Une vue de Djelfa L'une des sages-femmes mises en cause a réfuté toute responsabilité l'impliquant dans la mort de la jeune maman. L'affaire de la parturiente et de son bébé décédés à Djelfa prend les allures d'un feuilleton télévisé. Son épilogue tarde à venir. Cette situation illustre aussi bien les tergiversations des autorités compétentes à prendre des décisions que les sérieuses défaillances qui caractérisent le secteur de la santé. Quelques jours après ce drame survenu le 24 juillet dernier, le wali de Djelfa a décidé de prendre des mesures pour suspendre et faire passer en conseil de discipline les responsables de la négligence ayant conduit à la mort de cette jeune maman de 23 ans et de son bébé. Sur instruction du wali et de la tutelle, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a décidé de se porter partie civile. Le département de Hazbellaoui a pris des mesures d'urgence, donnant l'ordre de suspendre le personnel médical au niveau des trois hôpitaux (Ain Ouessara, Hassi Bahbah et Djelfa), qui ont tous refusé de prendre en charge la parturiente, en attendant les résultats des enquêtés médicale et pénale. Les premières sanctions sont tombées dans la soirée de jeudi dernier. Au moins cinq personnes ont été mises sous détention provisoire dont trois sages-femmes. Dans la même affaire, deux autres individus ont été placés sous contrôle judiciaire sur ordre du juge d'instruction auprès du tribunal de Aïn Ouessara. Le procureur de la République a entendu 15 personnes dans le cadre de l'enquête. Les trois sages-femmes arrêtées travaillent dans les hôpitaux de Djelfa, Hassi Bahbah et Aïn Ouessara. Les retombées de l'enquête n'ont pas été du goût du reste des fonctionnaires de la santé de Djelfa qui ont organisé un sit-in en signe de protestation contre le renvoi de leur collègue. Saisissant cette occasion pour dénoncer leurs conditions de travail auxquelles ils sont contraints de s'adapter. Plusieurs sages-femmes et aides-soignants ont brandi la menace d'une démission collective dans le cas où leurs collègues ne reprennent pas au plus vite leurs fonctions. Car pour eux, la faute n'incombe pas au personnel médical, mais à l'ingérence des autorités dans la gestion des hôpitaux. Dans une déclaration à la chaîne privée Numidia TV de l'une des sages-femmes qui était de garde cette nuit-là cette dernière a réfuté toute responsabilité l'impliquant dans la mort de la maman, mettant ça sur le compte de la fatigue. «Le décès est dû à la fatigue, après avoir fait la tournée des trois cliniques», a-t-elle souligné, se défendant qu'elle au moins, lui a d'abord fait passer un examen avant de la renvoyer. «Il faut demander à ceux qui l'ont renvoyée de la porte sans même l'examiner, moi j'ai fait ce que j'avais à faire», argue-t-elle. Sur la même vidéo, la sage-femme s'en prend directement au ministère de la Santé, qui d'après elle, n'a pas mobilisé les moyens humains et matériels nécessaires. Comment se fait-il que dans une wilaya qui connaît le 4e taux de croissance démographique, «seulement deux sages-femmes y sont installées», se demande-t-elle. Il faut savoir que cet hôpital reçoit, près de 40 parturientes par jour. De son côté, le Syndicat national des praticiens de santé publique a également déploré les insuffisances en personnel médical, signalant un manque de «70.000 postes du personnel paramédical». Par conséquent, la responsabilité ne repose pas sur telle ou telle personne, mais bien sur les carences que connaît le secteur de la santé depuis des années. Cette tragédie a largement été diffusée sur les réseaux sociaux suscitant une vague d'indignation des internautes et des citoyens en général. Une seule question turlupine bon nombre d'entre eux, c'est celle de savoir pourquoi aucun responsable n'a encore été sanctionné.