Haidar al-Abadi (quatrième à partir de la gauche) entouré de l'état-major de l'armée à Mossoul où il proclama, lundi soir, la «victoire» sur le groupe terroriste Daesh Les forces irakiennes tentaient d'éliminer hier la dernière poche de résistance jihadiste à Mossoul après un déplacement du Premier ministre dans la ville dévastée pour féliciter les troupes pour leur «victoire». Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proclamé la veille la victoire sur «la brutalité et le terrorisme» après que ses forces ont mis fin à la mainmise de l'organisation Etat islamique (EI) sur cette deuxième ville du pays, dévastée par des mois de combats. Mais les autorités sont désormais confrontées à la tâche titanesque de sa reconstruction et au sort d'un million de réfugiés. Après une offensive d'envergure soutenue par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, lancée le 17 octobre 2016, les forces irakiennes ont «libéré» la ville septentrionale tombée en 2014 aux mains des jihadistes, responsables d'atrocités et d'attentats meurtriers. Le président américain Donald Trump, en félicitant M. Abadi, a souligné que les jours de l'EI «sont comptés» en Irak et en Syrie voisine. Son chef de la diplomatie Rex Tillerson a dit que la «libération» de Mossoul représentait une «étape cruciale» dans le combat mondial contre l'EI mais que la lutte antijihadistes n'était pas terminée. «Notre victoire aujourd'hui est une victoire sur la brutalité et le terrorisme. J'annonce aujourd'hui au monde entier la fin, l'échec et l'effondrement de l'Etat terroriste fictif» de l'EI, a lancé M. Abadi, en uniforme militaire noir et casquette sur la tête. Il a également affirmé que les priorités de son gouvernement étaient désormais la «stabilité et la reconstruction», alors qu'une tâche titanesque attend le pouvoir pour reconstruire la ville en partie en ruines et aider les centaines de milliers de civils déplacés. Les forces irakiennes s'efforçaient d'éliminer l'ultime poche de résistance dans la vieille ville de Mossoul, où les derniers jihadistes sont encerclés dans un petit réduit, selon les commandants irakiens. Les affrontements se déroulaient encore dans un réduit d'environ 200 m sur 100, selon le général Sami al-Aridhi. Des soldats armés de mitrailleuses et de fusils ont tiré des toits des bâtiments largement détruits, alors que des colonnes de fumée s'élevaient du vieux Mossoul après le passage de l'aviation. Les jihadistes «n'acceptent pas de se rendre. Ils crient Nous ne nous rendrons pas, nous voulons mourir'», a ajouté le général Aridhi, en jugeant «probable que les combats se terminent» lundi. Selon lui, entre 3000 et 4000 civils restent dans la poche jihadiste mais ce chiffre n'a pu être confirmé de source indépendante. Des photos montrent l'ampleur des dégâts dans la vieille ville. Plus un toit ne semble tenir debout et nombre de bâtiments sont complètement aplatis. La reprise de Mossoul constitue le plus important succès de Baghdad depuis que le groupe extrémiste sunnite s'était emparé en 2014 de vastes régions en Irak dont Mossoul. Cette victoire ne porte toutefois pas le coup de grâce à l'EI, qui détient toujours des portions de territoires en Irak, et des secteurs plus importants encore en Syrie voisine, même s'il a également perdu du terrain dans ce pays où son fief de Raqqa est assiégé par des forces soutenues par les Etats-Unis. La victoire à Mossoul a été obtenue au prix de milliers de victimes, civils et militaires, d'une crise humanitaire énorme et de destructions colossales. Amnesty International a réclamé hier la création d'une commission indépendante sur les crimes qui ont pu être commis contre les civils à Mossoul par le groupe Etat islamique (EI), mais aussi par les forces irakiennes et la coalition anti-jihadiste. Près d'un million de civils ont fui la ville depuis le début de l'offensive et 700.000 d'entre eux sont toujours déplacés, selon l'ONU. Ceux qui sont restés piégés longtemps dans la ville ont vécu dans des conditions «terribles», subissant pénuries, bombardements et intenses combats, et servant de «boucliers humains» à l'EI, d'après l'ONU. «C'est un soulagement que la campagne militaire à Mossoul touche à sa fin. Le combat est peut-être terminé mais la crise humanitaire ne l'est pas», a dit Lisa Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak. «Il est probable que des milliers de personnes vont devoir rester déplacées pendant des mois», a prévenu le Haut-commissariat pour les réfugiés. «Beaucoup n'ont de plus maison et les services de base comme l'eau et l'électricité. Les infrastructures comme les écoles et les hôpitaux ont besoin d'être reconstruits ou réparés».