Des actions du même genre sont prévues dans les prochains jours Des sit-in sont improvisés au niveau de nombreuses infrastructures hospitalières des quatre coins du pays. Rien ne va plus dans le secteur de la santé. S'il est de notoriété publique que le système de santé en Algérie agonise depuis bien trop longtemps, c'est l'affaire de la parturiente décédée récemment avec son bébé à l'hôpital de Djelfa qui a ouvert la boîte de Pandore. Dévoilant ainsi au grand jour les défaillances et les dysfonctionnements qui caractérisent ce secteur. Très vite devenue une affaire d'Etat, le corps médical a saisi cette occasion pour dénoncer les conditions inacceptables dans lesquelles il évolue dans l'indifférence la plus totale. Ces jours-ci, des sit-in sont improvisés au niveau de nombreuses infrastructures hospitalières des quatre coins du pays. Des actions du même genre sont prévues dans les prochains jours, notamment à Ben Aknoun, où une bonne partie du personnel médical menace de démissionner. Et ce, en guise de soutien à leurs collègues, qui, d'après eux, sont «injustement mis en détention». En effet, l'enquête est toujours en cours pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de la jeune maman et de son bébé, suite à laquelle cinq personnes ont été arrêtées. Parmi lesquelles, trois sages-femmes travaillant dans les trois hôpitaux qui n'ont pas pris en charge la parturiente en question en la renvoyant. Le personnel mis en cause est poursuivi pour négligence et refus de porter assistance à une personne en danger. Quelques jours après, cette décision est tout de suite contestée par le personnel médical de l'hôpital de Aïn Ouessara où l'une des sages-femmes travaille. Rejetant l'entière responsabilité sur la très mauvaise gestion de cet établissement médical en particulier et de ceux du reste du pays en général. Des affaires similaires à celle de la maman de Djelfa sont légion. On apprend régulièrement que de simples malades ou des femmes enceintes meurent pour trois fois rien. Pratiquement tous les jours, des photos sidérantes faisant état de l'insalubrité des salles d'accouchement ou d'opérations à travers le pays défilent sur le Net. Mais à qui appartient vraiment la faute? Le ministère de la Santé est dans cette affaire comme pour d'autres souvent pointé du doigt. L'affaire du décès de la femme enceinte à Djelfa, a mis à nu l'anarchie qui règne en maître dans ce secteur, le manque de sages-femmes et de médecins, notamment dans les régions isolées, est l'une des raisons qui font qu'on arrive à une telle situation. C'est d'ailleurs ce qu'a vivement dénoncé le Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), qui est monté au créneau après l'arrestation de professionnels de la santé, réclamant la libération immédiate de toutes les personnes incarcérées. Estimant que le personnel soignant est présenté comme bouc émissaire. Dans ce cas en particulier, beaucoup remettent en question l'orientation qu'a prise la justice. Ne comprenant pas le fait de mettre en détention des personnes avant même d'avoir des preuves tangibles les inculpant, l'enquête suivant toujours son cours. De son côté, le président de la section régionale des médecins de Blida, a fait part de son incompréhension vis-à-vis de l'arrestation du docteur Ouali, qui remonte à plusieurs jours. Il a indiqué à travers un communiqué que «l'arrestation du docteur Ouali en rapport avec le décès de la parturiente de Djelfa est incompréhensible». Rappelons par ailleurs que l'un des fondements de la responsabilité en droit pénal est qu'elle est personnelle. C'est d'autant plus surprenant lorsque l'on sait qu'à aucun moment le mis en cause n'a pris en charge la jeune maman. Cette affaire bien que malheureuse a tout de même permis d'ouvrir un réel débat sur le fonctionnement du système de santé algérien. Cela incitera peut-être le gouvernement à reformer du tout au tout le secteur de la santé, afin d'éviter, à l'avenir, des situations similaires.