La «traversée» continue... Depuis le début de l'été, les unités des gardes-côtes ont intercepté de nombreuses embarcations de fortune. Ça reprend de nouveau. Le feuilleton des embarcations de fortune se poursuit. Après une accalmie, le mouvement s'intensifie ces derniers temps. Hier, 24 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés, tôt dans la matinée au large de Cap Carbon (Arzew), par les unités des gardes-côtes d'Oran. Ces candidats à l'émigration clandestine, dont deux femmes, trois mineurs et un bébé de 4 mois, sont tous de nationalité algérienne. Ces derniers se trouvaient à bord d'une embarcation en polyester et un Zodiac pneumatique pour rejoindre les côtes espagnoles. Ils ont été interceptés, à deux heures du matin, à 14 miles de cap Carbon, par une patrouille des gardes-côtes d'Oran, indiquent les éléments de la sécurité. Selon les informations des gardes-côtes, ces harraga avaient pris la mer à minuit, dimanche, à partir de la plage de Kristel (Gdyel), à l'est d'Oran. Ils ont été remis aux services concernés pour enquête avant leur présentation au tribunal territorialement compétent. Cette tentative vouée à l'échec n'est pas la seule. Vendredi dernier, une tentative d'émigration clandestine a été déjouée par les éléments des gardes-côtes au large de Skikda, a indiqué le ministère de la Défense nationale (MDN) dans un communiqué. Selon la même source, quelque 37 individus ont été interceptés au large de Skikda à bord d'une embarcation pneumatique alors qu'ils tentaient de traverser clandestinement la mer Méditerranée pour rallier le sud de l'Europe. Depuis le début de l'été, les unités des gardes-côtes ont intercepté de nombreuses embarcations de fortune. Il y a lieu de rappeler que des milliers d'Algériens ont choisi de rejoindre les pays européens à bord des embarcations de fortune dont nombreux d'entre eux ont péri au large de la Méditerranée. Ce phénomène qui avait secoué le gouvernement algérien en pleine embellie financière risque de revenir en force. Devant le contexte difficile marqué par la crise économique et l'absence de perspectives prometteuses, les jeunes reprennent le chemin de la mer pour joindre ce qu'ils qualifient d'eldorado. Alors que le gouvernement est pris par la question des migrants subsahariens dont les flux prennent de l'ampleur, les Algériens fuient le pays à la recherche d'un avenir meilleur. Dans un récent rapport établi par le gouvernement espagnol, pas moins de 10.108 immigrés sont rentrés irrégulièrement en Espagne au 9 juillet dernier. Certes, la plupart sont des Libyens et des Marocains, mais le rapport évoque également la présence de nombreux Algériens qui sont estimés à plus de 500 personnes. «Au rythme où croit l'immigration, 2017 sera la pire année», s'alarment les autorités espagnoles. Qu'est-ce qui favorise ce phénomène? Le ministre de l'Intérieur espagnol n'a pas été par quatre chemins pour dire tout simplement que «c'est le beau temps». Ce n'est pas tout. Les passeurs ont dû constater un relâchement dans le dispositif de surveillance des côtes, ce qui les a encouragés davantage à reprendre leur activité. Pris par les flux migratoires des Africains, le gouvernement algérien a tendance à sous-estimer le mouvement des harraga. Au moment où il tente de gérer ces flux en reconduisant les réfugiés chez eux, ses ressortissants prennent le chemin de la mer pour rejoindre l'Europe. Par ailleurs et en vue de faire face à cette nouvelle vague, les pays européens ne sont pas restés les bras croisés. Les pays de l'UE se sont dotés lundi dernier de nouvelles règles pour pouvoir empêcher l'export vers la Libye de canots gonflables et moteurs hors-bord utilisés par les migrants cherchant à rejoindre l'Europe par la Méditerranée. La décision a été prise lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE à Bruxelles, largement consacrée à la Libye, d'où embarque la quasi-totalité des migrants arrivant sur les côtes italiennes. Le Conseil de l'UE «a introduit des restrictions sur l'exportation et l'approvisionnement en Libye de bateaux gonflables et de moteurs hors-bord», a-t-il indiqué dans un communiqué, précisant que le but était de «briser davantage le «business modele» des passeurs et des trafiquants d'êtres humains».