Les services du ministère du Commerce sont intervenus plus de 80 000 fois pour constater 18 239 infractions sanctionnées par 17 530 procès-verbaux à l'encontre des fraudeurs. Les barons de l'économie parallèle ne marquent pas de pause en ce mois sacré synonyme de piété. Le Ramadhan et l'argent sale font bon ménage. Ces trois premières semaines de jeûne ont été particulièrement juteuses pour ceux qui saignent l'économie nationale, à un moment où la trésorerie du pays est plombée par de bas revenus pétroliers, alors que dans le même temps l'Etat est en quête de la bonne recette pour renflouer ses caisses. Ce n'est pas sur eux que le gouvernement doit compter pour faire vibrer la corde nationaliste afin de faire face à la dégringolade des prix du pétrole qui a sévèrement impacté l'économie du pays. Ils l'ont de toutes les façons depuis longtemps piétinée et ne jurent que par la course aux milliards. Ceux de l'argent sale propre aux milieux mafieux. Chiffres à l'appui. «Près de six milliards de DA de transactions commerciales sans factures ont été décelées par les services de contrôle du ministère du Commerce sur les 20 premiers jours du Ramadhan, alors que des marchandises d'une valeur de plus de 814 millions de DA ont été saisies», a indiqué hier le ministère du Commerce. «Sur la période allant du 27 mai au 15 juin, 146.683 interventions ont été effectuées ayant permis l'enregistrement de 29.847 infractions, l'établissement de 28 704 procès-verbaux, le prélèvement de 1427 échantillons et la proposition de fermeture de 1279 locaux commerciaux.» ajoute la même source qui fait référence à des opérations effectuées par ses services. Elles se sont soldées par une grosse prise. «Ainsi, concernant les actions de contrôle des pratiques commerciales, 80 202 interventions ont été opérées ayant permis de constater 18.239 infractions sanctionnées par l'établissement de 17.530 procès-verbaux et la proposition de fermeture de 959 locaux commerciaux.» souligne le département de Ahmed Saci. A combien sont-elles estimées financièrement? «Ces interventions ont permis la mise au jour de transactions commerciales sans factures pour un montant global de 5,787 milliards de DA et la saisie de marchandises pour une valeur de 778,28 millions de DA.» précisent les services du successeur de Abdelmadjid Tebboune qui a assuré l'intérim du ministère du Commerce après le décès de Bakhti Belaïb. Ces nouvelles prises témoignent que le secteur de l'informel n'est pas prêt à rendre les armes. La mafia de l'économie parallèle se montre de plus en plus vorace. Insaisissable. Près de 170 milliards de dinars auraient échappé, entre 2009 et le 1er trimestre 2014, au fisc à travers des transactions commerciales illégales. Des recettes en expansion. Entre 2010 et 2015, les transactions commerciales non facturées se sont élevées à plus de 270 milliards de DA. «Sur l'année 2015, le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales sans factures avait atteint plus de 64 milliards de DA, en hausse de près de 10% par rapport à 2014», avaient écrit les services du ministère du Commerce au mois de mai 2016.Rien que pour les six premiers mois de la même année, les barons de l'informel ont engrangé pas moins de 41 milliards de dinars. «Le chiffre d'affaires dissimulé de transactions commerciales non facturées, mises au jour par les services du ministère du Commerce au 1er semestre 2016, a augmenté à 41,64 milliards DA contre 31,51 milliards de dinars durant la même période de 2015», indiquait une dépêche de l'APS datée du 2 août 2016. Un fléau qui gangrène l'Algérie et qui fait battre le coeur d'une économie informelle qui brasse plus de 40% de la masse monétaire en circulation. Symbolisée par une «place boursière» de change parallèle de devises (Port-Saïd, en plein coeur d'Alger), incontournable et tolérée. Une «institution» qui incarne toute l'impuissance des pouvoirs publics à l'éradiquer.