Le maréchal Khalifa Haftar est l'homme-clé de la crise libyenne... La rencontre entre Libyens et Américains témoigne d'une volonté des Etats-Unis de renouer avec un pays qu'ils ont précipitamment «abandonné» en 2012, juste après l'attaque subie par leur ambassade au cours de laquelle leur ambassadeur a été assassiné. Le vent est à l'optimisme du côté des autorités de l'Est en Libye. En effet, c'est au moment où le maréchal Khalifa Haftar et ses alliés du Parlement basés à Tobrouk savourent la victoire chèrement acquise à Benghazi qu'une réunion, dont l'importance est considérable eu égard aux évènements actuels, a eu lieu entre le maréchal Haftar et le chef du commandement américain pour l'Afrique (Africom). Cette donne signifie un changement de cap des Etats-Unis qui optent désormais pour une autre démarche politique et, peut-être même, militaire en apportant, dans un proche avenir, un soutien probable à l'armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar. Une chose est sûre, la rencontre entre Libyens et Américains témoigne d'une volonté des Etats-Unis de renouer avec un pays qu'ils ont précipitamment «abandonné» en 2012, juste après l'attaque subie par leur ambassade au cours de laquelle leur ambassadeur a été assassiné. Le fait que ce soit le commandement militaire du maréchal Haftar qui a confirmé la rencontre et surtout la composition évoquée de la délégation américaine où il y avait autant de politiques que de militaires dénote l'importance que l'état-major de l'Africom accorde à cette real politik dont il n'a pourtant soufflé mot. On se souvient que la dernière diffusion sur ce type de rencontre bilatérale remonte au mois de mai lorsque Thomas Waldhauser, chef de l'Africom, et Peter Bodde, ambassadeur à Tripoli, ont eu un entretien avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj. La rencontre de mercredi dernier a donc eu lieu dans une base militaire, à l'est de Benghazi, et elle s'est accompagnée de révélations américaines sur un plan en cours de finalisation à Washington pour une «nouvelle approche politique, diplomatique et militaire pour la Libye». C'est d'ailleurs la chaîne de télévision CNN qui a évoqué un partenariat susceptible d'être noué par les deux pays au nom de la lutte contre le terrorisme. Il est question de la création prochaine d'un centre de coordination en Libye dans lequel interviendront une cinquantaine de militaires américains pour récolter le maximum d'informations et dispenser en même temps une formation au profit de l'armée nationale libyenne, dans le cadre d'un programme de coopération renforcé auquel Haftar aurait déjà donné son accord.Dans la foulée, Washington se prépare à rouvrir son ambassade à Tripoli et son consulat à Benghazi, probablement en septembre prochain, signe avant-coureur d'une redistribution des cartes après les épisodes irakien et syrien. Pour Khalifa Haftar, c'est aussi bien un coup d'essai qu'un coup de maître car cette option américaine implique un changement de cap de la diplomatie occidentale dans son ensemble. Outre la Grande-Bretagne qui se prépare à renouer le fil avec le maître de l'Est libyen, la France de Emmanuel Macron veille à ne pas se laisser distancer et promet pour le coup «des initiatives diplomatiques concrètes visant à rétablir la stabilité en Libye». «Seul un état libyen fort serait capable de tenir ses frontières, ce qui résoudra la crise migratoire», estime en effet le président Macron dans un entretien accordé au journal Ouest France. Preuve que la préoccupation cruciale des Européens n'est pas celle de leur puissant allié américain, plus intéressé par le renseignement sur le terrorisme que par le suivi des innombrables trafics dont souffre le sud de la Libye, notamment celui des migrants. Une chose est sûre, le maréchal Haftar est actuellement auréolé d'une victoire arrachée après trois ans de durs et sanglants affrontements avec les éléments de Daesh à Benghazi. L'homme fort de l'est libyen qui bénéficie déjà du soutien de l'Egypte et des Emirats arabes unis et qui n'a pas hésité à s'inscrire dans le camp de l'Arabie saoudite et de ses alliés mobilisés contre le Qatar accusé de soutien au terrorisme a tout à gagner d'un rapprochement opportun avec les puissances occidentales. Déjà, il a réussi en 2016 à obtenir l'appui de la Russie où il a été reçu à plusieurs reprises par le chef d'état-major Guerassimov, le ministre de la Défense Choïgou et même le président Poutine, en août et en septembre de cette même année. Tous ces appuis ont été d'une utilité incontestable pour mener à bien l'opération baptisée «Dignité» lancée au printemps 2014 et grâce à laquelle Benghazi a été «totalement libérée» et doit connaître désormais «une nouvelle ère de paix, de sécurité, de réconciliation (...) et de reconstruction». Parmi les différents groupes armés présents dans cette deuxième ville du pays, dominaient le «conseil de la choura des révolutionnaires de Benghazi», une coalition de milices islamistes comprenant à la fois des combattants de Daesh et des éléments d'Ansar Al Charia, un groupe relevant d'Al-Qaïda dont la dissolution a été proclamée vers la fin mai. Avec la victoire de l'armée nationale libyenne qui suit celle acquise, l'an dernier, par les milices de Misrata contre Daesh dans la ville de Syrte, la donne libyenne n'a pas fini d'être complexe et incertaine. Messahel reçoit une communication téléphonique du MAE du gouvernement al Serraj, hier Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a reçu hier une communication téléphonique du ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'Entente nationale de Libye, Mohamed Tahar Siala, au cours de laquelle il lui a fait part «des récents développements de la situation en Libye et des efforts en cours en vue du règlement de la crise qui prévaut dans ce pays frère et voisin», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cet entretien «qui s'inscrit dans le cadre de la concertation permanente entre les deux pays, a également porté sur les étapes à venir pour accélérer la dynamique de règlement de la crise libyenne». Le chef de la diplomatie libyenne «a, enfin, remercié le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour l'intérêt personnel qu'il porte au règlement de la crise libyenne et à l'Algérie pour sa contribution et les efforts qu'elle déploie à cet effet», souligne la même source. A cette occasion, Abdelkader Messahel «a réitéré le soutien constant de l'Algérie en faveur de la solution politique, fondée sur le dialogue inclusif, sans interférence, entre les parties libyennes, et la réconciliation nationale», ajoute le communiqué.