Le feuilleton du découpage administratif, ne semble pas devoir trouver son issue. Alors que 2017 tire à sa fin, les noms des wilayas «déléguées» promises pour les Hauts-Plateaux, sont toujours en stand-by. Or, selon la rumeur qui circulait ces derniers jours, ce découpage aurait été remis aux calendes grecques. Ce qui ne serait guère une surprise. Toutefois, les difficultés économiques que connaît le pays n'excusent pas totalement cet attentisme. En effet, ce découpage est programmé depuis les années 1990 - plusieurs versions ont même paru dans la presse nationale, confirmées d'ailleurs par les 10 wilayas «déléguées» du Sud créées en 2016 - mais constamment retardé pour des raisons pas toujours évidentes. D'autant plus que le réaménagement territorial obéit à des besoins autant sociaux, économiques que stratégiques. Ainsi, des centaines de localités - et leurs populations - sont dépourvues des mécanismes représentatifs de l'Etat [APC et wilaya]. La population de l'Algérie a doublé depuis le premier découpage national de 1974. Aussi, le nombre des entités locales et régionales (communes et wilaya) qui a peu évolué ne répond plus aux nécessités qu'exige un développement intrinsèque au niveau local et régional. En fait, le tracé administratif et le nombre des nouvelles wilayas - à quelques variantes près - sont formalisés depuis près de trois décennies, ce qu'illustre la création des wilayas «déléguées» du Sud, qui n'a fait que valider les noms déjà annoncés par la presse dès 1994. Dès lors, la question se pose: qu'est-ce qui empêche l'adaptation du tissu territorial national à la réalité de l'Algérie de 2017? Se fondant sur la loi 90.08 du 7 avril 1990 relative à la wilaya, notamment son article premier, les autorités arguent de la «déconcentration» comme le stipule l'article cité selon lequel «La wilaya algérienne est une collectivité territoriale créée par la loi et une circonscription administrative déconcentrée de l'Etat». Déconcentrée, ne veut pas dire nécessairement décentralisée, dès lors que la wilaya, plus exactement l'Assemblée populaire de wilaya (APW), ne dispose pas du pouvoir adéquat pour fonctionner comme un démembrement du gouvernement et être l'interface entre les gouvernants et le citoyen. Bien au contraire, la wilaya, selon le nouveau concept de «wilaya déléguée» induit un recul par rapport à la wilaya originelle. Le ministre de l'Intérieur, Nour-Eddine Bedoui, explicitant cette politique indiquait en 2015 - après l'adoption du principe de création de nouvelles wilayas - que «les 10 wilayas déléguées instituées dans le sud du pays au début de cette année devront se préparer pour devenir «dans quelques années» des wilayas à part entière». Dans «quelques années»! Voici donc les wilayas soumises à un examen probatoire. On n'a pas eu ce souci en 1974 et 1984, lorsque des villages et petites villes ont été parachutés chefs-lieux de wilayas qui, outre des ratages retentissants, ont provoqué des dépenses gigantesques à l'Etat pour mettre ces villages à niveau. Ces villages ont été élus du seul fait que tel ou tel cacique, en était originaire. Lors du découpage de 1984, la daïra de Chéraga a été rattachée à la nouvelle wilaya de Tipasa, avec pour effet un fait incongru: la nouvelle wilaya avait ses frontières en plein carrefour du 5 Juillet (ex-Chevalley) au coeur d'Alger. Ce n'est là que l'une des erreurs les plus significatives - il y en avait d'autres - du peu de sérieux avec lequel le découpage territorial avait été effectué. Autre anomalie, les 13 wilayas «déléguées» d'Alger, qui font que le territoire de la capitale est dirigé par 14 walis! Absurde? En attendant, les autorités rassurent quant à la promotion des nouvelles wilayas «déléguées» dans les Hauts-Plateaux - en attendant celles du Nord en 2019 - comme l'a encore réitéré récemment le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire qui a assuré qu'elles seront finalisées avant la fin de 2017. Mais quand? D'autant plus que les élections locales (en novembre prochain) se rapprochent à grands pas. Qui dit nouvelles wilayas, dit aussi nouvelles communes, dès lors que les Hauts-Plateaux sont autrement plus peuplés que le Sud. Alors, ce sera avant ou après les élections combinées APC-APW? Cela compliquera la donne surtout si de nouvelles communes sont érigées qu'il faudra doter des infrastructures et édiles essentiels à leur fonctionnement. S'il est évident qu'il n'est pas simple de configurer la nouvelle carte administrative du pays, il est tout aussi patent que les tergiversations des autorités publiques contribuent à induire le doute, compliquant ce qui devrait rester dans les limites de l'exercice technique. Aussi, la question se pose: le découpage territoire, c'est oui ou non?