Le Palais du gouvernement Voué à la vindicte, le patron du FCE est en droit de demander des explications pour lever tous les malentendus de cette méprise et de dire haut et fort: «Je veux être lavé de tout soupçon.» Dans quelles conditions et dans quel climat se déroulera la rencontre de demain entre le gouvernement, le patronat et l'Ugta? Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, rencontrera ce dimanche au Palais du gouvernement (Alger), les partenaires du Pacte national économique et social de croissance, Ugta et patronat, pour examiner ensemble les points prévus à l'organisation de la prochaine réunion de la tripartite. Un élément de taille laisse entrevoir une rencontre pas comme les autres. Explication: sur sa page Facebook, le Forum des chefs d'entreprise a pris le soin de publier un fac-similé de l'invitation officielle adressée par les services du Premier ministère à Ali Haddad. En d'autres termes, le patron du FCE, ne sera pas un intrus dans cette réunion. Il s'y rendra répondant, en gentleman, à une invitation des autorités. Une mise en garde à peine voilée à ceux qui seraient tentés de rééditer le scénario de l'école de la Cnas de Ben Aknoun quand Ali Haddad a été sommé de quitter la salle avant l'arrivée du Premier ministre. Demain, après l'allocution d'ouverture de la réunion par le Premier ministre, il va falloir briser la glace. Voué à la vindicte, le patron du FCE est en droit de demander des explications pour lever tous les malentendus de cette méprise et de dire haut et fort: «Je veux être lavé de tout soupçon.» Aux mises en demeure dont son groupe a été destinataire, Ali Haddad a répondu par des chiffres à l'appui démontrant que sa responsabilité n'est pas engagée dans ces retards. Faut-il conclure qu'il a été victime de dénonciation calomnieuse? Quand bien même on viendrait charger Ali Haddad de toutes les dérives et de tous les péchés de la République, il a le droit d'abord, à la présomption d'innocence, ce qui n'a pas été le cas et ensuite il y a une manière plus élégante de le lui faire savoir, il faut mettre la forme. Faut-il conclure que le Premier ministre a été fourvoyé dans les rapports qu'on lui a fournis? Si tel est le cas, qui a été derrière cette cabale et à quelle fin? Selon nos informations, les choses sont allées trop vite. Il a certes agi dans l'intention de protéger les intérêts de l'Etat, mais pour les observateurs, Abdelmadjid Tebboune a agi trop vite. Ali Haddad est un partenaire social important dans l'échiquier national. Mais on ne peut pas être partenaire d'un projet si le doute s'installe, si le climat est délétère. Il faut donc assainir la situation à quelques semaines de la rentrée sociale. L'opinion a été déroutée dans cet épisode, à jeter aux oubliettes, surtout des commentateurs se sont lancés dans des analyses allant jusqu'à prédire une rentrée sociale chaotique. Un rendez-vous crucial guetté par de nombreux dossiers comme les retraites, les transferts sociaux, les augmentations de salaires, le pouvoir d'achat etc.... C'est dire à quel point cette affaire a causé du tort à la crédibilité de l'Etat et a contribué à casser le moral des citoyens déjà en berne. Il faut préparer sereinement la rentrée sociale loin de toutes les manoeuvres politiciennes. Actuellement, les regards sont braqués vers 2019 et tous les raccourcis sont faciles à emprunter vers cette affaire qui fait jaser par anticipation. Pas seulement, mais une atmosphère délétère à la veille des élections locales intéresse des clans qui pullulent dans les sphères décisionnelles et au sein même du parti majoritaire, le FLN. Après les explications viendra donc la réconciliation pour sauvegarder cette paix sociale si chère à l'Ugta, un autre acteur de taille entraîné malgré lui dans cette méprise. Le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a toujours joué le rôle de pompier dans le maintien de cette stabilité acquise au prix de lourds sacrifices. Dans toutes ses interventions, il exhorte les syndicalistes à éviter toute position radicale dans la résolution des problèmes des travailleurs. «Nous sommes les gardiens et veilleurs sur la stabilité sociale. Les Algériens qui doivent préserver la stabilité du pays trouveront les syndicalistes au premier rang», a-t-il affirmé lors de son discours du 1er Mai à l'occasion de la Fête des travailleurs ajoutant que «la lutte syndicale à laquelle appelle l'Ugta est basée sur la confiance entre le patronat et l'Etat, ce qui permet de réaliser des acquis pour les travailleurs».