20 minutes après son ouverture, la conférence animée par Ramdan Rahab au centre culturel d'Aokas a été interrompu par les services de sécurité. La ville d'Aokas, station balnéaire par excellence, a été marquée hier par les échauffourées, qui ont éclaté entre les jeunes de la région et les services de police. Interdite par la police, la conférence-débat animée par Ramdan Achab s'est tout de même ouverte après une mobilisation citoyenne qui s'est matérialisée par une marche de la place de la poste vers le lieu de la conférence. Sur place, le dispositif de police n'a pas pu réagir dans un premier temps laissant faire les organisateurs qui ont forcé l'entrée sur fond d'échanges verbaux acerbes, selon des témoins. Alors que la conférence venait de commencer depuis 20 minutes, les services de police reviennent et ordonnent l'évacuation des lieux manu militari. La réaction des participants prend forme immédiatement et des émeutes éclatent autour du centre culturel, jalousement gardé par les policiers. Les hostilités entre les deux parties rappelaient à bien des égards les événements du printemps noir d'avril 2001. A l'heure où nous mettons sous presse, la tension demeure vive. Aucun blessé ni aucune arrestation n'a été signalé. Surpris et désappointés, les citoyens s'interrogent sur ce comportement des autorités locales. «Comment se fait-il que l'on ferme la route, en pleine saison estivale pendant des heures causant des désagréments à des dizaines de milliers de citoyens sans que les services de sécurité ne lèvent le petit doigt. Il a fallu une simple conférence dans un lieu fermé, qui ne cause aucun trouble à l'ordre public et voilà que l'on découvre la force publique», dénoncent des citoyens de Béjaïa avant de lancer un chapelet d'interrogations: «Que cherche-t-on à travers ces pratiques? Qui est derrière cette provocation? Pourquoi à ce moment précis et dans quel but?». Des interrogations lourdes de sens et qui appellent autant de réponses. Le forcing du mouvement associatif de la région pour la tenue du café littéraire, interdit depuis quelques mois a tout juste réussi l'ouverture de la conférence, sans pouvoir la mener jusqu'au bout. La riposte de la police était attendue puisque les organisateurs, qui se sont réunis jeudi dernier ont décidé d'un autre mode opératoire, afin de rejoindre le centre culturel. La réunion a débouché sur l'organisation d'une marche de la poste vers le centre-ville, une manière de forcer les services de sécurité, qui comme à chaque événement se postaient devant le lieu de culture interdisant tout accès. Hier, la procession humaine était assez importante pour réussir sans encombres à pénétrer dans la salle de conférences et débuter les travaux. Jusque-là tout allait comme le souhaitaient les organisateurs, dont l'association Azday Adelsen n'Weqqas. Mais c'était sans compter sur la détermination de la police à empêcher comme de coutume ce genre d'événements. L'intervention policière fut «musclée», selon les présents, intimant l'ordre de cesser les travaux et de quitter les lieux. Alors qu'on croyait à une fin pacifique, les hostilités se déclenchent. Les participants d'un côté et la police de l'autre se renvoient des amabilités avant que l'on ne passe aux gestes violents faits de jets de pierres et autres projectiles contre les bombes lacrymogènes. Une fin prévisible. Les organisateurs s'y attendaient un peu en décidant lors de la réunion de jeudi dernier de «ne plus demander l'autorisation pour organiser des conférences». Les représentants du mouvement associatif, de partis politiques et de la société civile, réunis ont discuté longuement des interdictions qui frappent la tenue de conférences qu'organise chaque samedi le café littéraire d'Aokas, «depuis l'arrivée de la nouvelle chef de daïra». «En tout huit conférences et une table ronde ont été annulées par la police sur ordre de l'administration», précise-t-on; les contacts et les rencontres avec la représentante de l'Etat dans la daïra d'Aokas n'ont pas été concluants. C'est pourquoi il a été décidé d'«impliquer le mouvement associatif et les partis politiques» pour imposer la tenue de la conférence de Ramdane Achab autour de l'édition du livre amazigh, hier à 14 h et pour laquelle l'autorisation n'a pas été accordée. Une marche à partir de la placette de la poste jusqu'au siège du centre culturel Rahmani Slimane a été initiée pour s'achever par des émeutes, ponctuées par des blessés légers de part et d'autre..