«Je ne répondrai pas systématiquement oui à vos sollicitations, mais je ne répondrai pas non plus non», a déclaré le ministre des Finances. Deux ministres de la République, Chakib Khelil et Mourad Medelci, ont pris part à la cérémonie organisée par la Sonelgaz hier soir à l'hôtel Sheraton. Il y était officiellement question de l'opération d'emprunt obligataire public de 10 milliards de dinars, lancé par l'Entreprise publique d'électricité et de gaz. Cependant, l'on aura largement constaté qu'en filigrane, la problématique de la réforme financière revenait régulièrement dans les propos de tous les intervenants. Ainsi, le tout nouveau ministre des Finances, pour sa première sortie depuis le dernier remaniement du gouvernement, a mis en exergue la nécessité de parachever ladite réforme et affiché sa disponibilité à écouter tous les acteurs de la scène politico-économique nationale. «Ma porte vous est ouverte. Je ne répondrai pas systématiquement oui à toutes vos sollicitation, mais je ne répondrai pas non plus non». Un message adressé notamment à l'Ugta, à la veille d'une nouvelle loi de finances qu'on donne pour juillet prochain et qui est, notent les observateurs sur place, annonciateur d'une politique monétaire différente de celle adoptée par le prédécesseur de Mourad Medelci. Pour sa première sortie publique, ce dernier a donc choisi de soutenir l'opération lancée par la Sonelgaz, dont l'une des conséquences directes est de booster le marché financier algérien, actuellement moribond et très loin de constituer le levier de l'économie nationale qu'il est censé être. Ainsi, M.Siagh a relevé dans une intervention consacrée à l'explicitation de cette opération, que celle-ci est certes une preuve que la réforme du système financier est en marche, mais a tout de même signalé les grandes faiblesses de ce même système. Ainsi, il mettra en exergue le fait que le marché de l'assurance-vie représente moins de 1% du BIP, alors qu'au Maroc, il est lourd de quelque 19 milliards de dollars. Avec cette opération, l'orateur retiendra que le marché obligataire pèse 2 milliards de dollars, ce qui n'est pas rien en seulement deux ans. Il relèvera, cependant, le fait que le marché secondaire ne suit toujours pas la dynamique. En d'autres termes, les petits investisseurs ne sont pas motivés par les banques pour revendre leurs obligations, ce qui en soit, constitue un handicap, confirmant la sclérose du marché financier national. Ce dernier gagnerait à être plus dynamique et partant, garantir beaucoup de liquidités à l'économie nationale. Or, il s'avère qu'en l'état, la situation est loin d'être intéressante sur beaucoup de tableau. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a, pour sa part, insisté sur l'apport des entreprises de son secteur dans l'effort de réforme du secteur financier. Il a, à ce propos, annoncé que d'autres entreprises para-pétrolières envisagent de recourir à l'emprunt obligataire pour financer leur projet. Une telle perspective permettra au marché financier de connaître une croissance qu'on espère appréciable. Seulement, comme l'a souligné, M. Siagh, la législation algérienne en la matière ne permet pas encore toutes les opérations qui sont effectuées normalement sous d'autres cieux.