Acteur et ambassadeur du cinéma égyptien, Ezzat El Alayli a participé à plus de 70 films au cinéma entre 1962 et 2000. Diplômé de l'Institut supérieur d'art dramatique en 1960, il est un acteur sélectif, reconnu pour ses rôles «engagés», ses films de genre, dramatique ou politique. Ses rôles ont souvent rejoint des questions liées à la pauvreté et à la paysannerie, aux thèmes récurrents de la terre, de la patrie et de la liberté. Ses choix de personnages ont été marqués en particulier par le courant «réaliste» du cinéma égyptien («La Terre», 1968, «Le Vendeur d'eau est mort!», 1977, «Le Collier et le bracelet», 1986, «Citoyen Masri», 1991). Izzat El Alayli a une longue histoire avec l'Algérie. Elle est à la fois cinématographique, affective, liée en partie à sa collaboration avec le cinéaste algérien Ahmed Rachedi. Mais pas que. Présent à la dixième édition du Festival international du film arabe, il était invité d'honneur. Il a tenu à s'y rendre, alors que venait de décéder il y a quelques jours son épouse. Dans un bref entretien, ce géant de l'art égyptien se confie à L'Expression tout en déclarant tout de go être «très heureux d'être à Oran»... L'Expression: Vous qui avez traversé moult générations, que pensez-vous du cinéma d'aujourd'hui comparé à celui d'avant? Izzat El Alayli: Le cinéma arabe change. Il est à l'image des bouleversements politiques qui secouent le Monde arabe. Le cinéma est un art qui reflète la réalité sociale d'un pays. Tu peux connaître et découvrir la réalité sociopolitique d'un pays à travers son cinéma, à un moment donné dans l'histoire. Chaque génération a ses propres précautions. Les sujets abordés durant les années 50, 60 ou 70 ne sont pas les mêmes aujourd'hui. L'art est l'ombre de la société sur la Terre. Quand tu fais un bon film, tu ne peux que refléter la vraie image d'une réalité qui existe. Et la réalité sociale est habitée par le politique. Elle est politique. Quand on parle de Izzat El Alayli on cite le théâtre, le cinéma, la télé et le livre. Quel genre vous attire le plus? Ils sont tous complémentaires. Le théâtre complète le cinéma et le livre. Il n'y a pas une chose qui soit au-dessus de l'autre. La ligne maîtresse que l'homme porte est sa nationalité, sa terre et son peuple ainsi que la carte géographique entière du Monde arabe. Le Moyen-Orient ou le Maghreb...Je porte tout ceci en moi en tant qu'artiste et non pas comme un homme politique. Toutefois, la politique influe sur moi. Elle me touche... Racontez-nous votre expérience cinématographique avec Ahmed Rachedi dans le film Le Moulin de monsieur Fabre, sorti en 1983... L'expérience était très belle. Elle a scellée à tout jamais mon rapport amical avec Ahmed Rachedi. Et même sur le plan familial, pas seulement sur un plan individuel. Vous allez être honoré au prochain Salon du livre, un mot là-dessus... C'est un grand honneur pour moi que d'être honoré ici en Algérie bien entendu. La place de l'Algérie est énorme dans mon coeur. J'ai d'ailleurs un lien indéfectible avec l'Algérie. J'ai assisté à la Fête de l'indépendance de l'Algérie en 1963. J'ai visité de nombreuses villes en Algérie, à l'instar de Tizi Ouzou, Tébessa etc. Je l'ai parcourue du nord au sud, de l'est à l'ouest. J'étais effectivement admiratif envers votre président de la République Ben Bella. Le mouvement politique dans la nation arabe m'importe, tout comme je m'intéresse bien entendu à la réalité politique en Egypte. Cela n'a pas de différence.