A en croire certains, il fait bon vivre dans la sagesse; il fait meilleur encore dans la folie. Derrière ces deux énigmes se cache l'homme. Et derrière l'homme agit l'oppression du vécu qui pousse jusqu'au...suicide. Ce phénomène a été abordé dans la générale de la pièce Les fous sages, présentée lundi dernier en langue française à la salle El Mougar. Ecrite et mise en scène par Taouint Youcef, et jouée par la troupe du Mouvement théâtral de Koléa, la pièce relate l'histoire de deux jeunes, Bravo et Antonio, interprétée respectivement par Dahmen Amine et Habouch Mohamed. Voulant se suicider, Bravo pour avoir perdu son poste de travail, Antonio pour une déception amoureuse. L'un est victime d'un «chantage» social, l'autre d'un malaise affectif. A une société sans foi ni loi, s'ajoute la cruauté de la beauté. Les deux situations séparent les deux âmes. Et les deux âmes se rencontrent dans une intrigue. Ainsi, le chef du village, intrigué par ce phénomène prêt à être normalisé dans la société, décide de les interner dans un hôpital psychiatrique. Entre-temps, il fait appel à un psychiatre (Djoulah Mohamed Lamine). Ce dernier devra mener sa mission avec succès, une condition sine qua non pour obtenir son diplôme. Ce psychiatre, usant de son «savoir-faire», parvient tant bien que mal à convaincre les deux jeunes d'abandonner l'idée du suicide. Cependant, et après des négociations ardues avec les patients, le médecin perd patience et désespère de ne pouvoir mener à bien sa mission. Dans un moment de faiblesse, il décide de se suicider. Les rôles sont alors inversés et ce sont les deux «fous» qui réussissent à le convaincre de ne pas attenter à ses jours. Le psy n'arrive plus à maîtriser ces deux malades qui lui jouent des mauvais tours. Le discours schizophrénique est développé à chaque instant. La sagesse cède devant les pressions de la folie. L'obsession l'emporte toujours sur la modération. Et ce qui a ajouté du charme à la pièce, c'est les mimiques faciales des comédiens qui ont réussi, tant bien que mal, à incarner leur rôle. Et ce qui est encourageant encore, c'est que ces comédiens n'ont suivi aucun cours en arts dramatiques. Ils sont encore étudiants à l'univeristé d'Alger. Néanmoins, pour le metteur en scène, Taouint Youcef, ceci n'est pas une condition pour pratiquer cet art. «Le théâtre est, tout d'abord, un amour, une passion. Le travail sur scène interviendra plus tard, en cultivant cet amour» a estimé M.Taouint. Il convient de souligner enfin que Le mouvement théâtral d'El-Koléa comprend trois troupes. Il s'agit des troupes théâtrales pour enfants et scolaires et de la troupe théâtrale qui a mis en scène Les fous sages.