Forcing algérien pour amener les différentes parties libyennes à entamer au plus vite un dialogue inclusif. C'est le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, qui a pris une nouvelle fois son bâton de pèlerin pour aller discuter avec les chefs de tribus libyens, après avoir rencontré mercredi dernier les responsables libyens, dont le maréchal Khalifa Haftar à Benghazi, une des clés de la solution du dossier libyen. Car autant la paix en Libye est en panne, autant le risque d'implosion générale est réel avec la présence de groupes armés, tant terroristes que proches des deux gouvernements, de Tripoli et Tobrouk, qui se disputent le pouvoir dans le pays, outre les forces «loyalistes» du maréchal Haftar, soutenu par des pays arabes et occidentaux. D'où cette course diplomatique de l'Algérie pour enrayer la menace d'implosion d'un pays assis sur de grandes réserves pétrolières, mais sur une bombe qui menace d'exploser et de se propager aux pays de la région. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les efforts de l'Algérie, en appui à la médiation de l'ONU et des accords de 2014, pour qu'il y ait un consensus politique global pour une solution négociée, celle du dialogue entre les Libyens eux-mêmes. Depuis mercredi en Libye, le ministre algérien a affirmé jeudi à Zenten, un des bastions des milices armées qui avaient lutté contre le régime de Kadhafi, qu'il était venu en Libye «porteur d'un message d'espoir du peuple algérien (...) à tous les Libyens, partant de la douloureuse expérience de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme». Il a expliqué aux chefs de tribus dans la ville de Zenten que «l'Algérie ne souhaite pas voir la tragédie du terrorisme se reproduire ailleurs et surtout pas en Libye, pays voisin et frère». «Il y a en Libye des femmes et des hommes qui sont en mesure de reconstruire ce pays par le dialogue, les solutions politiques et la réconciliation nationale entre toutes les composantes du peuple libyen sans exclusive ni marginalisation aucune», a-t-il dit. Il a également rappelé que l'Algérie a réussi à vaincre les démons du terrorisme et imposer la stabilité politique du pays grâce à la loi de la «Rahma», la loi de la Concorde civile et le référendum national sur la réconciliation nationale. «Grâce à cette politique judicieuse, l'Algérie jouit aujourd'hui de la paix, de la sécurité et de la stabilité», a-t-il lancé aux Libyens de Zenten. Certes, de nombreux chantiers attendent le peuple libyen, dont le plus important, un dialogue politique inclusif entre les Libyens eux-mêmes, à l'intérieur du pays et non pas à l'extérieur du pays, et la réconciliation nationale. «Seuls les Libyens peuvent construire l'avenir de leur pays», a-t-il affirmé. A Zenten, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, avait rencontré des membres de l'Assemblée communale de Zenten, un représentant de la Commission pour le dialogue national et un représentant du Conseil suprême des tribus. La veille à Benghazi (Est), il avait rencontré plusieurs notables, qui se sont félicités du niveau de soutien et des efforts déployés par «l'Algérie, pays voisin et frère» pour rapprocher les positions des Libyens en vue d'une solution politique durable à la crise libyenne. «Nous fondons nos espoirs sur l'Algérie avec laquelle nous avons des liens de fraternité et de voisinage pour soutenir les efforts de règlement pacifique en rapprochant les positions et points de vue sans aucune exclusion ou marginalisation», a indiqué M. Arhim Khaled, l'un des notables de la ville d'Adjdabia, lors de cette rencontre. Djaballah Said Djaballah El Arfi, de la ville d'Al Marj, a souligné de son côté l'adhésion des tribus dont il est le représentant au processus de règlement pacifique et politique de la crise libyenne, avant de souligner «l'importance de garantir aux Libyens la sécurité dans le cadre des défis internationaux». «Les citoyens de Benghazi sont disposés à dialoguer avec tous les protagonistes quels que soient leurs courants ou points de vue. Le dialogue doit être inclusif, sans exclusion aucune en vue de respecter la volonté de tout un chacun», a-t-il ajouté. Quant au coordinateur de la grande zone de Benghazi, Saad Rekrek, il a soutenu que «les citoyens à Benghazi sont pour un dialogue réel et sérieux regroupant l'ensemble des protagonistes libyens». Pour lui, la présence à Benghazi de la délégation algérienne «confirme l'intérêt que porte l'Algérie à la Libye du fait de leur sécurité commune, notamment à la lumière du contexte sécuritaire dans la région». Marchands d'armes «Nous admettons, a-t-il dit, que toutes les parties libyennes sont en droit d'exprimer leurs revendications et leurs préoccupations mais le dialogue doit être entre les Libyens seuls». La Libye a été «au cœur d'une conspiration internationale», a estimé de son côté Djibril Said Mansour, un des notables de la région de «Barka». Depuis le début de l'année, les efforts pour ramener les différents protagonistes libyens à la table des négociations, ont échoué. L'ONU comme les pays voisins sont par ailleurs impuissants face à l'intervention et l'ingérence militaires de pays occidentaux, et également arabes, dans la crise libyenne. Tout le monde, autant l'ONU que l'OTAN, Moscou, Washington, Paris, Londres, Rome, Le Caire, Doha et Abu-dhabi, sait que les milices libyennes, dont celles du maréchal Haftar, sont alimentées en armes régulièrement, en dépit de l'embargo, officiellement pour lutter contre les groupes terroristes, dont Ansar Charia affilié à Aqmi et Daech. L'embargo sur les armes a été imposé à la Libye en 2011, mais les représentants en charge de la surveillance des sanctions de l'ONU ont fait état de livraisons en provenance d'Egypte, de Turquie, des Emirats arabes unis et du Soudan destinées à diverses factions. L'une de ces factions est dirigée par Haftar, contre qui l'UE a auparavant menacé d'étendre les sanctions pour sa nuisance au gouvernement libyen soutenu par l'ONU. Mais, Haftar, ex-opposant exilé aux Etats-Unis durant le règne de Kadhafi, est actuellement l'homme fort en Libye, et en tant que tel, il est soutenu militairement autant par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et, depuis le début de l'année 2017, par Moscou. Autant dire qu'il est devenu incontournable dans la recherche d'une solution politique en Libye, en particulier après avoir libéré et pris le contrôle du 'Croissant pétrolier'', poumon économique du pays et d'où est exporté le pétrole libyen. Les plans concoctés fin 2015 à Skhirat, au Maroc, par l'ONU pour l'évincer sont depuis tombés à l'eau. Il est l'homme fort en Libye.