Les élections communales sont proches. Or, aucune nouvelle commune n'a été créée depuis le découpage territorial de 1984. Si le nombre des communes [1541] n'a pas bougé, ce n'est pas le cas pour la population, passée de 28 millions à 41,7 millions d'habitants en 2017. Gérer, c'est prévoir; un découpage territorial (wilaya ou commune) n'est pas une fantaisie, mais une exigence induite par le développement du pays et les besoins inhérents au mieux vivre des populations. En 1974 (premier découpage du pays), des villages ont été promus chefs-lieux de wilaya. En 2015 on a créé des wilayas déléguées. Des wilayas «à l'essai»! Une régression inconcevable. Soit nous avons les compétences pour des nouvelles entités administratives, soit nous n'en avons pas. C'est tout! Or, eu égard aux milliers de diplômés des universités et des grandes écoles - une majorité des jeunes chômeurs - la question ne devait pas se poser. Promise pour 2016, la création de nouvelles wilayas «déléguées» dans les Hauts-Plateaux est toujours en stand-by. Il y a donc confusion dans la manière de gérer le territoire national. L'administration est-elle prête à assumer ses responsabilités envers les citoyens? Si oui, pourquoi tergiverse-t-elle autant pour une action favorable à une meilleure gestion sociale et économique du pays? Si ce n'est pas le cas, à quoi riment les annonces d'un futur découpage territorial? Aussi, revoir la composante communale du pays est désormais une nécessité. Ce n'est pas du tout normal que de nombreuses «agglomérations secondaires» devenues de grandes villes n'aient pas accédé au statut de commune. En effet, en Algérie, une commune peut comporter plusieurs localités: l'agglomération du chef-lieu (ACL) siège de la mairie et des agglomérations secondaires (AS), souvent laissées à l'abandon par les édiles des ACL. Selon l'ONS (Office national des statistiques) il y a en Algérie près de 14.000 localités, regroupées dans 1541 communes. Ce qui veut dire que plus de 12.000 localités [peuplées, chacune, pour des centaines d'entre-elles par plus de 50.000 habitants] n'ont pas d'administration municipale. Cela en sus des «villes nouvelles» surgies ces dernières décennies. Le cas de «Ali-Mendjeli» à Constantine est exemplaire. Malgré une population évaluée entre 350.000 et 400.000 habitants, Ali-Mendjeli n'a ni statut ni administration propres. Edifiée sur les territoires des communes de Aïn Smara, El Khroub et Constantine, Ali-Mendjeli - gérée par l'APC d'El Khroub - est ballottée entre les trois municipalités qui en rejettent la responsabilité ou s'en servent selon les circonstances. Nous citons cette ville nouvelle, parce que la plus emblématique, mais aussi par le fait que sa population n'est pas inscrite sur les listes électorales. Transférés en majorité de Constantine, les habitants de la nouvelle ville sont toujours inscrits sur les listes de cette commune. De fait, lors des législatives de mai dernier, moins de 20.000 habitants de Ali-Mendjeli étaient inscrits sur les listes de la commune d'El Khroub selon l'administration locale. On peut préjuger que c'est le cas pour les autres villes nouvelles et agglomérations secondaires. Ce qui, d'une élection à l'autre, fait gonfler le nombre des non-votants. Il y a donc, comme un défaut dans la gestion et la marche des communes en Algérie. Est-il difficile d'aborder un sujet aussi technique qu'est le découpage administratif? Or, son opportunité d'améliorer les rapports entre administrés et administration d'une part, corriger les difficultés apparues d'autre part, conforter le mieux-être des populations enfin est évidente. Il faut croire que le découpage administratif est devenu au long des années un enjeu politique. Il y eut des ministres qui promettaient aux villes où ils faisaient campagne d'ériger leur village en wilaya. Sans doute que le problème n'est plus là, dès lors qu'il y a un impondérable au regard de l'accroissement de la population alors que le nombre des communes reste constant. La wilaya de Djelfa [sa population a sextuplé depuis 1974, passant de 200.000 à plus de 1.200.000 habitants, et la ville de 40.000 à plus de 300.000 personnes] illustre parfaitement la nouvelle donne communale. De fait, un tel découpage est une exigence aussi bien administrative que sociale et économique. Il serait absurde de maintenir le nombre de 1541 communes, pour une population qui atteindra les 42 millions d'habitants lors du prochain scrutin. Dès lors, tout report dans la mise en place des nouvelles wilayas et communes aura un impact négatif et nourrira les soupçons quant à une instrumentalisation d'un découpage qui, dans tous les cas de figure, doit conserver son caractère administratif et technique.