Pour la partie sahraouie, ces convulsions ont mené la diplomatie marocaine droit dans le mur La Commission africaine des droits de l'homme qui stipulait dans son rapport «l'envoi d'une mission d'évaluation des droits de l'homme dans le territoire occupé de la Rasd» a courroucé le royaume qui participe au 29ème Sommet de l'UA. La prise de bec n'a pas eu lieu. Le «correctif» apporté au document a permis de l'éviter. Il stipule dans sa nouvelle mouture l'envoi d'une mission d'évaluation des droits de l'homme «dans le territoire connu à l'ONU sous le nom du Sahara occidental et à l'UA sous celui de la République arabe démocratique et sahraouie». Ce qui a suffi à mettre fin aux gesticulations marocaines. Rabat ne pavoise pas! «Certes, c'est une position clivante. Mais notre point de vue a été pris en considération», a confié un diplomate marocain au magazine Jeune Afrique. Pour la partie sahraouie, ces convulsions ont mené la diplomatie marocaine droit dans le mur. «Le Maroc, dont c'est la première participation aux travaux du sommet de l'Union africaine (UA), a échoué dans sa tentative d'enlever des paragraphes dans les rapports de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples qui était mandatée, sur décision du Conseil exécutif de l'UA, de faire un rapport et une évaluation sur la question des droits de l'homme dans les territoires occupés de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd)», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek en marge des travaux de la 31e session du Comité exécutif de l'UA. Un échec qui conduit le Maroc à remettre les pieds sur terre. «La parenthèse de la cohabitation avec la Rasd dans cette institution a été ouverte...» a reconnu le chef de sa diplomatie, Nacer Bourita. Une situation inédite. Le souverain marocain qui a, en effet, juré sur ses grands dieux qu'il ne reconnaîtra jamais la Rasd, a bel et bien fini par siéger dans le même hémicycle qu'elle. Son ministre des Affaires étrangères au même titre que celui de la République sahraouie ont pris part à la 31ème session du Conseil exécutif de l'Union africaine qui s'est tenue à Addis-Abeba du 30 juin au 1er juillet 2017. Et comme il fallait s'y attendre la question sahraouie s'est retrouvée, tout à fait légitimement, sur la table. Et c'est pratiquement aussi naturellement que la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a proposé dans son rapport «l'envoi d'une mission d'évaluation des droits de l'homme dans le territoire occupé de la Rasd». Ce qui a courroucé le royaume qui doit participer pour la première fois à un sommet de l'UA, depuis qu'il avait claqué la porte de la défunte Organisation de l'Unité africaine (OUA) en 1984. Une stratégie qu'il avait continué de cultiver. Les responsables marocains ont démontré l'année dernière, au moins à deux reprises, qu'ils n'étaient pas prêts à siéger dans le même hémicycle que les représentants du peuple sahraoui. La première fois en se retirant du 4ème Sommet arabo-africain qui s'est tenu du 22 au 24 novembre à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale après avoir fait des pieds et des mains pour le saborder. «Un drapeau de l'entité fantoche (la République sahraouie, ndlr) a été installé à l'intérieur des salles de réunion», avait indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué pour justifier le boycott de cet événement. La seconde fois, Mohammed VI avait écrit: «Il est, en effet, difficile d'admettre que le Royaume, nation pérenne et ancestrale, soit comparé à une entité (le Sahara occidental, ndlr) ne disposant d'aucun attribut de souveraineté, démunie de toute représentativité ou effectivité», pour justifier la sortie de son pays de l'OUA en 1984 avant d'annoncer son intention «de réintégrer sa famille institutionnelle africaine» le 30 juillet 2016 juste après le 27ème Sommet de l'Union africaine qui s'est tenu au mois de juillet à Kigali au Rwanda. Le consensus s'est fait autour d' une question de simple terminologie qui ne change en rien le statut du Sahara occidental. Il est toujours inscrit sur la liste de l'Organisation des Nations unies des territoires non autonomes qui restent à décoloniser alors que la dernière résolution votée par le Conseil de sécurité garantit au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Pas de quoi en faire un tajine...