Les maladies à transmission hydrique font peser une menace sur la santé publique. Les étés algériens sont synonymes ces dernières années de prolifération de maladies à transmission hydrique et autres conséquences, souvent à cause d'un manque d'hygiène et de mauvaise gouvernance de la gestion de la cité. Pour cette année, les pouvoirs publics entendent prendre les devants. Mais cela n'a pas empêché la typhoïde de frapper à l'est et la méningite à l'ouest du pays. Et pour cause, la typhoïde menace les habitants des 564 logements sis à Aïn El Bey, avons-nous appris de sources sûres. En effet, une cross-connexion a été détectée au niveau de ce quartier par les citoyens après avoir douté de la qualité de l'eau distribuée. Cependant, jusqu'à hier, les services du laboratoire d'hygiène et de la santé n'ont prélevé aucun échantillon susceptible, après procédures d'analyse, de déceler si l'eau est contaminée. L'irrégularité dans la distribution de l'eau potable, à laquelle sont confrontés ces services, constitue la principale entrave pour procéder à des prélèvements. Dans le même temps, les services de l'Algérienne des eaux (ADE) s'attellent à situer avec précision la cross-connexion. C'est donc une véritable course contre la montre qui est engagée dans cette ville, qui connaît là sa première alerte à la typhoïde de ce début d'été. Ces dernières années, le phénomène des cross-connexions a fait beaucoup parler de lui. Les travaux de rénovation des conduites d'eaux usées entamés par l'Office national d'assainissement, n'ont pas réglé tous les problèmes. La qualité de l'eau demeure suspecte dans certains quartiers, dont les habitants continuent de s'alimenter à partir des citernes. Si la typhoïde menace les habitants de Constantine, elle est une réalité à Aïn M'lila, wilaya d'Oum El Bouaghi. Pas moins de 82 personnes, dont des enfants, ont été admises à l'hôpital de la commune de Aïn M'lila pour suspicion de fièvre typhoïde. La majorité des personnes contaminées sont issues de l'ancien Fourchi du village socialiste agricole et de la cité Ternite située au sud de la commune. D'après les constatations effectuées par les instances compétentes, l'eau est contaminée au niveau d'un robinet et de puits collectifs. Branle-bas de combat dans cette bourgade qui est sortie de l'anonymat par le ballet incessant des ambulances qui transféraient les victimes vers l'hôpital. Les services médicaux ont cru dans un premier temps à une intoxication. Dès que la commission ad hoc fut installée par le président du bureau d'hygiène de l'APC, l'ADE a aussitôt procédé à des prélèvements d'échantillons sur le réseau d'eau potable. Les analyses effectuées ont déterminé l'existence de germes géniteurs à transmission hydrique. Guerre contre les rats Selon les services concernés, ce sont les branchements «illicites» sur les conduites d'eau potable, qui provoquent la cross-connexion, une procédure qui est malheureusement pratiquée par des personnes, inconscientes du danger qu'elles peuvent provoquer. Aux dernières informations, on croit savoir que des travaux ont été entrepris suite à une décision d'une commission dirigée installée par les pouvoirs publics, et présidée par le wali. D'autres analyses, avons-nous également appris, sont en cours pour détecter le type de germe avec exactitude. L'objectif est de déclencher la prophylaxie indispensable pour une maîtrise totale du phénomène. Par ailleurs, le spectre de la peste qui avait frappé la localité de Kehaïlia dans la wilaya d'Oran durant l'été 2003 est revenu avec les informations faisant état de l'apparition d'environ 10 cas de méningite cérébro-spinale dans la région d'Arzew. Ces cas confirmés ont mis en émoi les habitants de la capitale de l'Ouest qui s'attendent à vivre l'été avec la peur des MTH. Toutefois, on affirme du côté de l'ADE, comme de celui de la Dsps qu'un plan de lutte et de prévention contre les maladies récurrentes, qui font leur apparition en été, est envisagé. Même les maladies à transmission hydrique sont prises en considération dans ce plan de prévention et de lutte, affirment nos sources. Pour le moment, les services sanitaires de la wilaya de Mascara et ceux d'Oran ont pris les devants en fournissant des raticides pour s'attaquer aux foyers de rats dans la banlieue est d'Oran. Une synergie nécessaire A Sig où 17 points noirs ont été recensés, «la guerre» contre les rats a été scindée en deux phases. La première consiste à s'attaquer aux ordures par l'élimination des décharges sauvages alors que la seconde sera consacrée au traitement des terriers et autres nids des rats des champs et des rats gris. Ce plan de lutte prévoit les localités de Zahana, Kehaïlia et Djeniène Meskine dans la wilyaya de Mascara. Les bureaux d'hygiène communaux ont été instruits pour recenser et s'attaquer aux décharges pouvant constituer de sources des maladies durant cet été 2005. Ce branle-bas de combat des autorités tant locales que centrales se justifie amplement au regard de la menace réelle que font peser les maladies à transmission hydrique sur la santé publique. A ce propos, une journée nationale de sensibilisation et de prévention du risque alimentaire sera organisée aujourd'hui à Alger, apprend-on auprès du ministère du Commerce. Animée par des cadres de la direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes et des représentants des secteurs de la santé, de l'agriculture, de l'intérieur, du tourisme et de la pêche, «cette journée intervient à la veille de l'été qui se caractérise habituellement par une recrudescence des toxi-infections alimentaires collectives, à l'origine de graves problèmes de santé publique pouvant occasionner des pertes humaines comme les cas de botulisme enregistrés à Sétif en 1998 et Tlemcen en 2002», explique un communiqué du ministère du Commerce. L'objectif est de mettre en place une synergie entre les différents acteurs institutionnels concernés à tous les niveaux. Le commun des Algériens n'a effectivement pas oublié les épidémies de typhoïde, de conjonctivite et encore moins la réapparition de la peste.