponctuels se produisent ici ou là, entre des aéronefs ou/et des navires de guerre des deux pays, notamment dans le golfe Persique, zone particulièrement sensible. Riyad va aussi renforcer le blocus autour du Yémen pour empêcher l'arrivée de l'aide iranienne. Cela pourrait donner lieu à des incidents pouvant mal tourner. Car ces actions et actes sèment la haine interconfessionnelle dans les pays arabes et musulmans et se distinguent surtout par cette propension à transformer des conflits strictement politiques et d'intérêts en des guerres de religion et de confessions. La «coalition saoudienne», qui ravage le Yémen depuis dix mois, puis celle appelée «Coalition militaire islamique» semblent destinées à alimenter une guerre entre les Etats «chiites et sunnites» sous le patronage des suppôts du colonialisme et du sionisme.