Il y a quelques années, la disparition de chandelles romaines du Musée d'Oran avait permis de parler pour la première fois de l'existence d'un vaste réseau spécialisé dans le vol d'objets d'art qu'il expédiait en Europe vers les grandes places de la vente aux enchères de pièces archéologiques et d'objets répertoriés comme faisant partie du patrimoine national. On s'était offusqué à l'époque préférant taire les propos de ceux qui preuves à l'appui de prouver que le Musée d'Oran était devenu un silo dans lequel puisait une mafia qui profitait de la conjoncture d'alors pour le ruiner. Des chandelles romaines, des pièces de monnaie, des outils datant de la préhistoire, des toiles de maîtres, tout était bon pour prendre la clé des champs pour rejoindre les cimaises ou les vitrines des musées en Europe. Il y a quelques jours, les douanes algériennes ont remis à la direction du Musée d'Oran, des pièces archéologiques saisies ces deux dernières années alors que des voyageurs tentaient de leur faire quitter le territoire national. Ces déclarations récoltées à l'occasion d'un exposition organisée au Musée Zabana à Oran, mercredi en marge d'une exposition qui a clôturé le mois du patrimoine, est lourde de sens puisqu'elle réhabilite d'un trait ceux qui avaient payé en 1998 le fait de dénoncer un trafic qui commençait à prendre forme et qui commençait à «s'approvisionner» du patrimoine des musées. Ces propos viennent pour rappeler les accusations de certains travailleurs du musée qui avaient dénoncé des responsables de l'époque et même des intellectuels qualifiés à l'époque de véritables maillons d'un trafic qui naissait à Oran. Pour déjouer la vigilance des services de la PAF, on avait parlé à l'époque du recours de certains trafiquants aux services de certains diplomates étrangers qui n'hésitaient pas à mettre la «marchandise» dans leur véhicule, protégés par leur statut, pour faire sortir sans encombre des tableaux de peinture et autres objets de valeur. Ceux qui avaient osé parler à l'époque ont subi toutes sortes de misères et certains avaient même perdu leur emploi jetés à la rue comme des pestiférés. Le groupe de touristes allemands arrêté dans une région du Sud algérien en possession d'objets et de pièces, propriété du parc national de Djanet, prouve que notre pays est considéré par la mafia des objets préhistoriques comme un filon à exploiter. Il y a quelques mois, le ministre de l'Intérieur avait annoncé la formation de policiers spécialisés dans la répression du trafic des objets d'art. Cet outil permettra de freiner l'hémorragie mais en attendant il faudrait songer à refaire l'inventaire du patrimoine de tous les musées pour comprendre que le patrimoine historique public l'a échappé belle.