Ce qui arrive est du pain bénit pour les extrémistes des deux bords «Il faut relever ce peuple, il faut cesser de le parquer dans son Coran, comme on l'a fait trop longtemps par tous les moyens possibles, il faut lui inspirer, dans ses enfants du moins, d'autres sentiments, d'autres principes, il faut que la France lui donne, je me trompe, lui laisse donner l'Evangile, ou qu'elle le chasse dans les déserts, loin du monde civilisé....Hors de là, tout sera un palliatif insuffisant et impuissant.» Cardinal Lavigerie: Lettre pastorale du 6 avril 1868 Voilà ce que proclamait haut et fort le cardinal Lavigerie accompagnateur d'une armée venue civiliser les Algériens en les enfumant, les brûlant, les tuant et pour les rescapés en tentant de les convertir pour enlever la gangue de l'Islam et faire retrouver le substrat chrétien à l'indigène superficiellement islamisé. Cette citation est là pour montrer que plus d'un siècle plus tard l'antagonisme religieux est toujours d'actualité. J'écris ce billet pour protester contre les boutefeux de tout poil, notamment les hommes politiques français qui se font les dents sur des êtres sans défense, qui naturellement, n'ont pas accès aux médias pour porter la contradiction à ces pyromanes qui font leur fonds de commerce de tout ce qui peut démonétiser une espérance de 1,5 milliard d'individus, religion ni meilleure ni pire que les autres, mais qui est présentée sous un jour couleur de soufre. Ainsi, suite à la mort de 14 personnes dans un attentat en Espagne que, les médias main stream ont rapporté jusqu'à la nausée alors que dans le même temps des centaines de Yémenites meurent notamment du choléra qui fait des ravages, plus de 300 morts en Sierra Leone n'ont pas eu droit à un minimum d'informations. Mon propos vise à m'élever contre les propos nauséabonds d'islamologues auto-proclamés. Il est à se demander quel est le moteur de leur haine, outre le fait de présenter un Islam saignant qui fait vendre? Car ce n'est pas innocent de prendre prétexte des attentats commis par des personnes marginales sans cap pour déclencher un tsunami du choc des civilisations Par contre, quand il s'agit de personnes à protéger, tout est fait pour minimiser leur acte comme c'est le cas de David qui a foncé lui aussi à Paris (les sept sorts) sur des clients tuant une jeune femme et blessant plusieurs personnes. Pas de motifs clairs, sa responsabilité est «altérée» dit-on, et ce n'est pas du terrorisme, c'est quoi alors? Aux Etats- Unis, le même type d'attentat est qualifié de terrorisme intérieur imputé aux suprémacistes. Et à Paris? Nous ne le saurons jamais! Nous le voyons avec toutes les analyses des réactionnaires qui passent en boucle sur les chaînes, pour la plupart je veux citer l'un d'eux qui m'a particulièrement choqué, la certitude d'un «spécialiste» qui tourne en boucle sur les plateaux pour faire de l'islambashing en expliquant toute honte bue l'idéologie des terroristes par un credo: «Al Andalous» que les islamistes veulent reconquérir, en l'occurrence il s'agit de Georges Fenech, émigré de la première génération, né en Tunisie, d'origine maltaise et qui à ce titre d'étranger en rajoute pour paraître plus royaliste que le roi...Il n'a même pas la reconnaissance du pays musulman qui l'a vu naître La même analyse est faite par d'autres spécialistes, dont l'objectif est de minimiser l'apport de l'Islam en n'expliquant ce que représente en fait Al Andalous comme symbiose de tolérance et de coexistence pacifique du judaïsme et du christianisme à l'ombre de l'Islam des lumières que fut l'Islam de Cordoue. Naturellement, les affirmations non dénuées d'arrière-pensée des islamologues, nous rappellent le médiéviste autoproclamé Sylvain Guggenheim avec son ouvrage -Aristote au Mont Saint-Michel-, qui a tenté en vain de montrer que la civilisation islamique n'a rien transmis à l'Occident, que la Renaissance a puisé dans l'héritage grec en court-circuitant le vecteur d'épanouissement et d'approfondissement de la civilisation islamique. Cela ne plaît pas non plus à un spécialiste autoproclamé en tout qui fait de la lutte contre l'Islam sa croisade. L'essor de la civilisation musulmane en Andalousie Pourtant la présence arabo-musulmane en Espagne, entre 711 et 1492, a donné naissance à une brillante civilisation Pourtant, on sait que les juifs ont toujours trouvé en terre musulmane la sécurité et la paix, notamment dans les périodes récurrentes des pogroms; ils n'eurent jamais la paix qu'ils trouvèrent en terre musulmane, notamment dans l'Espagne des Ommeyades. Une langue ne s'impose pas quand elle n'est pas adossée à une production intellectuelle. C'est tout naturellement que les savants de l'époque, juifs, chrétiens assyriens, perses, se sont mis à l'arabe langue plus fluide. Quand Maimonide écrivit «Dalil el Haïrine» «le Livre des égarés», son ouvrage majeur qui est encore une référence dans le monde juif, il le fit en arabe, il aurait pu le faire en syriaque, en hébreu. L'Arabe du Moyen âge était la vulgate planétaire, c'était l'anglais du XXe siècle. On le voit l'esprit d'El Andalous caractérisé par «l'harmonie entre les trois religions» est une réussite humaine, la seule d'ailleurs où les trois religions apportaient chacune leur part au patrimoine culturel de l'humanité à l'ombre d'une religion oecuménique. Mais Il ne faut pas croire ou laisser croire que la vie dans l'Espagne musulmane fut un long fleuve tranquille. Les rois musulmans furent de tout temps confrontés aux velléités de reconquête des rois d'Espagne En 1063, le pape Aléxandre II décidait de l'octroi d'une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans d'Espagne. Les chevaliers de France vinrent en nombre se joindre aux Espagnols. Bien avant donc le début de la Reconquista; vers 1086 après J.C. le déclin des dynasties musulmanes d'Espagne était patent. Les Almoravides (Al Mourabiton) avec Youssef Ibn Tachfin traverseront au total quatre fois le détroit de Gilbraltar pour écarter le péril chrétien. Le roi chrétien continue sur sa lancée et envahit les regions de Valence et de la Murcie et pour la première fois atteint la mer au sud de Grenade à Solobreina. Il installe ensuite 14 000 chrétiens andalous de langue arabe, (les Morisques ou Mozarabes), dans les provinces arrachées aux musulmans. En 1150 l'offensive d'Alphonse VIII de Castille contre Cordoue amène les Almohades à intervenir et à défendre la ville. Alphonse prépara la revanche d'Alarcos en appelant au secours tous les souverains d'Espagne, le roi du Portugal et aussi le pape qui fit prêcher la croisade contre les Almohades. une forte armée chrétienne franchit la Sierra Morena et inflige une sévère défaite à En Nacir le 16 juillet 1212 à El Ugab (Las Navas de Tolosa). Cette date marque un tournant de la présence musulmane en Espagne.Elle donne en fait, le signal de la dislocation des Etats musulmans d'Espagne et qui devra tout de même n'intervenir que prés de trois siècles plus tard avec la chute de Grenade en 1492.(1) En 1492 achèvement de la «Reconquista» espagnole. Prétextant une révolte des Maures des montagnes de Grenade,contre les exactions qu'ils subissent, le cardinal Ximénes de Cisneros arrive à convaincre le roi d'Espagne de porter la guerre contre la base arrière des musulmans: l'Afrique. Suite de la Reconquista; les Maures et les juifs d'Espagne sont obligés de se convertir au Christianisme ou de s'exiler. L'histoire de la Régence a été dans sa grande majorité rapportée par des historiens occidentaux, qui très souvent n'ont pas fait preuve d'une objectivité à toute épreuve. D'après Sir Godfrey Fisher: «Un esprit de franchise et d'équité suggérerait qu'il est moralement impossible d'utiliser deux normes de jugements distincts, qu'on ne doit pas particulièrement traiter de barbares et d'inhumaines, les actions et coutumes des barbaresques et naturelles ou de salutaires celles de nos propres compatriotes, et que nous n'avons pas le droit de passer allègrement sous silence ou de blanchir de manière délibérée, ou de couvrir d'une aura de romantisme les actions menées par nos compatriotes ou nos coreligionnaires à une époque révolue, tout en condamnant souvent celle de l'Infidèle sans vérification et selon des critères qu'aujourd'hui on serait loin de considérer comme réaliste.» (2) L'âge d'or d'Al-Andalous: fondement mythique du projet irrédentiste islamiste On a expliqué les attentats de Barcelone par «Al Andalous»: «Si l'on compare les mobiles des attentats de 2004 à Madrid et celui d'hier, il est intéressant d'observer que les motivations réelles des attentats terroristes commis dans les deux villes espagnoles ont été «expliquées» et légitimées de façon limpide dans une vidéo très significative diffusée par l'Etat islamique en 2014, depuis la Syrie («Cham»): «Au nom d'Allah le Miséricordieux, nous allons mourir pour elle jusqu'à ce que nous ayons récupéré toutes les terres musulmanes perdues, De Jakarta à l'Andalousie et je vous le dis, l'Espagne est la terre de nos ancêtres et nous la récupérerons avec l'aide de Dieu.» (3) Alexandre del Valle spécialiste du dénigrement de l'Islam nous explique que les terroristes veulent mettre en oeuvre une Reconquista à l'envers. Il explique leurs motivations par l'obsession de récupérer Al Andalous: «Le territoire comme enjeu de rivalités géopolitiques peut donc être irréel, mythifié, voire rêvé ou pleuré, comme cela est le cas d'Al-Andalous (l'Espagne ou de la Sicile islamique du passé, territoires clés du supposé Age d'or islamique de jadis, puis, bien sûr, de la Palestine occupée, pleurée du Maroc au Pakistan par la supposée Oumma. Dans ce cas, la perte du territoire associé à un Age d'or, tel qu'Al-Andalous ou la Palestine constitue une représentation géopolitique suffisamment puissante pour mobiliser, nombre de militants de l'islamisme radical et pour justifier une forme d'irrédentisme politico-religieux.» (4) Allant plus loin dans sa logorrhée Alexandre del Valle met la Palestine dans le même sac de territoires irrécupérables Cinq siècles après l'expulsion des Maures d'Espagne, les islamistes radicaux et nombre d'idéologues musulmans nostalgiques de cet âge d'or, prétendent ouvertement reconquérir à rebours l'Andalousie et l'Espagne islamiques (et même la Sicile et les Balkans ou la Grèce). Il cite aussi un auteur qui va dans le même sens: «Du point de vue tant idéologique que géostratégique, la dangerosité - selon l'auteur - de l'irrédentisme islamique à propos d'Al-Andalous, a été également mise en lumière par l'islamologue espagnol Gustave de Aristegui, qui rappelle que le mythe andalou est une vraie obsession pour nombre d'intégristes islamiques du monde depuis la chute de Grenade.» (4) «Pour ces néo-convertis radicaux de gauche ou d'extrême-gauche, sur lesquels nous avons enquêté, l'âge d'or islamique d'Al-Andalous fonctionne comme le mythe justificateur de l'islamisation-expiation de l'Europe ex-coloniale, «inféodée à l'impérialisme américano-sioniste», et susceptible de retrouver une légitimité révolutionnaire en embrassant la religion par excellence des opprimés et de l'égalité que serait l'islam. Alexandre del Valle nous apprend enfin qu'il existe un mouvement qui prône le retour: «Al Mourabitoun» par analogie aux Almoravides qui ont battu les rois espagnols. Il écrit: «Parmi les mouvements islamistes composés de convertis basés en Andalousie qui invoquent de façon systématique le mythe de l'âge d'or d'Al-Andalous pour justifier une réislamisation de l'Espagne contemporaine, nous avons voulu notamment signaler le cas particulier et emblématique du mouvement islamiste européen Al-Mourabitoun, créé par l'Ecossais Peter Van Leyck. Officiellement appelée Communauté islamique en Espagne, Al-Mourabitoun est implantée dans toute l'Espagne, principalement à Séville et à Grenade, siège de l'association. A la recherche de l'Age d'Or islamique d'Al-Andalous, le noyau dur, établi depuis deux générations en Andalousie, a essaimé dans toute l'Europe, de Londres à Barcelone, en passant par Stockholm, Milan et Gènes, où des conférences sont données au profit de jeunes Européens invités à venir faire des «pèlerinages de conversion en Andalousie», afin de retrouver «l'âge d'Or de la civilisation islamique européenne». Pour les membres d'Al-Mourabitoun, l'Islam serait la seule voie permettant de se «désaliéner» et de poursuivre la révolution. Un rapport des services de renseignements espagnols définit Al-Mourabitoun comme «courant islamique de caractère islamo-occidental, préconisant une troisième voie islamique', antisioniste teintée d'une vague inspiration néo-nazie ou national-révolutionnaire' (...) les liens entretenus avec des mouvements de type sunnite radical, d'une part, et des organisations d'extrême-droite, d'autre part.» (4) La perception de l'immigré et de l'Islam en France Travaillés d'une façon insidieuse, servis par l'atmosphère de guerre du fait des attentats qui donnent une image désastreuse de l'Islam, les Occidentaux s'en remettent aussi aux sirènes et votent comme un seul homme contre l'étranger, et l'Islam. C'est le cas en France ou une enquête bien «dirigée» nous apprend: «Les fractures de la société française continuent de se creuser. D'après l'enquête annuelle d'Ipsos en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès et Le Monde publiée lundi 3 juillet 2017, l'immigration et l'islam sont toujours des sujets de crispations pour les Français. Ainsi, ils sont 65% à juger ainsi qu'il «y a trop d'étrangers en France», alors que 35% ne le pensent pas. 60% des Français déclarent que, «aujourd'hui, on ne se sent plus chez soi comme avant». Enfin, 61% des personnes interrogées estiment que, «d'une manière générale, les immigrés ne font pas d'efforts pour s'intégrer en France», même si une majorité (54%) admet que cette intégration est difficile pour un immigré. L'évolution du regard porté sur l'Islam est tout aussi négative. Seulement 40% des Français considèrent que la manière dont la religion musulmane est pratiquée en France est compatible avec les valeurs de la société française. Ils sont 60% à penser le contraire. De même, 74% des Français jugent en revanche que l'islam «cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres». Concernant l'islam radical, 46% des Français interrogés estiment que «même s'il ne s'agit pas de son message principal, l'islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d'intolérance». Un chiffre en augmentation depuis l'an dernier.» (5) Ce qui arrive est du pain bénit pour les extrémistes des deux bords et plus particulièrement ceux qui veulent à tout prix le clash en essayant de soulever l'Europe contre les musulmans européens qui sont les premiers à souffrir de ces dérives islamistes car le terrorisme est aveugle. 30 morts de l'attentat de Nice étaient musulmans La civilisation islamique, notamment celle d'Andalous a sa place parmi les grandes civilisations. Ceux qui l'ont portée aux nues étaient musulmans, mais aussi juifs, zoroastriens, chrétiens. Bref des Arabes, des Egyptiens des Assyriens, des Perses, des Phéniciens des Berbères et Palestiniens qui se sont épanouis à l'ombre de l'Islam et d'une langue qui a connu ses heures de gloire. Les Arabes n'étaient qu'une composante, mais le miracle de la langue arabe est qu'elle a été la langua franca pendant des siècles. Un seul bémol: le sort actuel des peuples musulmans arabes n'est pas dû ni à la langue, encore moins à l'Islam mais à leurs dirigeants, notamment ceux du Golfe qui se sont installés dans les temps morts, pour l'éternité avec la complicité active de l'Occident qui pratique le double standard alors que c'est d'eux que provient la mauvaise image qu'ils donnent de l'Islam en encourageant et en finançant une idéologie mortifère. 1.Ch. A. Julien: Histoire de l'Afrique du Nord. T. 2: Edts Payot Paris. Edts Sned Alger.1978 2.A.Fisher:The barbary légend,p. 44,London (1957);Trad.de F.Hellal.Editions O.P.U. 1991. 3.http://www.atlantico.fr/decryptage/conquete-pourquoi-attentats-barcelone-ont-haute-valeur-symbolique-pour-nebuleuse-islamiste-mondiale-alexandre-del-valle-3140044.html 4.http://www.atlantico.fr/rdv/geopolitico-scanner/mythe-al-andalous-et-superiorite-science-arabo-musulmane-carburants-totalitarisme-islamiste-2980370.html/ 5.http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/03/l-immigration-et-l-islam-demeurent-des-sujets-clivants-en-france_5154770_823448.html