Le chef de l'Etat «Le Peuple algérien est capable de relever comme défis et de réaliser comme miracle chaque fois que l'appel de la Patrie l'interpelle.» Dans un message à la nation, à l'occasion du 55eme anniversaire de l'indépendance, le président de la République a brossé un tableau plutôt réaliste de l'Algérie d'aujourd'hui, de son parcours et des défis qui l'attendent. Le chef de l'Etat n'a pas manqué d'entrée de souligner le drame humain qu'était la colonisation française. «A travers l'évocation de notre passé dramatique à la suite de l'invasion française», dira le président Bouteflika, comme pour souligner que la révolution algérienne n'est pas née du néant, appelant les Algériens à exercer leur «devoir de mémoire envers nos ancêtres dont des millions sont tombés en résistants, des centaines de milliers d'autres ont été emprisonnés ou déportés, alors que des millions d'Algériens ont été dépossédés de leurs terres et de leurs biens». Et d'ajouter: «Nous exerçons aussi notre devoir de mémoire envers notre peuple qui a sacrifié un million et demi de ses enfants pour le recouvrement de son indépendance et de sa souveraineté nationale». Mais ces sacrifices, selon le président de la République, «ne sont porteurs d'aucune haine». Il reste cependant, insiste le chef de l'Etat, que les Algériens sont en attente d'une «reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d'hier, la France». Mais cette attente légitime n'empêche pas «la construction d'un partenariat d'exception qui se doit d'être mutuellement bénéfique, un partenariat qui gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l'Histoire», souligne le premier magistrat du pays. Il y a lieu de souligner à ce propos que les déclarations du président français fondent l'espoir d'un examen serein et en accord avec l'Histoire de la présence française en Algérie. Plus de 3 millions de logements réalisés Le chapitre de l'Histoire abordé, le président de la République a évoqué dans son message, ses quatre mandats à la tête du pays. «Depuis dix-huit années, j'ai le grand honneur de guider vos pas, fort de votre confiance, et nous avons rebâti ce qui a été détruit et construit davantage encore. Nous avons fait avancer le pays dans tous les domaines», note le chef de l'Etat, tout en mettant en exergue les évolutions constatées ces 18 derniers années dans de nombreux domaines. Ainsi, le président rappellera dans sa lettre que «ces dix-huit dernières années ont vu l'économie connaître une sérieuse progression, illustrée par un produit intérieur brut qui a été multiplié par cinq.» Dans ce laps de temps, l'Etat a actionné la relance de l'économie nationale, sans abandonner son «intervention sociale». Cela «a permis la création de millions d'emplois de diverses natures, divisant ainsi par trois le fardeau du chômage qui atteignait 30% au début de ce siècle». Le chef de l'Etat fait remarquer que «durant la même période, la population a bénéficié de plus de 3 millions cinq cents mille logements livrés, ce qui a largement satisfait la demande, alors que près d'un million d'autres unités sont en cours de réalisation. L'université a, quant à elle, fait un véritable bond en avant, étendant son réseau d'infrastructures à toutes les wilayas, avec une population estudiantine qui s'oriente vers les deux millions d'étudiants à très brève échéance». Autant de réalisations, et bien d'autres que le président de la République a tenu à rappeler aux Algériens, histoire de défendre un bilan, d'ailleurs approuvé par les Algériens qui lui ont renouvelé leur confiance à chaque échéance présidentielle. Cela étant, le président s'exprime dans son message en tant que premier responsable de l'Exécutif qu'il dit avoir instruit pour «poursuivre la mise en oeuvre des importantes évolutions consignées dans la Constitution révisée, en matière de consolidation de la démocratie pluraliste, de renforcement de l'Etat de droit, et de promotion continue des droits de l'homme et des libertés dans tous les domaines.» Cette précision vaut son importance et démontre la volonté du premier magistrat du pays à donner à la nouvelle Constitution tout la latitude d'opérer une véritable mue démocratique du pays. A ce propos, le président informe l'opinion nationale que «l'année en cours connaîtra aussi la mise en place du Conseil supérieur de la Jeunesse qui permettra aux représentants de nos jeunes générations de cristalliser ensemble leur vision sur les différents chantiers ouverts par le pays. Il en sera de même également avec le Conseil national économique et social rénové qui servira de cadre à un dialogue permanent entre le gouvernement et ses partenaires économiques et sociaux, au moment où le pays doit relever d'importants défis économiques et financiers». Deux importantes instances constitutionnelles censées donner à la République plus de présence au sein de la société civile. L'Algérie a des atouts Evoquant la crise financière que traverse le pays, conséquemment à la baisse des prix du pétrole, le chef de l'Etat s'est voulu conscient des enjeux et également pédagogue. «Dans le domaine économique, notre pays est confronté à un sévère recul de ses revenus extérieurs et à une dégradation de sa balance des paiements extérieurs, même s'il garde encore intacte sa souveraineté de décision économique et sociale, grâce aux réserves de changes qu'il a accumulées mais qui s'érodent déjà.» Il y a dans ce propos adressé aux Algériens une analyse sans fard de la situation du pays, mais un fond d'espoir, puisé de la gestion sage des finances lors des années fastes. En fait, grâce à cette sagesse, l'Algérie dispose des moyens objectifs de son propre sauvetage. Mais il n'est pas encore temps de crier victoire, semble dire le président de la République. «Devant cette situation qui interpelle chacun de nous, et en cette occasion commémorative de nos lourds sacrifices pour le recouvrement de notre indépendance, je renouvelle mon appel à notre vaillant peuple à s'atteler davantage à l'effort, et à mettre en oeuvre souverainement, les réformes économiques nécessaires», insiste le chef de l'Etat, comme pour dire que le plus important reste encore à faire pour en finir avec la crise. «L'Algérie ne manque ni de ressources ni d'atouts, loin s'en faut, qu'il s'agisse de l'agriculture, du tourisme, du potentiel industriel ou des ressources énergétiques fossiles et renouvelables. L'Algérie dispose aussi d'une jeunesse instruite et d'un marché national important», relève le chef de l'Etat. Et d'ajouter: «Toutes ces ressources et ces atouts doivent être valorisés davantage grâce à une réhabilitation de la valeur du travail, à l'amélioration de l'environnement de l'activité économique, et à la concrétisation diligente de l'ensemble des réformes nécessaires». Le président de la République s'adresse aux Algériens pour leur rappeler un moment fort douloureux de leur histoire immédiate, pour relever les grandes capacités du peuple algérien à passer les épreuves les plus dramatiques. «Plus proche de nous, vous avez su, mes chers compatriotes, préserver la Patrie de l'effondrement total, au milieu d'une véritable Tragédie nationale, et vous avez su surmonter cette épreuve grâce à la Réconciliation nationale, que le Monde prend aujourd'hui comme référence, face à la propagation du terrorisme et des drames nombreux qu'il génère», écrit le chef de l'Etat, certainement convaincu que les futures épreuves n'éroderont pas la détermination des Algériens à soutenir leur pays au nom d'une glorieuse révolution qui a étonné le monde. Pour le président Bouteflika «le Peuple algérien est capable de relever comme défis et de réaliser comme miracle chaque fois que l'appel de la Patrie l'interpelle».