Encore une belle soirée placée sous la bannière du mois culturel européen. Voilà une belle fusion réussie, animée par deux artistes de talent ! Jean-Marc Padovani, le saxophoniste et Athmane Baly sont de nouveau rencontrés, cette fois-ci à la salle Ibn Zeydoun après un travail réfléchi qui a nécessité 7 jours de résidence et d'exploration musicale ; un travail «sérieux» qui a amené à cohabiter sur la même scène du jazz et du chant traditionnel du désert. Le prélude de cette soirée du samedi est un morceau en hommage à Rachid Baba de Tlemcen suivi du titre de Ville en ville interprété avec la section de percussion de Baly. Et Padovani d'annoncer : «On va passer au plat de résistance avec Athmane Baly !». Accompagné de son orchestre féminin, purement familial, Baly interprètera ses plus beaux morceaux à l'image de Amine, Amine, Assarouf ou Kaf noun. Accordéon, clarinette, basse, batterie et sax épousent le rythme tindi. Baly exalte le côté sauvage du jazz. Deux musiques qui se conjuguent et se fondent l'une dans l'autre à la perfection. «C'est comme si nous étions un puzzle de deux pièces», avait déclaré un jour Athmane Baly à propos de son duo avec Steve Shehan. Nous pouvons ici reprendre cette citation et la coller pour Padovani tellement cette phrase dit vraie. Le jazz de Padovani est magnifiquement rehaussé par le son des percussions et les voix qui s'élèvent mettant le public en émoi. Au bout du rythme naît la transe. La clarinette tel un gazouillis d'oiseau épouse le «hululement» du oûd qui coule tantôt tranquillement tantôt pour se déchaîner dans une véritable tempête extatique. Cela mérite une petite djedba au sein du public et des youyous. Mais lorsque sonne l'heure de la fin, forcément on en redemande encore. Baly abreuve l'assistance de cette eau revigorante du désert qu'est le chant tindi dans une ode à sa ville natale, Djanet. L'énergie communicative, le public n'aura de cesse d'applaudir cet heureux spectacle. «C'était le retour de Jean-Marc Padovani à la source du jazz qui est natif de l'Afrique. Nous sommes tous les deux repartis du bon pied en donnant chacun de soi-même dans une véritable symbiose. Il y a dans le jazz cette liberté d'improvisation qui existe également dans le tindi. C'est ce point qui a fait que nos deux musiques se rencontrent sans aucun problème. Personne n'est allé vers l'autre. Nous étions l'un dans l'autre, musicalement en parfaite adéquation. Cela est dû à un travail réfléchi depuis l'année dernière», nous a confié Baly. Après Alger, le duo se produira ce soir au Théâtre régional d'Annaba et mercredi au Théâtre régional d'Oran. Cette expérience réussie se soldera prochainement par un CD et une éventuelle tournée en Europe.