img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P170713-01.jpg" alt=""L'humanité a besoin d'amour"" / Connu pour ses complaintes aussi bien débordantes que pétulantes, Farid Ferragui, en visite de civilité à Oran, se confie en exclusivité à L'Expression, abordant tous les sujets liés à l'art, l'artiste et le chant tout en faisant l'état des lieux du chant de manière générale. Ecoutons-le. L'Expression: Comment avez-vous trouvé vos fans vous attendant à Montréal où vous avez animé récemment un spectacle en grande pompe? Farid Ferragui: J'ai été amplement heureux de rencontrer mes fans vivant à Montréal. Seulement, je ne vois pas et je ne fais aucune différence entre mes fans, où qu'ils soient à Montréal ou dans d'autres cieux. Mon public est, pour moi, mon ami. Ce public, que je n'aime pas d'ailleurs qualifier d'une telle appellation, est mon ami vu qu'il vient pour me voir, pour chanter avec moi pour se rappeler etc. Mon public est chaleureux. Il savoure et écoute ce que je lui offre. Il sait et connaît tout ce que je chante et tout ce que je lui ai offert durant toute ma carrière. Mes amis de Montréal ne sont pas en reste; ils sont respectueux et ont l'oreille musicale. Donc, il n'y a aucune différence entre le public algérien et celui de Montréal. La fête, qui a été marquée par la présence d'une foule importante, a été d'une totale réussite. Nos frères et soeurs, n'ayant pas lâché, sont venus en force à mon spectacle. Quand est-ce que vos fans oranais auront cet honneur de vous voir sur la scène à Oran? Une telle question est tributaire de Saâd Zamouche, président de la très connue association Numidia. Il est bien placé pour le savoir et répondre à votre interrogation. Nous nous sommes entendus pour animer un spectacle pour le mois de mai dernier. En raison de certaines contraintes, nous avons reporté notre rencontre artistique pour la fête de Yennnayer de l'année prochaine. Ce sera donc entre le 12, 13 et 14 janvier dans le cadre de la célébration de la fête annuelle de Yennayer. 40 ans passés au service du chant. Poursuivrez-vous dans ce domaine tout en défendant toujours votre style? Je ne peux pas abandonner ce chemin. Il est de mon devoir de poursuivre dans ce domaine vu que ceux m'aimant et écoutant mes oeuvres continuent à faire appel à moi. Je ne dis pas que je suis condamné à poursuivre. Mais c'est une bonne chose étant donné que nous cultivons notre culture. C'est d'ailleurs une bonne condamnation. Donc, nous ne pouvons rien refuser et sommes condamnés à poursuivre malgré les petites fatigues et quelques entraves qui nous agacent de temps en temps. Continuerez-vous à chanter le romantisme, l'amour, l'humanisme, la stabilité et la paix? Voyons les choses telles qu'elles sont. ça ne me gêne aucunement qu'on me colle cette étiquette. D'ailleurs, elle me va très bien. Nous vivons dans une société composée des hommes déshumanisés. L'humanité a besoin d'amour. Le jour où je mourrai, l'amour mourra. L'amour n'est pas d'aimer seulement la femme. Il est multidimensionnel, à commencer par aimer son ami, son voisin, etc. Sinon mon oeuvre est complète, puisque j'ai chanté un peu de tout, dont entre autres, des sujets sociaux. Seulement, le public a retenu que je suis interprète de la chanson romantique et d'amour. Préparez-vous un nouvel album? Dans le temps, j'éditais un album chaque année. C'était un temps, celui d'aujourd'hui est tout autre et il a totalement changé. Aujourd'hui, tout a permuté, tout comme nous avons, nous aussi tous changé, aussi bien dans notre vision des choses, que dans d'autres choses, notamment par rapport à tous les sujets que nous traitons comme la vie, les problèmes sociaux et ceux du peuple et tout ce que nous chantons. Si je m'attarde dans mes productions et mes chants, c'est dans le but de bien faire, tout en prenant en compte la nécessité de respecter ceux aimant nos oeuvres et les écoutant. Ceux se pressant dans leur travail, tombent souvent dans les erreurs. Me concernant, je n'ai pas droit de me presser pour offrir un travail médiocre. Il ne faut donc pas tomber dans les erreurs quoique nul n'est parfait. Là, je prends tout mon temps pour parfaire mon oeuvre et offrir un travail bien fait à mes fans. Comment trouvez-vous la chanson algérienne dans le paysage artistique mondial? Nous l'avons dit auparavant dans notre discussion, le monde a totalement changé. La mondialisation a tout chamboulé, y compris le chant, les minorités culturelles n'ayant pas de grands moyens et celles qui ne sont pas amplement impliquées. Il faut s'attendre à tous ces changements. Il faut aussi dire que la créativité manque, certains artistes activent dans ce qui est aisé, d'autres versent dans la reprise. Mais la chanson classique ne s'arrêtera pas, malgré la disparition de certains artistes et la halte marquée par d'autres. La chanson, reposant sur la bonne parole, n'est assistée ni par l'Etat ni par une autre institution. On ne lui a pas donné sa juste valeur. Cela est donc un combat. Ceci dit, nous ne devons pas trop calculer. Le seul calcul qu'on puisse faire est que nous devons être convaincus que nous servons la culture et nous nous devons d'immortaliser ce que nous faisons. Sinon la chanson du monde entier a connu des changements à la fois radicaux et totaux. Les médias et l'Internet influent beaucoup sur la société et sur le comportement humain. Nous n'avons pas les moyens pouvant attirer les jeunes. Il nous faut une télévision à plusieurs thématiques. Un tel média peut aisément sensibiliser les gens, les décomplexer, mais surtout leur parler de leur culture. La robe kabyle est un très bel habit. L'encourager peut donner l'effet recherché. Les médias étrangers influencent négativement sur la créativité et même l'objectivité du texte. Comme ils stérilisent des cultures. Dans le monde actuel, une culture en bouffe une autre. Cette mondialisation a influencé ces jeunes qui sont très branchés sur un monde éphémère. Pour préserver cette chanson, il est impératif de mettre en place des garde-fous devant venir en appoint pour défendre cette culture, mais bien sûr en mettant en place les canaux de communication de diffusion et des médias spécialisés. L'image est très importante. Il faut faire aimer nos musiques à ces jeunes. Seulement, il est impératif de se rendre à l'évidence que l'argent constitue le nerf de la guerre. Certes, nous pouvons financer un gala, mais pas des galas. Et puis, ce n'est pas au chanteur de payer. L'Etat doit prendre en considération cette culture en lui accordant les moyens nécessaires à son épanouissement.