La justice marocaine a ordonné une enquête après la diffusion d'une vidéo controversée du leader emprisonné de la contestation dans le Rif, manifestement filmée en détention et qui suscitait la polémique hier au Maroc. Lundi, dans la foulée de sa comparution devant un juge d'instruction, une vidéo de Nasser Zefzafi a été diffusée par un site d'information locale, réputé proche des milieux sécuritaires. On y voit Zefzafi, visiblement filmé depuis une cellule, en train d'exhiber des parties de son corps, comme pour montrer qu'il n'a pas été violenté. La vidéo a été retirée depuis.«Immédiatement après avoir pris connaissance de cette vidéo», le procureur général du roi à Casablanca a «ordonné l'ouverture d'une enquête pour élucider les circonstances de son enregistrement et la finalité de sa publication», selon un communiqué diffusé dans la soirée. De son côté, l'administration pénitentiaire a démenti que cette vidéo ait été enregistrée dans la prison de Casablanca, où Zefzafi est incarcéré depuis son arrestation fin mai. «Depuis sa mise en détention à la prison concernée», le prisonnier «n'a jamais porté la tenue avec laquelle il apparaît dans la vidéo», a ajouté la direction générale des prisons (Dgapr). La diffusion de la vidéo, jugée comme dégradante pour Zefzafi, a suscité la polémique et de nombreuses réactions d'indignation. Non daté et non sourcée, elle dure près de deux minutes: Zefzafi, calme et silencieux, obtempère et soulève sa djellaba pour montrer son torse, son dos et ses jambes, avec en bruit de fond des voix masculines. L'Association marocaine des droits de l'homme (Amdh) a condamné une séquence «humiliante» qui constitue une «atteinte à ses droits de prisonnier». Le site d'info en français Le Desk voit «deux pistes à priori pour son origine: la prison ou la police», et s'indigne «d'un nouvel épisode du climat délétère que traverse le pays avec son chapelet de barbouzeries continuelles (...)». Le Desk brocarde le «site de propagande policière» à l'origine de la diffusion de la vidéo, qui «n'est pas le seul vecteur de ses campagnes haineuses», et appartient au «triste bataillon d'une presse jaune numérique». «Zefzafi filmé en prison: choc, enquête et interrogations», titrait pour sa part le site Médias24. «A chaque fois qu'il y a un apaisement, une nouvelle étincelle vient mettre le feu aux poudres», s'interroge Médias24, qui rappelle que d'autres fuites concernant les évènements d'Al-Hoceïma (Nord) «restent non élucidées».