En dépit de quelques «ouvertures» sporadiques, la situation sociopolitique reste assez précaire. Le monde arabe n'en finit pas de ramer à contre-courant. Et ce n'est évidemment pas sur ses dirigeants- «autoritaires» et «despotiques»- qu'il faudrait, peut-être un jour, compter pour espérer instaurer en son sein la culture de la démocratie et des droits de l'homme. Encore moins sur les puissances mondiales, l'Occident en particulier, dont le seul et unique souci est de faire main basse- et sans partage- sur ses richesses naturelles. Sans plus. Si ce n'est toutefois quelques manifestations d'intérêt qui prennent plutôt une allure démagogique qu'une réelle préoccupation. Le rapport 2004 du Programme des Nation-unies pour le développement humain (Pnud) sur le développement humain dans le monde arabe, présenté hier à Alger, est, à ce sujet, patent. La situation des libertés et des droits de l'homme dans les pays arabes, en dépit de quelques «ouvertures» sporadiques, engagées au forceps, par certains pays, reste assez timide, voire précaire. Les libertés d'opinion, d'expression, d'organisation, de création...sont, selon Abdelouahab Rezig, l'un des rédacteurs du document, limitées. Les activistes des droits de l'homme sont empêchés d'agir et très souvent persécutés par les régimes en place. Les droits de l'homme, constamment violés. Les «multicandidatures» aux élections présidentielles sont rares au même titre que la participation citoyenne à ce genre de rendez-vous qui n'est, selon celui-ci, que peu significative. Sans oublier la question lancinante de l'égalité des sexes dont seuls quelques pays ont osé franchir le Rubicon, etc. Ce sont là, en somme, quelques exemples par le biais desquels les rédacteurs du rapport- qui sont dans leur majorité des intellectuels indépendants- esquissent la réalité sociopolitique des pays arabes. Pour autant, reconnaît M.Rezig, des progrès «réels» en matière de réformes démocratiques sont perceptibles pour ce qui est de quelques pays ayant opté pour la voie des réformes. Et l'Algérie, soutient ce dernier, vient en tête du podium. Le contexte tant sur le plan interne qu'au niveau international a favorisé l'émergence d'une prise de conscience. Celle-ci a connu ses premiers balbutiements au cours du sommet de la Ligue arabe de Tunis l'année précédente. Depuis, se sont multipliés les appels aux réformes politiques. La charte d'Egypte et le dernier sommet d'Alger de l'organisation arabe ont donné corps à quelques revendications dont, par exemple, la mise en place, pour la première fois dans l'histoire de la ligue, d'un parlement ouvert à la société civile. Le même rapport tire ses arguments, dans le même propos, des élections en Irak et en Palestine, de la mobilisation politique locale au Liban, des élections municipales en Arabie Saoudite mais aussi de l'annonce par le gouvernement égyptien des élections présidentielles ouvertes aux autres candidats. Ce n'est pas tout, les pays du Golfe dont la promotion des libertés n'est pas leur première qualité, tentent, en allant parfois jusqu'à braver l'opposition de leur opinion publique, quelques actions en faveur des . C'est le cas du Sultanat d'Oman qui a décidé de faire participer les aux élections législatives. Mais aussi celui du Maroc qui a promulgué une loi assez courageuse pour protéger les droits des . Un sondage d'opinion effectué par l'organisme onusien dans cinq pays arabes a révélé un consensus général sur le fait que les gouvernants «doivent prendre des mesures contre la corruption généralisée et ouvrir, par là même, leurs systèmes politiques de manière à garantir aux citoyens une plus grande liberté personnelle et politique». Rima Khalaf Hunaïdi, secrétaire générale adjointe des Nations unies et directrice du bureau régional du Pnud pour les Etats arabes, pour sa part, note, lit-on dans le résumé du rapport, «un changement de l'état d'esprit dans la région» M.Rezig, lui, abonde dans ce sens sans équivoque: «C'est la société civile qui doit impulser la vague des réformes et non les pressions extérieures». Tout en reconnaissant un contexte international qui plaide pour la démocratisation des pays arabes, allusion au très controversé projet américain, le Grand Moyen-Orient (GMO), il appelle les citoyens arabes à s'impliquer autour d'une réforme globale en vue de permettre l'instauration de véritables régimes démocratiques.