L'opérateur totalise au 30 juin dernier 15,5 millions d'abonnés. A l'ère du digital, le nombre d'abonnés n'est pas synonyme de revenus plus importants. Le groupe Veon maison mère de Djezzy a rendu avant-hier, les résultats du deuxième trimestre 2017 en affichant un certain nombre d'indicateurs qui démontrent une baisse des revenus de la compagnie. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, et aucun observateur averti ne peut nier que la reprise opérationnelle de l'entreprise après plus de 5 ans de blocage peine à atteindre la vitesse de croisière, surtout en considérant les nombreux obstacle réglementaires se dressant sur le parcours de Djezzy. La volonté de créer un marché de type anglais réparti entre les trois opérateurs s'est fait aux dépens de Djezzy: maintien du statut d'opérateur dominant pendant neuf ans, une asymétrie tarifaire pénalisante et refus de l'utilisation des infrastructures internationales dans lesquelles la société a considérablement investi et qui reviendraient aujourd'hui à une EPE algérienne après l'acquisition par le FNI en janvier 2015 des 51% du capital de l'entreprise. En somme, un environnement qui ne favorise pas un redéploiement harmonieux de Djezzy au moment où tout le monde s'attendait à une véritable relance de la machine, suite aux accords VEON-FNI. Dans le même temps, le processus de transformation mené depuis avril 2015 pour faire de Djezzy l'opérateur digital de référence en Algérie n'est pas encore achevé pour tirer toute conclusion qui, dans l'état actuel des choses, donnerait une fausse lecture de la situation d'Optimum télécom Algérie. Que disent les résultats? Que la baisse est de 8% comparativement à la même période en 2016, avec une diminution importante de cette baisse qui était de 15,2% dans la période précédente. Ce qui signifie que le nouveau management a pu arrêter l'hémorragie que la société subit depuis la fin 2014. Le nombre d'abonnés data a dépassé les 7 millions de clients. Une indication de taille qui prouve que Djezzy est déjà dans le marché de demain et que les offres digitales mises sur le marché suscitent l'intérêt des consommateurs. Dans un marché où s'exerce une forte concurrence, Djezzy subit également l'érosion de sa base d'abonnés globale. Bien entendu, l'augmentation du prix du modem qu'il a été le premier à lancer en novembre 2016, au lendemain de l'ouverture du réseau 4G, y est pour quelque chose. Mais il n'y a pas que ça. Djezzy est dans une phase d'éducation d'un marché totalement déstructuré, tant par la stratégie de dumping que par la cannibalisation du produit menée par la concurrence. Les produits 4G se vendent au prix de la 3G, ce qui veut dire que Djezzy n'a pas augmenté ses tarifs, agissant en totale conformité avec les orientations du gouvernement. Djezzy totalise au 30 juin dernier 15,5 millions d'abonnés. A l'ère du digital, le nombre d'abonnés ne signifie pas forcément des revenus plus importants. Mais cela veut dire que Djezzy est aujourd'hui face à un nouveau challenge où il doit consolider sa base clients et faire en sorte de gagner plus d'abonnés et les initier au monde digital. Il faut dire que la construction du nouveau Djezzy totalement digital ne se fera pas du jour au lendemain, mais s'inscrit dans un processus de moyen terme, comme indiqué par le CEO de VEON Jean-Yves Charlier. Ce programme de transformation et la mise en oeuvre d'un nouveau modèle d'entreprise doit absolument trouver des moyens d'émancipation à travers le développement d'une économie digitale qui, malheureusement, tarde à se concrétiser. Si le paiement électronique et le paiement mobile attendent toujours un cadre réglementaire pour trouver un début de concrétisation sur le terrain, il n'en demeure pas moins que le secteur économique et particulièrement l'industrie des télécoms fait l'objet d'importantes pressions fiscales. Ce qui n'est pas de nature à faciliter la mutation du secteur vers le monde technologique et digital. Lorsque la TVA sur le data passe de 7% à 19%, alors que la taxe sur le rechargement électronique passe de 5% à 7% sans compter la TVA globale qui atteint le taux de 19% au lieu de 17% auparavant, quel opérateur peut prétendre aujourd'hui réaliser de meilleures performances? Ajouter à cela l'inflation galopante et la dévaluation du dinar, il ne faut plus se contenter de regarder les chiffres d'un seul oeil mais bien au contraire, analyser l'ensemble des facteurs qui rentrent en jeu et qui permettent de lire avec objectivité les résultats. Aujourd'hui, l'effet de la dévaluation impacte toute l'économie nationale et pas seulement l'industrie. Mais ce qui est certain c'est que la majorité des produits de large consommation a connu des augmentations sauf la téléphonie mobile. C'est tout dire.