Les députés votent oui à une grande majorité Les réserves de changes sont de l'ordre de 114 milliards de dollars et l'austérité n'est pas à l'ordre du jour. S'exprimant lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de l'adoption du Plan d'action du gouvernement par les députés, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a précisé que «les réserves de changes sont de l'ordre de 114 milliards de dollars». En réponse à une question sur l'avenir des groupes industriels publics, il a affirmé en recadrant sans le citer, le directeur de cabinet à la Présidence de la République, Ahmed Ouyahia qui a plaidé récemment pour la privatisation des entreprises publiques qu' «il n'a jamais été question de privatiser le secteur public». Il a précisé que «ces groupes qui font partie du paysage économique national resteront et seront renforcés, en dépit de leur faible contribution à l'activité économique du pays». Dans le même contexte, il a souligné, en citant une étude menée par le département de l'habitat qu'il est impossible de relever le plafond en matière de salaires pour les postulants au logement social, comme prôné par Ouyahia lors de sa campagne électorale pour les législatives. Il a encore réaffirmé la volonté du gouvernement de séparer l'argent des institutions et centres de décision de l'Etat». «Tout le monde a compris la séparation entre l'argent et l'Etat. Chacun appréhende la question selon sa compréhension», a-t-il indiqué. Interrogé si l'ancien gouvernement a été laxiste par rapport à certains hommes d'affaires, il a expliqué que «les choses évoluent d'un gouvernement à l'autre, ajoutant que lorsque il y a une nouvelle réorientation économique ou politique, cela ne veut pas dire que les prédécesseurs ont failli». «J'ai fait partie d'un gouvernement présidé par Abdelmalek Sellal, un frère, un ami et un compagnon depuis 33 ans. J'ai ma part de responsabilité dans ce qui a été fait», a répondu Tebboune. «Cela ne veut pas dire que le prédécesseur était laxiste ou n'a pas fait ce qu'il fallait. Regardez ce qui se passe outre-mer. Lorsqu'il y a une nouvelle orientation politique ou économique, cela ne veut pas dire que les précédents ont failli. Nous gérons un pays qui va très vite et où pratiquement le quotidien prend le pas sur ce qui est programmé», a-t-il expliqué, en promettant de maintenir la paix sociale et le développement local. Le Premier ministre a assuré que l'austérité n'a jamais été à l'ordre du jour. «Ni l'actuel gouvernement, ni les précédents n'ont parlé d'austérité. Celle-ci n'est pas à l'ordre du jour dans notre programme. Nous avons parlé de rationalisation des dépenses et de révision des priorités», a-t-il assuré, en précisant qu'«il ne s'agit pas d'un problème de disponibilité des ressources financières, mais de leur orientation et du choix des priorités». «Il faut aller vers le développement économique de proximité qui touche de très près le développement humain. Certains projets coûtent un milliard de dollars sauf que leur rentabilité économique n'est pas très prouvée. Mais si on donne un milliard de dollars à 60 communes, ça va les développer», a-t-il expliqué, en annonçant la création d'un grand organisme d'inspection au Premier ministère pour le contrôle de l'argent public, notamment les grands marchés conclus. S'agissant de l'efficience de la politique de ciblage des subventions de l'Etat en l'absence de statistiques crédibles, le Premier ministre a soutenu que «des statistiques fiables élaborées par des spécialistes en la matière, détermineront les concernés par ces subventions». Il a aussi indiqué que «le gouvernement lancera une réflexion portant sur l'exonération d'impôts des bas salaires(entre 12 000 et 35 000 DA). alors qu'il existe des niches d'impôts beaucoup plus importantes et qui représentent 30 à 40 fois le volume des impôts payés par les petits salaires. Il a soutenu qu' «il était temps aussi pour que l'Etat revendique ses droits en matière de taxes et impôts».A cet effet, le Premier ministre a fait remarquer que l'Etat avait exonéré plusieurs projets d'investissements de taxes et d'impôts, mais «il n'y a jamais eu un retour sur l'investissement, en dépit du lancement et l'entrée en production de ces projets». Dans ses réponses aux questions des députés, Abdelmadjid Tebboune a essayé de clarifier sa feuille de route face à la crise économique qui secoue de plein fouet le pays. «L'orientation économique du gouvernement consiste à maintenir les équilibres macro-économiques, à préserver les réserves de changes et à maîtriser le taux de croissance, d'inflation. Il s'agit aussi de maîtriser le commerce extérieur sans en créer de pénuries. «La facture des importations a reculé, grâce à la mise en place du mécanisme des licences d'importations, de 60 milliards de dollars en 2014 à 46 milliards de dollars en 2016. Le déficit de la balance des paiements a été considérablement réduite pour atteindre 10 milliards de dollars en 2017», a-t-il rappelé. Il a signalé, cette occasion les «dépassements» enregistrés dans les opérations des importations. Il cite, notamment le cas de «ces deux frères qui importent le même produit». À eux seuls, ils monopolisent le marché à hauteur de «72% alors que la loi interdit de dépasser le seuil de 40%». Il a annoncé une hausse prochaine des taxes sur les produits de luxe. Le Premier ministre a défendu les projets lancés par les jeunes dans le cadre de l'Ansej, en affirmant que, contrairement à l'idée reçue, les crédits accordés dans le cadre de ce dispositif, sont remboursés à hauteur de 85% bien au-dessus «des chiffres réalisés dans les grands investissements». Pour lui, dans certains cas, les projets réalisés dans le cadre de l'Ansej étaient plus bénéfiques que les projets lancés par de «grands» investisseurs. Il compte s'attaquer au dossier du foncier industriel, en annonçant, des enquêtes sur les terrains attribués, mais qui ne sont pas encore exploités dans des projets d'investissements. Il a annoncé la création de zones d'activités dans le sud du pays. D'après Abdelmadjid Tebboune, l' Etat est soucieux de préserver les acquis sociaux. Il a rappelé dans ce sens que «25% du PIB sont orientés vers les transferts sociaux, 85% des Algériens bénéficient de la couverture sociale, 36% possèdent la carte chifa et plus de 3,2 millions de citoyens bénéficiaient de pensions de retraite». S'agissant des jeunes recrutés dans le cadre des réseaux d'insertion socio-professionnelle, il a indiqué que l'Etat n' abandonnera pas cette tranche de la société, soutenant que le gouvernement a instruit le ministère des Finances en coordination avec le ministère de la Solidarité nationale de poursuivre le payement des affectations financières destinées à cette catégorie estimées à 5 milliards de dinars. Le Premier ministre a réitéré aussi l'engagement de l'Etat à régulariser le secteur informel. Enfin, Tebboune a tendu sa main aux retraités de l'ANP et aux gardes communaux, soulignant la disponibilité de son gouvernement au dialogue.