Beaucoup d'émotion et d'amertume se lisaient sur les visages des journalistes de La Tribune La représentante des héritiers de l'actionnaire principal du journal, Mme veuve Ameyar est plutôt optimiste de rouvrir les portes du journal dès la rentrée prochaine. Le collectif du quotidien La Tribune a organisé hier un sit-in à l'intérieur du siège de la Maison de la presse Tahar-Djaout. Tous les intervenants parmi les journalistes venus se solidariser avec leurs confrères et consoeurs ainsi qu'avec les travailleurs du journal, s'accordent à dire que «le combat contre la mise à mort du journal ne concerne pas uniquement le collectif de La Tribune, mais il doit susciter la solidarité agissante de l'ensemble de la corporation car la disparition du journal comme La Tribune ouvrira la voie à la disparition d'autres organes parce qu'étant donné les difficultés financières dans lesquelles pataugent la plupart des journaux, les patrons et les actionnaires sont plutôt tentés d'opter pour la liquidation, une solution facile à leurs yeux». Beaucoup d'émotion et d'amertume se lisaient sur les visages des journalistes de La Tribune quand la représentante du collectif a pris la parole pour rappeler comment du jour au lendemain deux actionnaires minoritaires se sont présentés pour leur annoncer la fermeture unilatérale du journal et leur mise en congé forcé. Ceux qui ont répondu à l'appel du collectif du journal ont tenu à exprimer leur entière solidarité avec les salariés dudit quotidien. Le journal La Tribune, un des titres d'une expérience distinguée sur la scène médiatique, une véritable école de formation journalistique, mérite un meilleur sort, soulignent de nombreux journalistes. Par ailleurs, à l'exception de Dzaïr TV, la totalité des chaînes de télévision privées ont brillé par leur absence au sit-in de solidarité auquel a appelé le collectif du quotidien. De même, pas l'ombre d'un éditeur n'a été signalée à ce rassemblement. Pour d'aucuns il est un devoir pour tout journaliste de porter un soutien à ses confrères de La Tribune qui passent par une épreuve difficile. Le laisser aller et la désorganisation coûteront cher à la corporation qui jusqu'ici ne dispose même pas d'un syndicat digne de ce nom. «Aujourd'hui c'est La Tribune qui meurt, demain ce sera un autre journal», dira une journaliste syndicaliste. Les intervenants insistant sur la nécessaire reparution du journal afin de préserver les emplois de ses travailleurs. «Quelles que soient les raisons invoquées pour justifier cette liquidation, nous réitérons énergiquement notre attachement à la sauvegarde du titre La Tribune: outil de travail et employeur d'une soixantaine de travailleurs tous corps confondus», peut-on lire sur le communiqué du collectif. Présente au sit-in, la veuve de Kheireddine Ameyar est plutôt optimiste de rouvrir les portes du journal dès la rentrée prochaine. L'actionnaire principal avec 46% des parts de la Sarl Omnium Maghreb Presse, éditrice du Journal, qui sont les héritiers Ameyar, présentera demain ses conclusions au juge du tribunal de Sidi M'hamed en charge de ce dossier. Mme Ameyar a affirmé que les chiffres, distillés par les actionnaires minoritaires, dont les 40 milliards de DA de dettes, «sont faux». La qualité d'actionnaire majoritaire a été toujours contestée et refusée aux héritiers Ameyar depuis 2001 par les deux actionnaires qui veulent liquider aujour-d'hui le journal, a-t-elle rappelé. «On est officiellement associé au journal depuis 2011», a-t-elle soutenu. Auparavant, les héritiers Ameyar avaient introduit une intervention volontaire auprès du juge des référés pour faire partie de la requête de la liquidation de l'entreprise. Elle a dénoncé «la facilité» avec laquelle avait été décidée la fermeture du journal et la mise au chômage de son personnel. «On ne demande jamais la dissolution d'une entreprise devant un juge des référés et les associés minoritaires n'ont pas le droit de liquider l'entreprise en l'absence d'une décision de justice», avait soutenu Mme Ameyar. La Tribune a cessé de paraître suite à la décision de deux actionnaires, Djamel Djerad et Cherif Tifaoui, d'introduire en référé une demande auprès de la justice pour la cessation des activités de la Sarl.