Le Premier ministre C'est dans une conjoncture économique extrême, que s'opère une véritable révolution dans les moeurs de l'Etat providentiel contraint désormais à compter ses sous. Quelques heures après son adoption en Conseil des ministres mercredi dernier, des copies du Plan d'action du gouvernement ont été transmises à l'APN. Et c'est le branle-bas de combat chez les députés fraîchement élus qui viennent de recevoir un vraie patate chaude. Des décisions majeures sont contenues dans le Plan d'action de l'Exécutif présenté en Conseil des ministres et dont on a obtenu une copie. On cite entre autres, la création de 500 000 emplois, le recours aux subventions ciblées, la création de nouveaux impôts comme celui de la fortune apparente ainsi qu'une dizaines de lois à voter par cette assemblée. Le gouvernement a décidé de casser la tire-lire pour le logement en maintenant tous les projets de construction lancés. Il projette également la création d'environ 500.000 logements. Les objectifs que le gouvernement a arrêtés pour l'année en cours, note le document, visent le placement de 400.000 demandeurs d'emplois par l'Anem, l'insertion de 44.200 jeunes primo demandeurs dans le cadre du dispositif d'aide à l'Insertion professionnelle (Daip) et le recrutement de 30 000 jeunes selon le Contrat de travail aidé (CTA). Mais si l'Exécutif mise sur le logement et la création des postes d'emplois, en revanche, il ne peut pas indéfiniment fragiliser le budget de l'Etat pour préserver la stabilité sociale. Le gouvernement Tebboune a cette particularité d'oser sur un dossier resté à la fois tabou et populiste: pour la première fois, l'épineuse question des subventions est abordée de manière frontale. C'est décidé, l'Algérie va revoir sa politique de subventions. «Le gouvernement veillera à élaborer des politiques efficaces de rééquilibrage tarifaire dont la mise en place s'effectuera progressivement en vue de les rapprocher des coûts économiques des services fournis, tout en préservant des tarifs appropriés aux ménages à bas niveau», est-il écrit dans le document qui sera débattu par les parlementaires. Véritable révolution dans les moeurs de l'Etat providentiel contraint désormais à compter ses sous. Comment va-t-il parvenir, comment fera-t-il avaler cette pilule? Le gouvernement prévoit le lancement d'une «large concertation impliquant le Parlement, les partis politiques et la société civile de l'adaptation progressive de la politique des transferts sociaux afin de lui apporter plus d'efficacité et d'asseoir une plus grande justice et équité sociales, à travers un ciblage précis». Il s'agit donc de subventions ciblées, mais le document ne donne pas davantage de précisions. Avec près de 1800 milliards de dinars de transferts sociaux, les différentes subventions représentent près de 20% du budget général de l'Etat. Alors que la conjoncture économique est de plus en plus incertaine, un tel niveau de subventions va aspirer l'essentiel des recettes fiscales. Une situation tout simplement intenable et à laquelle il faut y remédier. Cela même si le Conseil des ministres de mercredi dernier, a insisté sur le volet social qui occupe une place importante dans le Plan d'action du gouvernement. Il s'agit notamment de préserver le système national de sécurité sociale et de retraite, promouvoir l'emploi, renforcer les mécanismes de solidarité nationale et poursuivre la prise en charge des catégories sociales aux besoins spécifiques. Autre mesure phare contenue dans ce plan consiste en le statut particulier que prendra la capitale. Avec la restauration des anciens immeubles, la création des aires de détente, à l'image du mégaprojet des Sablettes, un ambitieux plan sera bientôt mis en oeuvre pour désenclaver et désengorger Alger. Ceci dans le sillage de l'achèvement des projets routiers et de transport qui seront réalisés. Enfin, autre nouveauté au volet fiscal, ce sont de nouveaux impôts qui vont apparaître. Ainsi, les opérations du commerce électronique (e-commerce) seront fiscalisées; l'impôt sur le patrimoine sera révisé de même que les barèmes et taux d'imposition de certains impôts, en vue de les adapter au niveau du revenu de chaque contribuable, dans une logique d'équité et de justice sociale, souligne le document.