«Ils passent devant, ils regardent et n'achètent pas» Le premier Salon national de la bijouterie traditionnelle organisé du 21 au 26 mai 2005 à Batna, a baissé le rideau après six jours d'intenses activités. Bien qu'il ait drainé de grandes foules de visiteurs, parfois dépassant les 2000 entrées par jour, la vente des bijoux traditionnels n'a pas eu l'effet escompté. Ce manque d'emballement pour l'achat des bijoux traditionnels a levé partiellement le voile sur les contraintes qui ankylosent cette activité artisanale et qui ne lui permet pas de prendre son envol. D'abord, les visiteurs interviewés expliquent cela par l'insuffisance de la qualité de la plupart des produits artisanaux exposés ou mis à la vente dans ce salon. Les produits proposés ou exposés dans les stands sont beaucoup plus modernes que traditionnels. Il ne suffit pas d'avoir l'oeil critique pour se rendre compte de cet état de fait. Ces produits présentent même de graves lacunes au plan de la présentation et de la solidité. Le bijou traditionnel semble être altéré, dénaturé, parfois dégénéré par un esprit inintelligent, dépourvu de culture, obsédé ou hanté par le gain facile aux dépens de la perfection et de l'originalité. Le bijou traditionnel est trop tripoté et les artisans ont fini par l'abâtardir. Le savoir et le savoir-faire des artisans dont la plupart sont des analphabètes, sont ainsi mis en cause. Le contact est faible entre l'artisan et l'acheteur. Rare, où il est constaté au niveau des stands, une offre assez riche et variée au plan qualitatif, répondant mieux au goût des consommateurs et à leurs besoins. Ni la bonne organisation du Salon, ni les oeillades aguichantes, ni les invites amoureuses de ces bijoux soi-disant traditionnels, lancées aux visiteurs, ne sont parvenues à imprimer le rythme accéléré d'antan pour leur achat. Ensuite, ils expliquent ce manque d'emballement pour le bijou traditionnel par la cherté de ce produit. Parfois, les visiteurs du Salon fuient même du regard les objets exposés pour leurs prix exorbitants. «Ils passent devant, ils regardent et n'achètent pas», nous fait remarquer un artisan. Une dame interrogée, répond : «Il y a quelquefois des choses agréables à voir, mais elles sont chères». D'ailleurs, c'est la même remarque qui revient dans le discours des visiteurs. Une cherté qui nest pas en harmonie avec les escarcelles affaiblies des visiteurs. A leur tour, les artisans expliquent leurs prix excessivement élevés par la cherté de la matière première, la cherté de la location des locaux professionnels, de l'absence ou du manque d'équipements, matériels et d'outillages au travail à effectuer. A cela, il y a lieu d'ajouter les difficultés rencontrées dans les approvisionnements en matières premières, et du manque de moyens financiers. L'absence d'un réseau d'approvisionnement, selon les artisans, a causé un préjudice en matière de régulation et de disponibilité des approvisionnements et des matières d'oeuvre pour les artisans. Un véritable cercle vicieux dont les artisans n'arrivent pas à se sortir! Les conséquences seront lourdes sans compter le risque de voir passer cette activité sous le rouleau compresseur de la concurrence étrangère si ces contraintes n'ont pas trouvé solution d'ici-là.